La séduction, sans vouloir se lancer des fleurs ni rien, c’était un domaine dans lequel Eden excellait. Ce qui était curieux car Kendra ne s’était jamais intéressée à tout ça. Les jeux de séductions, les œillades plus ou moins discrètes, les sourires charmeurs, ça n’avait jamais été son truc. Pourtant, en devenant Eden, son caractère avait changé et elle s’était mise à apprécier tout ça. Elle ne savait pas spécialement pourquoi, ou plutôt elle n’avait pas envie de s’attarder sur le fond du problème et de son mal être, mais voir les hommes ne pas rester indifférents à son contact lui plaisait. Par contre, elle appréciait encore plus ce petit jeu – qui n’avait plus vraiment l’air d’être un jeu d’ailleurs – avec Gideon. Aussi quand ce dernier lui glissa qu’elle commençait à lui plaire, elle lui adressa un grand sourire, entre le ravi et le taquin.

-Ah oui ? Je commence seulement à vous plaire ? demanda-t-elle en faisait courir son doigt sur le comptoir. Je vais être déçue alors… continua-t-elle en se mordant la lèvre de façon volontairement sexy avant de se pencher un peu vers lui. Parce que ça fait un moment que vous, vous me plaisez.

Ce qui était d’ailleurs vrai. Ce n’était pas la première fois que Gideon venait dans son bar, elle l’avait déjà remarqué et observé du coin de l’œil. Elle avait d’ailleurs continué quand il était arrivé plus tôt, avant de se décidé à aller lui parler. C’était un bel homme, seul, accoudé au bar, qui semblait noyer son chagrin dans l’alcool…alors elle s’était décidée. Et elle devait reconnaître que ce qu’elle découvrait de lui, lui plaisait assez. Finalement, elle se retrouva même à l’embrasser par-dessus le comptoir de son bar. Appréciant le baiser qu’il lui rendait, elle eut envie d’aller plus loin avec lui, de profiter de sa soirée, et de la vie, et de quitter le bar avec lui. Quand elle lui assura qu’elle allait le surprendre encore et qu’il lui demanda comment, elle lui adressa un sourire mystérieux avant de lui dire ce qu’elle avait derrière la tête. En l’entendant lui demander si elle pouvait partir comme ça, un petit rire amusé s’éleva de ses lèvres.

-Oui, je suis la propriétaire des lieux, et ça me donne justement le droit de quitter les lieux quand je le veux, confia-t-elle en faisant glisser son doigt le long de la joue du brun.

Elle se hissa ensuite sur le comptoir, avant de faire basculer ses jambes dans le vide pour passer de l’autre côté, non sans avoir au préalable attraper ses affaires. Elle finit par atterrir avec souplesse sur la terre ferme, près de Gideon et lui adressa un clin d’œil. Elle enfila ensuite sa veste et adressa au brun un clin d’œil qui signifiait clairement qu’il devait la suivre. Tandis qu’elle se dirigeait vers la sortie, elle interpella sa serveuse.

-Gabrielle, je te charge de fermer le bar, lui lança-t-elle tandis qu’elle lançait, réellement cette fois, les clefs du bar.

Elle savait qu’elle pouvait avoir confiance en Gavriil, d’ailleurs elle lui faisait entièrement confiance, et sur tous les plans, pas seulement le bar. Elle quitta donc le bar en compagnie de Gideon, glissant sa main dans la sienne pour l’entraîner un peu plus loin. Au bout de quelques minutes, ils se retrouvèrent dans un hôtel puis rapidement dans une chambre, dans laquelle elle entra en compagnie du brun, avant de refermer la porte et de s’adosser à cette dernière en lui adressant un sourire coquin. Sourire qui laissait présager que la nuit à venir serait intense mais pas vraiment reposante.

En entendant la question de Gideon, Eden se retint de lever les yeux au ciel. Il avait l’air surpris qu’elle l’ait remarqué sauf que la brune aurait été surprise de ne pas l’avoir remarqué justement ! Sérieusement, il s’était déjà regardé dans un miroir ? Non parce que bon, il était canon, il fallait le dire ! Sans parler du fait que ce n’était pas la première fois qu’il venait au Helly Heaven. Et même si ça avait été la première fois, ça faisait des heures qu’il était au comptoir, quelle barmaid serait-elle enfin si elle ne faisait pas attention à ce genre de chose ? Pour le coup, ce n’était pas seulement une question d’être canon ou non, mais tout simplement son métier. C’était son job de faire attention à ses clients et elle le faisait. Et si, par chance, un des clients était un brun sexy, elle se faisait une joie de faire attention à lui.

-Bien sûr que je t’ai déjà remarqué, répondit-elle avec un sourire en coin, un tantinet moqueur. C’est pas la première fois que tu viens et…et bien disons que tu es agréable à regarder !

Quelques minutes plus tard, Gideon ne pouvait plus dire qu’il n’avait pas compris qu’il plaisait à Eden. Parce que, non content de l’avoir embrassé par-dessus le comptoir de son bar, elle quittait à présent le Helly Heaven – bien avant sa fermeture – avec lui. D’ailleurs, elle ne faisait pas que quitter le bar avec lui, puisque, à peine quelques instants plus tard, ils se retrouvaient tous les deux, seuls, dans une chambre d’hôtel. Alors certes, elle aurait pu avoir la décence de l’emmener chez elle, ce qui n’aurait pas donné cet impression de coup d’un soir interdit, mais elle préférait éviter d’emmener un inconnu chez elle. D’ailleurs, à part Gavriil et Liam, qui passait rarement la voir, elle n’emmenait personne chez elle, et ça, pour une très bonne raison. Raison qui était la présence pas vraiment dissimuler de traces de la vie de Kendra Clayne, son ancienne elle.

Kendra Clayne…elle avait beau avoir porté ce nom pendant la plus grande partie de sa vie, parfois, quand elle y pensait, elle avait l’impression de penser à une étrangère. Une vague connaissance dont elle ne parvenait pas à se rappeler le visage. Et pourtant, tous ses souvenirs étaient intacts. Intacts et douloureux. Surtout quand elle pensait à ses parents et à son frère… Enfin, ce n’était pas le moment de penser à ça pour l’instant ! D’autant plus qu’elle avait une charmante distraction avec elle et qu’elle compter bien la croquer ! Aussi lança-t-elle un regard coquin à Gideon. Regard qu’elle perdit quand le brun lui demanda si elle était sûre de vouloir faire ça, pour prendre une expression surprise. L’étonnement passé, un rire amusé s’échappa de ses lèvres tandis qu’elle se décollait de la porte de la chambre pour s’approcher du brun, jusqu’à se retrouver face à lui.

-Il est trop tard pour poser la question tu ne crois pas ? demanda-t-elle avec un sourire en coin. Je ne serais pas là si je n’étais pas sûre de moi… ajouta-t-elle en se penchant un peu plus vers lui. Maintenant, susurra-t-elle au creux de son oreille, dépêche de d’enlever cette veste avant que je ne sois contrainte de le faire moi-même.

Comme elle n’avait pas précisé de quelle veste elle parlait, le brun pouvait tout aussi bien retirer celle qu’il portait ou celle qui se trouvait sur les épaules d’Eden. En réalité, elle se moquait bien de l’ordre dans lequel ils enlevaient leurs vêtements, du moment que le résultat final était le même.

Ah enfin il se décidait à passer à l’action ! constata Eden avec satisfaction quand il s’avança vers elle pour lui ôter sa veste. Bon, il aurait pu commencer par enlever sa veste à lui en premier, mais ça lui allait aussi. D’une certaine manière, ça montrait qu’il avait hâte de la dévêtir et cette pensée la ravissait. Bien plus en tout cas que quand il lui avait demandé si elle était sûre de vouloir faire ça ! Elle préférait les amants sûrs d’eux aux amants hésitants, même si ces derniers avaient leur charme aussi. Occupée à embrasser passionnément la bouche de Gideon, la brune se laissa entraîner vers le lit, où elle finit allongée, le brun au-dessus d’elle. Elle se laissa sagement faire quand il lui ôta son haut, se contentant de lui adresser un petit sourire sexy, la lèvre coincée entre ses dents et les yeux assombris par le désir.

Quand son vêtement atterrit sur le sol, sûrement pour un bon moment, elle se retrouva avec le torse nu, enfin presque, puisque sa poitrine était prisonnière d’un fourreau de dentelle noire qui la mettait particulièrement en valeur et qui contrastait avec sa peau pâle. Elle se laissa caresser, savourant le contact des mains chaudes de Gideon sur sa peau, mais quand il revint vers elle, elle glissa ses doigts dans ses cheveux pour le garder à hauteur et se rua sur sa bouche pour l’embrasser avec avidité. Enfin, elle finit tout de même par lui rendre l’usage de sa bouche, mais elle ne s’en plaignit pas. D’autant plus qu’il quitta ses lèvres pour embrasser sa poitrine, lui procurant ainsi un délicieux frisson, puis il descendit sur son ventre. Il s’y prenait bien en tout cas, elle commençait à se sentir émoustillée et quelque chose lui disait qu’elle ne regretterait pas d’avoir quitté son bar pour l’entraîner dans une chambre d’hôtel.

-Tu n’es qu’un pervers, répondit-elle sur un ton taquin, bien que sa voix soit suave. Mais merci.

En réalité, il n’était pas le premier homme à lui dire qu’elle était belle, surtout lorsqu’elle se retrouvait à moitié nue sur un lit avec l’homme en question – et ce ne serait certainement pas le dernier –, et elle avait appris ne plus s’offusquer de ce genre de remarque. Elle savait que son corps plaisait aux hommes, c’était même fait pour, ce serait stupide de s’énerver parce que, justement, on lui disait qu’elle était belle, ou bien foutue. De toute façon, elle préférait largement que les hommes s’attardent sur sa plastique plutôt que sur ce qu’elle renfermait. Elle ne voulait pas montrer ses blessures, ses faiblesses et cette tristesse insoutenable qui lui saisissait parfois le cœur, aux moments où elle s’y attendait le moins. Heureusement, certaines personnes savaient ce qu’elle cachait au plus profond d’elle-même, et elle savait qu’elle pouvait compter sur elles. Et qu’elle pouvait aussi compter sur d’autre personne qui ne savait pas forcément ce qu’elle cachait mais qui avait toute sa confiance, comme Noah, son grand ami maladroit. Jugeant que ce n’était pas le moment de penser à tout ça, Eden entreprit d’ôter la chemise de Gideon, qu’elle envoya valser sur le sol, avant de tracer le contour de ses muscles du bout des doigts.

Les mains de Gideon se baladant sur son corps, partant à la découverte de ce dernier, faisaient frissonner Eden. Non pas qu’elle n’ait pas l’habitude de ce genre de caresses, elle n’en recevait pas régulièrement, mais ce n’était pas non plus la première fois qu’elle faisait l’amour avec un homme. Non, ce qui la faisait frissonner, c’était qu’elle savait pertinemment ce qui viendrait après ces caresses, quand le brun aurait fini de la dévêtir. Ce qui ne saurait tarder, songea-t-elle lorsque son amant lui ôta son soutien-gorge pour l’envoyer valser par terre avec le reste de ses vêtements. Un nouveau frisson la parcourut quand il commença à défaire son pantalon pour ensuite le faire glisser lentement le long de ses cuisses. Ce geste n’eut pour effet que d’accentuer son désir, sans compter le baiser qu’il était en train de lui donner ! Ses mains s’agrippèrent dans ses cheveux tandis qu’elle rendait leur baiser plus passionné. Pour l’aider à se débarrasser plus vite de son pantalon, elle se tortilla sous lui, faisant glisser ainsi son bas plus facilement.

Quand elle se retrouva en culotte sous lui, Eden adressa un sourire coquin à Gideon, avant que ce dernier ne se mette à l’embrasser dans le cou. Profitant du fait qu’il était occupé ailleurs, elle le renversa sous elle d’un coup de hanche, avant de retourner capturer ses lèvres. Ayant déjà envoyé valser sa chemise, elle profita de sa demi-nudité pour explorer son torse du bout des doigts, retraçant le contour de ses pectoraux avant de descendre sur son ventre. Jugeant que ses doigts ne suffisait pas, elle entreprit de déposer une pluie de baiser sur son torse, tandis qu’elle ondulait des hanches contre lui, pour lui faire comprendre qu’elle avait envie de lui. Lui en tout cas, il semblait en avoir envie, à en juger par la bosse qui déformait son pantalon et qu’elle pouvait sentir sous elle. Un sourire gourmand étira ses lèvres, toujours occupées à embrasser le torse de Gideon. Le brun semblait prêt à passer à l’étape suivante, et elle n’allait pas le faire attendre !

Elle glissa donc ses mains sur sa ceinture, qu’elle défit en moins de deux puis elle fit glisser, avec une lenteur calculée, sa braguette, en prenant bien soin d’effleurer son érection au passage. Son pantalon rejoignit ensuite bien vite le sol, sur lequel se formait déjà un joli tas de vêtements gênants qui avaient volé. A présent, il n’y avait plus que sa culotte et son caleçon qui les séparaient de ce dont ils avaient tous les deux envie. Se tortillant de nouveau sur lui, elle se débarrassa du morceau de dentelle qui n’avait pas sa place sur elle pour la suite des évènements, puis elle ôta le sous vêtement de Gideon sans d’autre forme de procès.

Une fois tous les deux nus, elle se laissa glisser le long du sexe de son amant et se mit à bouger pour leur procurer à tous les deux du plaisir. Elle commença lentement puis accéléra progressivement, jusqu’à ce qu’ils atteignent tous les deux la jouissance, sa bouche occupée à dévorer celle de son amant. Une fois l’orgasme atteint, elle se laissa retomber contre le corps de son amant, la respiration hachée, mais un sourire comblé aux lèvres.

La partie plaisante, à savoir le sexe, avait beau être terminée, et de manière formidable d’ailleurs, ça ne voulait pas dire pour autant qu’il fallait se lever, se rhabiller et partir. De toute façon, si elle avait du faire ça, Eden se serait sentie comme une prostituée, déjà qu’elle se considérait parfois comme une salope, à coucher avec des hommes sans scrupules, pour une nuit, et les oublier après pour se chercher un nouvel amant. Etait-ce ça que ressentait Gavriil lorsqu’il s’adonnait à son « travail nocturne » comme elle l’appelait parfois ? Elle n’aurait su dire, mais elle espérait de toutes ses forces qu’il arrêterait bientôt cette folie ! Ce travail le tuait à petit feu et elle refusait de rester spectatrice de ce désastre plus longtemps ! Enfin bon, ce n’était pas vraiment le moment de penser à tout ça, pas quand elle était nue dans un lit avec un homme. Sinon, elle risquerait de faire un rapprochement qui ne lui plairait pas du tout. Non, elle préférait penser qu’elle était une femme adulte qui avait juste envie de passer du bon temps, et si ça plaisait à son compagnon du soir, en l’occurrence Gideon, elle n’allait pas s’en plaindre.

Du coup, plutôt que de penser à Gavriil ou aux problèmes qu’elle pouvait bien avoir – et la liste était longue malheureusement – Eden préféra s’installer confortablement sur le lit, savourant le moelleux de l’oreiller et la douceur des draps. Quitte à payer une chambre, autant y passer la nuit, plutôt que de s’y envoyer en l’air et de rentrer chez elle ensuite. Quand Gideon prit la parole, elle tourna la tête, toujours posée sur l’oreiller, vers lui pour le regarder. Quand elle l’entendit la remercier, elle sentit son cœur se serrer d’une drôle de façon. Gavriil se faisait-il également remercier quand il avait fini son « travail » ? Non, elle préférait ne pas penser à ça !

-Le sexe apporte généralement plus de problèmes que de solution, répondit-elle sur un ton amusé avec un sourire en coin. Mais c’est une agréable manière de penser à autre chose, c’est sûr.

Mieux valait ne pas lui montrer le fond de sa pensée, de toute façon, elle ne savait pas ce que l’avenir leur réservait. Elle se doutait qu’elle le reverrait, sûrement au bar d’ailleurs, mais elle ne savait pas trop comment évoluerait leur relation. Bien sûr, elle ne ferait pas comme si rien ne s’était passé, ce n’était pas son genre, et puis, elle aimait trop glisser des petites allusions pour prétendre qu’ils n’avaient pas couchés ensemble. Par contre, elle espérait que Gideon n’attendrait rien de plus d’elle que ça, à savoir du plaisir charnel et rien d’autre. Elle ne se sentait pas prête à assumer une relation amoureuse, elle n’était pas suffisamment solide pour ça et sa vie était bien trop compliquée pour y laisser entrer un homme dont elle ne savait rien.

Préférant ne pas penser à tout ça, Eden éteignit la lumière après avoir souhaité une bonne nuit au brun à ses côtés. Elle ne mit pas longtemps avant de s’endormir et lorsqu’elle se réveilla le lendemain, elle trouva Gideon endormi à côté d’elle. Prenant soin de ne pas faire de bruit, la brune récupéra ses vêtements avant de se glisser dans la salle de bain où elle lança un sort pour insonoriser la pièce. Ainsi, elle put prendre une douche sans craindre de réveiller son amant. Une fois propre et habillée, elle sortit de la salle d’eau, attrapa un bout de parchemin sur lequel elle griffonna quelques mots puis elle quitta la chambre, ne laissant dernière elle qu’un mot sur la table de chevet, sur lequel on pouvait lire : « A bientôt, Eden ».