En entendant Noah lui parlait sur le ton de la confidence, la blonde se rapprocha un peu plus de lui, par dessus le bureau, comme pour écouter ce qu’il avait à lui dire. Quand il parla d’alter égo, en faisant référence au docteur Jekyll et Mister Hyde, elle retint, à grand peine, un sourire amusé sur son visage et prit un air étonné presque crédible, comme si le brun venait de lui révéler un grand secret qu’il fallait à tout pris garder.

-Oooooh, je vois, fit-elle sur un ton impressionné. Et à qui ai-je l’honneur de parler en ce moment ? Docteur Browning ou Mister Horn ? demanda-t-elle ensuite avec un grand sourire espiègle qu’elle n’avait pas réussi à contenir.

Lena avait beau n’avoir vécu que du côté sorcier, elle connaissait tout de même les classiques moldus, pour la simple et bonne raison que son frère était un grand curieux, surtout en matière de littérature. Et lorsque Aelred aimait un livre, sa petite soeur finissait toujours par lui emprunter dans sa bibliothèque pour le découvrir à son tour. Mais pour le moment, elle n’en avait que faire de la littérature anglaise, elle devait bien l’avouer, la seule chose qui importait réellement, c’était le grand sourire de Noah qui la faisait toujours fondre - et dont elle ne se lassait pas.

Du moins, jusqu’à ce que le journaliste ne parle de la tête d’Eden au réveil, causant ainsi un pincement au pauvre petit coeur de Lena. Alors quand il lâcha le plus naturellement du monde qu’il voyait ce spectacle régulièrement depuis plusieurs semaines, la blonde manqua carrément de s’étouffer. Heureusement, elle parvint à se contenir, masquant ça par une - pas très - discrète quinte de toux avant de froncer les sourcils. Comment ça “pas toi” ? En écoutant la suite des propos du brun, elle ne put retenir un petit soupir de soulagement. Au final, elle s’était juste montée la tête pour rien, comme ça lui arrivait souvent, mais elle était heureuse que ce ne soit que ça. Enfin, si Noah avait été heureux avec la barmaid, elle aurait été heureuse pour lui hein. Bon, elle aurait certainement passer la soirée à pleurer sur son sort, mais elle se serait tout de même efforcée d’être heureuse pour Noah.

-Ah, je comprends mieux ! Non, je ne l’ai jamais vu au réveil, il faut dire que je n’ai jamais dormi ici, donc forcément, l’occasion ne s’est jamais présentée. Du coup, quelle tête elle a le matin ? s’enquit-elle avec un sourire amusé aux lèvres.

A présent que le malentendu était dissipé, ça ne dérangeait pas Lena de plaisanter sur la tête de la chef de la résistante avec Noah. Ni de parler de chose et d’autres, comme du nouveau médicomage de la résistance. Bien sûr, la blonde était loin de se douter que, comme elle quelques minutes plus tôt, l’évocation de Ian avait suscité de la jalousie chez le journaliste. En réalité si elle l’avait su, Lena s’en serait sans doute réjouie, la jalousie montrait que Noah s’intéressait un tant soit peu à elle, mais elle aurait dissipé le malentendu au lieu de laisser la situation s’installer. Parce que Ian n’était qu’une connaissance à ses yeux, peut-être qu’un jour ils deviendraient amis, mais ça s’arrêterait là. D’autant plus que, depuis quelques semaines déjà, elle n’avait d’yeux que pour le journaliste assis en face d’elle.

A la place, elle se réjouit que le brun propose d’aller manger une glace. Gourmande comme elle l’était, elle ne pouvait que se réjouir d’une telle perspective. Sans compter que assouvir sa gourmandise en compagnie de Noah, ça avait tout du rendez-vous quasi parfait. Sauf que ce n’était pas un rendez-vous malheureusement, aux yeux du journaliste, ça devait juste être une sortie entre amis, mais ça lui allait également. Elle s’en contenterait, pour le moment.

-Un petit bonhomme à saluer ? reprit-elle avec un sourire tout tendre sur les lèvres. Tu parles d’Alix ? J’espère qu’il sera là alors !

Si elle se souvenait bien, le mardi Cain travaillait et puisqu’on était en fin de journée, il était possible que le petit bout de chou - devenu malgré lui la mascotte de Fortarôme - soit présent. Suivant ses envies, la blonde se leva de sa chaise et attrapa la main de Noah pour l’entraîner à sa suite, un grand sourire heureux collé sur son visage.

-On y va ? proposa-t-elle joyeusement alors qu’elle était déjà en train de l’entraîner vers la sortie de son bureau.

Sans lui lâcher la main, elle parcourut la ville souterraine avec lui, savourant le contact de sa paume contre la sienne, jusqu’à atteindre une zone où il pouvait transplaner. Toujours sans le lâcher, elle se dématérialisa avec lui pour atterrir devant le célèbre glacier du Chemin de Traverse. Une fois arrivés à destination, elle se tourna vers le brun, une bouille d’ange sur le visage, pour s’assurer qu’il était toujours en un seul morceau - ce qui était le cas - et elle l’entraîna dans la boutique, sa main toujours dans la sienne, où ils furent accueilli par le “Bienvenu !” joyeux de Benoît.

La blonde regarda autour de lui, cherchant son ami des yeux, quand elle trouva Cain affairé à servir une table. S’il était là, cela voulait dire qu’Alix ne se trouvait sûrement pas loin, songea-t-elle en parcourant la salle des yeux. Visiblement, le petit brun les avait repéré avant elle car elle entendit sa petite voix les appeler.

-Noyaaaaah !!! Lenaaaa !! s’exclama le petit bout de chou en courant vers eux.

Une fois arrivé à leur hauteur, il s’arrêta net et les regarda tour à tour quelques secondes avant de tendre les bras dans leur direction.

“Le journaliste : un type qui travaille plus dur qu'aucun autre fainéant dans ce monde.”

Le docteur Browning ? Ennuyeux à mourir ? Non mais qu’est-ce que c’était que cette histoire encore ? Lena n’était pas du tout d’accord avec ça ! Mais alors pas du tout du tout. Elle, elle adorait passer du temps avec Noah ! Il était charmant, gentil, attendrissant et elle plaisantait bien avec lui, c’était d’ailleurs ce qu’ils étaient en train de faire. Elle ne s’ennuyait jamais en compagnie du grand brun ! Comment pouvait-il se mettre ce genre d’idée dans la tête ? C’était vrai que Horn était le grand journaliste de la résistance, mais tout de même ! Déjà, Horn n’existerait pas sans Noah Browning, il ne pouvait donc décemment pas être plus intéressant que son créateur. Et ensuite, Horn n’était pas un être humain ! Alors que Noah, c’était un grand brun un peu maladroit mais terriblement craquant et qui occupait un peu – voire même beaucoup – ses pensées depuis quelques temps.

-Tu as beau dire, je préfère quand même le docteur Browning moi, avoua-t-elle avec l’un de ses sourires les plus adorables car teinté d’une tendresse non feinte.

Et voilà qu’elle se mettait à sourire comme une étudiante de Poudlard qui se retrouvait face à son premier amour ! Si Aelred ne lui avait pas assuré que Noah n’était pas vraiment doué pour déceler les sentiments des autres, la blonde aurait pensé qu’il était au courant depuis des semaines qu’elle craquait pour lui.

Le sujet dévia ensuite sur Eden, qui ne serait d’ailleurs sûrement pas ravie de les entendre parler d’elle de la sorte, et le journaliste lui promit de la prévenir la prochaine fois que la brune passerait la nuit ici. Bien que sa proposition n’ait rien à voir, la potionniste s’imagina, pendant quelques secondes, passer la nuit dans la ville souterraine…dans la chambre de Noah, en compagnie de ce dernier. Elle laissa son imagination divaguer quelques secondes avant de se concentrer sur l’objet de ses fantasmes qui était présent en chair et en os devant elle. Ce qui était quand même beaucoup mieux.

-Je viendrais voir ça alors ! Et j’apporterais les croissants pour l’attente, promit-elle avec un grand sourire amusé.

Lorsque le brun lui proposa d’aller manger une glace, Lena se réjouit de cette perspective, alors quand il parla de saluer un petit bonhomme un peu après, il ne lui fut pas difficile de comprendre qu’il s’agissait d’Alix. Mais en entendant le journaliste rire, elle ne put s’empêcher de sourire. On lui avait déjà dit que sa bonne humeur était contagieuse, mais la blonde trouvait que celle de Noah l’était tout autant, si ce n’est plus.

-Hum…fit-elle avec l’air de celle qui réfléchissait sérieusement à la question, malgré son sourire amusé. Personne je crois bien !

N’écoutant que son impulsivité, elle attrapa la main de l’homme qui la faisait secrètement – ou pas – craquer et en quelques instants, ils arrivèrent devant Fortarôme. Devant l’établissement, Noah lui lâcha la main et, l’espace d’une seconde, Lena fut déçue que ce contact si agréable, rassurant et lui donnant l’illusion qu’ils étaient plus que des amis prennent fin. Par contre, quand il lui ouvrit galamment la porte, elle en oublia totalement sa déception pour fondre de plus belle devant ce gentleman ! Une fois dans la boutique, elle salua Benoît et Cain avant qu’Alix ne se précipite vers eux et finisse dans les bras de Noah. En voyant le brun jouer avec le petit garçon, Lena continua de fondre sur place – à ce rythme, ça allait finir par se voir. Ils étaient juste atrocement adorables tous les deux ! Les voir ainsi conforta la blonde dans sa persuasion que Noah ferait un excellent papa. D’ailleurs, elle serait ravie de lui donner des enfants, mais il valait mieux faire les choses dans un certain ordre.

Perché dans les bras du journaliste, Alix déposa un bisou sonore sur la joue de ce dernier avant de se tourner vers elle et de lui en coller un à son tour sur sa joue. Ensuite, il alla enfouir ses mains dans les cheveux de Noah en leur annonçant fièrement qu’il avait dessiné son papa aujourd’hui.

-Alors, je vais prendre…Passion et framboise ! répondit-elle sur un ton enjoué avec un air gourmand au bout de quelques secondes de réflexion. Et toi ?

Entraînant Alix avec eux, ils se dirigèrent vers le comptoir de Benoît pour commander leurs glaces tandis que le petit bonhomme continuait de leur raconter joyeusement sa journée.

-C’est ta namoureusse ? demanda soudainement Alix à Noah en les regardant tour à tour.

En entendant la question, Lena se retint de pousser un soupir, se contentant d’adresser un sourire attendri à Alix. Ah Merlin, elle aimerait bien être la « namoureusse » de Noah !

“Le journaliste : un type qui travaille plus dur qu'aucun autre fainéant dans ce monde.”

Noah avec Alix dans les bras offrait un tableau des plus adorables. Tableau duquel Lena avait du mal à se détacher. Elle se représentait sans peine le même tableau, sauf qu’à la place d’Alix, c’était son propre fils que le brun avait dans les bras et avec qui il jouait. Finalement, au lieu de harceler Aelred pour devenir tata, elle ferait peut-être mieux de harceler Noah pour qu’il lui fasse des bébés. Enfin bon, ce n’était ni le moment, ni le lieu pour s’imaginer ce genre de choses. Sans compter qu’avant de songer à avoir des enfants au brun, il faudrait peut-être qu’elle commence par l’embrasser, par lui dire qu’elle l’aimait – Merlin et s’il la repoussait ? – et qu’ils couchent ensemble, ce qui n’était tout de même pas rien. Plutôt que de laisser – encore – son imagination s’emballer, elle préféra se concentrer sur les glaces et les parfums qu’allaient prendre Noah. La réaction qu’il eut en entendant sa question lui arracha un sourire tendre et un petit éclat de rire.

-Alix t’accapare tellement que tu en oublie ma présence ? demanda-t-elle sur un ton taquin.

Etonnamment, elle n’était absolument pas jalouse et sa question était, effectivement, de la pure taquinerie. Au contraire, elle trouvait ça adorable que Noah écoute attentivement le petit et qu’il se laisse faire quand ce dernier entreprenait de devenir apprenti coiffeur. Par contre, si Alix avait été une belle et séduisante jeune femme qui avait fait oublier sa présence à Noah, elle aurait été morte de jalousie et Aelred aurait sûrement passé la soirée à essayer de la consoler. Heureusement, ce n’était qu’un adorable bout de chou, alors elle ne lui en voulait pas.

Quand ledit bout de chou demanda au brun si elle était sa « namoureusse », Lena écouta la réponse avec attention et elle faillit être déçue en entendant ledit brun éclater de rire. Faillit seulement, car elle relativisa avant même que la déception ne s’empare d’elle. Même si Noah était, effectivement, amoureux d’elle, il ne l’avouerait pas à un gamin de trois ans devant la principale concernée, elle-même ne l’aurait pas fait ! Donc, pas de raison de se prendre la tête pour rien. En plus, il avait dit qu’elle était jolie, plutôt que de dépérir, autant se réjouir non ! Puis Noah était vraiment trop adorable à ébouriffer les cheveux d’Alix comme ça, elle ne pouvait que fondre et oublier le reste devant un tel spectacle ! En même temps, qui résisterait ?

Noah eut la bonne idée de déposer Alix par terre avant qu’il ne continue sur sa lancée de question et Lena lui en fut intérieurement très reconnaissante. Elle se serait sûrement trahie devant tout Fortarôme s’il lui avait posé une question de ce genre. Une fois leurs glaces en mains, elle se tourna vers le brun quand il proposa de quitter la boutique avant que le mini Aberfall ne leur demande, je cite, quand est-ce qu’ils feraient des bébés. Pour le coup, la blonde faillit lui répondre « quand tu veux ! » avec un enthousiasme non feint mais elle se rattrapa juste à temps en se mordant la lèvre.

-Hum…se reprit-elle quelque peu gênée. Oui, vaut mieux, en plus il fait beau.

Elle n’en revenait pas d’avoir failli faire une bourde aussi monumentale, heureusement qu’elle s’était rattrapée à temps ! Pour se donner contenance, elle suivit le journaliste jusque sur le Chemin de Traverse, en lui adressant un grand sourire reconnaissant quand il lui ouvrit la porte.

-Merci ! Un vrai gentleman dit donc, lui dit-elle en lui faisant un clin d’œil.

Plutôt que de continuer de se demander quel goût avaient les lèvres de Noah en louchant sur ces dernières, la potionniste préféra goûter sa glace qui, comme elle s’y attendait, était délicieuse. C’était ça qui était bien avec Benoît, on était rarement déçu en passant chez lui !

-Je préfère flâner au hasard, répondit-elle avec un sourire craquant. De toute façon, le plus important c’est le voyage non, et pas spécialement la destination dans notre cas. Puis, je suis avec toi, ça sera forcément une chouette balade !

Ahem…il vaudrait peut-être mieux qu’elle se calme avant de se ruer sur Noah comme une accro au shopping à l’ouverture de Madame Guipure le premier jour des soldes, elle risquerait de le faire fuir et ce n’était pas du tout ce dont elle avait envie. Elle devait se concentrer sur autre chose songea-t-elle les yeux rivés sur sa glace pour éviter de ne regarder dans la direction du brun. Elle ne devait pas se demandait s’il avait une petite-amie, s’il préférait les brunes ou les blondes ou si…

-Qu’est-ce que tu penses de moi ? s’entendit-elle demandait tout à coup.

Il lui fallut exactement quatre secondes pour se rendre compte qu’elle avait posé cette question à voix haute au lieu de juste la penser. Et après ces quatre secondes de surprise, elle piqua un fard monumental en baissant les yeux, toute gênée, vers sa glace. Merlin, qu’elle était idiote ! D’un côté, elle avait envie de connaître la réponse, mais de l’autre, elle n’avait pas envie de passer pour une folle nombriliste qui se souciait de ce que pensait les autres d’elle. Elle se souciait juste de savoir ce que Noah pensait d’elle, elle se foutait des autres.

-Enfin…t’es pas obligé de répondre hein…marmonna-t-elle encore plus gênée.

Par Merlin, il allait finir par croire qu’elle était la reine des cruches ! Et c’était exactement ce qu’elle était ! Parfois, elle ferait mieux de se mordre la langue plutôt que de laisser son impulsivité dicter ses faits et gestes.

“Le journaliste : un type qui travaille plus dur qu'aucun autre fainéant dans ce monde.”

Le sourire innocent que lui adressa Noah lorsqu’elle demanda si Alix accaparait son attention au point qu’il l’en oublie était absolument craquant. Vraiment, le genre de sourire auquel on avait du mal à résister. Ou plutôt, le genre de sourire auquel elle n’arriverait pas à résister. Ce qui était d’ailleurs souvent le cas lorsqu’il était question du grand brun, elle se laissait emporter, ou plutôt, elle laissait son cœur dicter sa conduite, et elle se retrouvait souvent avec une expression béate sur le visage et un sourire mièvre aux lèvres. Lena était persuadée que si Aelred avait assisté à la scène, il l’aurait gentiment taquiné lorsqu’elle serait rentrée chez eux. Heureusement, il n’était pas là, il ne le verrait pas – de toute façon, il la taquinait déjà bien suffisamment quand elle parlait de Noah à la maison – et le journaliste n’avait pas l’air de faire spécialement attention à ses expressions. Parce que, parfois, son visage criait clairement « je t’aime » mais il ne semblait pas le remarquer – ou alors il l’ignorait consciencieusement, mais elle doutait fort que ce soit le cas.

Après avoir récupéré leurs glaces et saluait Alix, Cain et Benoît, ils se retrouvèrent dehors, sous le soleil de Londres – à croire que même la météo lui accordait une sortie plus ou moins romantique. En passant la porte, Noah lui ayant tenue cette dernière, la blonde ne put s’empêcher de lui faire remarquer quel gentleman il était, mais en entendant son explication, elle éclata d’un rire joyeux. Finalement, Aelred n’était peut-être pas si mal loti avec elle !

-Ça a l’air d’être un sacré phénomène ta sœur, commenta-t-elle amusée. Elle ne te mène pas trop la vie dure ? Petite ou grande sœur d’ailleurs ?

Perdue dans ses pensées, la demoiselle s’entendit, avec horreur, demandait à l’homme qu’elle aimait ce qu’il pensait d’elle. Inconsciente qu’elle était ! Elle aurait mieux fait de foncer tête baissée dans le magasin le plus proche au lieu d’ouvrir la bouche ! Il l’aurait sûrement trouvée moins étrange qu’avec cet excès de nombrilisme. Pourtant, malgré sa gêne, ses joues colorées de rouge et ses yeux obstinément baissés vers sa glace, elle écouta attentivement la réponse que lui donna Noah. Non sans rougir davantage quand il souligna que c’était la première fois qu’on lui demandait une chose pareille. C’était vraiment une triple idiote ! En entendant le brun parler, elle réussit néanmoins à mettre sa gêne de côté pour reporter son attention vers lui et le regarder à la dérobée.

Si elle se doutait que Noah la trouvait drôle – après tout, ils riaient souvent ensemble – elle ne s’était pas attendue au « charmante » et encore moins au « courageuse » ! Si le premier lui fit énormément plaisir, elle restait surprise par le second. Elle ne se considérait pas comment étant spécialement courageuse elle, Noah l’était beaucoup plus ! Après tout, c’était lui le porte-parole de la résistance, c’était un pilier, que le ministère cherchait à détruire d’ailleurs, il avait bien plus de mérite qu’elle. Il combattait ouvertement le ministre, alors qu’elle, elle ne faisait que des potions. Pour la patience par contre, on le lui avait souvent dit, mais généralement, c’était plus pour les potions que par rapport à son frère. Pour elle, c’était normal de s’occuper d’Aelred, et elle l’aimait comme il était, malgré ses changements d’humeur parfois, tout comme il l’aimait telle qu’elle était.

-Merci, répondit-elle sincèrement touchée avant de le taquiner un peu. Et pour les journalistes, tu n’es absolument pas objectif.

Par contre, elle ne savait pas quoi répondre au pourquoi elle lui demandait ça. Elle n’allait tout de même pas lui dire qu’elle lui posait cette question parce qu’elle était éperdument amoureuse de lui et qu’elle voulait savoir si elle avait, ou non, une chance avec lui. Pour quoi elle passerait elle ! En plus, si elle ne l’intéressait pas, elle allait le faire fuir et ça, il en était hors de question.

-Et bien…je suis amoureuse de quelqu’un…Avoua-t-elle le visage écarlate. Et…je sais pas trop comment lui dire, ni comment il va le prendre… Tu le prendrais comment toi ?

En posant sa question, la blonde avait tourné un visage plein d’espoir vers Noah. Peut-être qu’ainsi, elle aurait enfin les réponses à ces milliers de questions qu’elle se posait sans cesse et qu’elle saurait comment agir avec lui !

“Le journaliste : un type qui travaille plus dur qu'aucun autre fainéant dans ce monde.”

Ainsi donc, la petite sœur de Noah était auror ? C’était surprenant que la sœur du journaliste principal de la Résurrection du Phénix travaille pour le ministère. Alors que Lena se demandait si, justement, ça ne posait pas de problème entre eux, elle eut la réponse avant même d’ouvrir la bouche. Elle fut d’ailleurs soulagée d’apprendre que ça ne posait pas de problème à la jeune Browning. Pour la blonde qui adorait littéralement son frère, une relation fraternelle conflictuelle devait être infernal et elle espérait vraiment que le grand brun s’entendait bien avec sa cadette. Plutôt que de se concentrer sur la langue dudit brun qui ressortait de temps à autre pour venir lécher sa glace, la potionniste préféra fouiller sa mémoire à la recherche d’un possible souvenir de la sœur de Noah, sans résultat.

-Je l’ai sûrement déjà vu, mais là comme ça, ça ne me dit rien. Peut-être que si je la voyais, ça me reviendrait en mémoire, songea-t-elle à voix haute en dégustant sa propre glace.

La conversation se fit moins légère quand elle demanda, sous le coup de l’impulsivité, à Noah ce qu’il pensait d’elle. Gênée, les joues rouges, elle écouta la réponse de ce dernier qui lui permit de se détendre. Notamment quand il lâcha qu’elle avait bon goût en matière de journaliste. Cette petite taquinerie lui permit de retrouver – momentanément du moins – sa bonne humeur habituelle. Bonne humeur qui lui fit lever les yeux au ciel avec un sourire clairement amusé sur les lèvres quand il affirma qu’il était tout à fait objectif.

-Quelque chose me dit que tu n’aurais pas tenu le même discourt si c’était à Abigaïl Pilgrin que j’avais demandé un autographe et que c’était elle ma journaliste préférée et non toi, lui dit-elle sur un ton amusé en le regardant à la dérobée.

Abigaïl Pilgrin, ou la pétasse blonde de la Gazette du Sorcier qui se faisait un malin plaisir, un devoir même, de démonter Horn à chaque fois qu’une nouvelle édition du Phénix paraissait. Le moins que l’on puisse dire était que Lena ne supportait vraiment pas cette femme ! Aelred l’avait même déjà surprise en train de réduire en charpie un exemplaire de la Gazette après un article particulièrement haineux sur Horn qui l’avait rendu folle de rage. Ce dernier avait haussé un sourcil, lui avait demandé de nettoyer après, avec un air amusé, et était reparti comme s’il n’avait rien vu. Autant dire que non, Pilgrin n’était pas du tout la journaliste préférée de Lena, c’était même d’ailleurs celle qu’elle détestait le plus – et ce n’était pas peu dire.

Sa bonne humeur fit place à un visage déjà plus sérieux, bien que toujours atrocement gênée et rouge, quand la blonde avoua qu’elle était amoureuse et que c’était pour qu’elle avait demandé au brun ce qu’il pensait d’elle. D’après Noah, c’était flatteur d’apprendre qu’une jolie fille – le compliment la fit rosir un peu plus – était amoureuse de vous. C’était déjà ça, au moins, a priori, il ne le prendrait pas mal et il ne fuirait pas en courant, mais ça ne lui disait absolument pas si ses sentiments étaient réciproques ou non. Il pouvait très bien être flatté et l’éconduire gentiment. Par contre, quand il lui demanda qui était l’heureux élu, elle piqua un fard monumental et s’arrêta net, manqua au passage de faire tomber l’une des boules de sa glace.

Relevant les yeux vers lui, elle l’observa surprise, ne sachant pas quoi faire. Devait-elle profiter de l’occasion pour le lui dire ? Oui mais…il venait de dire que le type en question devait être idiot s’il ne s’en était pas rendu compte et elle n’avait pas envie qu’il se sente stupide ! D’un autre côté, si elle laissait passer l’occasion, elle allait s’en vouloir, elle le savait – et Aelred lui tirerait à coup sûr les oreilles s’il l’apprenait. Que faire ? La demoiselle était confrontée à un choix difficile et elle ne savait pas vraiment pour quelle solution opter. Heureusement, quand Noah demanda si elle était amoureuse du « docteur Fol’Amour » - elle supposa qu’il s’agissait là de Ian – elle décida de tout lui dire. Hors de question qu’il pense qu’elle était amoureuse de Ian ! C’était le médecin de son frère quand il allait aux urgences, une connaissance qu’elle appréciait, pas du tout un petit ami potentiel !

Elle essaya d’ouvrir la bouche pour lui répondre que, non, elle n’était pas amoureuse du médicomage, mais aucun son n’en sortit. Du coup, elle fit non de la tête pour lui apporter un semblant de réponse tandis qu’elle essayait de se ressaisir. Son frère lui disait souvent que dix secondes de courage pouvaient changer une vie et c’était justement ce dont elle avait besoin, de dix petites secondes de courage et après elle serait soit la plus heureuse des sorcières, soit déprimée comme les pierres, mais au moins, elle serait fixée. Allez Lenie, s’encouragea-t-elle intérieurement, tu peux le faire ! Prenant une grande inspiration, elle se jeta alors à l’eau.

-Non, c’est toi que j’aime Noah, avoua-t-elle les yeux rivés dans les siens, mais les joues écarlates.

Et voilà, elle l’avait fait, elle lui avait dit, songea-t-elle mortifiée. Elle attendait une réponse, scrutait la moindre de ses réactions – alors qu’une partie d’elle avait envie de s’enfuir et de se terrer sous sa couette pour ne pas se faire rejeter – la lèvre coincée entre ses dents, incapable de détacher son regard de lui et espérant de tout son cœur qu’il ne la repousserait pas.

“Le journaliste : un type qui travaille plus dur qu'aucun autre fainéant dans ce monde.”