La brune préférait la deuxième proposition qu’il avait faite, celle avec le nœud et Benoît devait avouer que c’était celle qu’il aimait le moins, mais le client est roi comme on dit, et en plus, ce n’était pas pour son mariage. Le plus important était donc de contenter la demoiselle, et apparemment, elle avait l’air d’apprécier ce qu’il lui avait montrer. Quand elle lui demanda si c’était possible de faire le gâteau dans les couleurs du mariage, le pâtissier prit un instant pour réfléchir à la disposition des couleurs sur la pièce montée avant de lui répondre.

-Pour les couleurs, je vous propose de faire le nœud en doré et les décorations du gâteau en argent. Pour les fleurs, je peux aussi les faire en argent si vous voulez, et les saupoudrer de sucre doré, pour rappeler le nœud, mais si ça ne vous convient pas, je peux faire autrement, s’empressa-t-il de préciser pour lui montrer que c’était à elle de choisir. Pour ce qui est du goût, je peux faire à peu près tout ce que les mariés pourraient vouloir, et si ça me pose problème, je vous en ferais part. Le plus souvent, on me demande des pièces montées au chocolat…

La conversation dévia malheureusement vers le mariage avorter de Valandra et d’Ezéchiel, ce qui mit Beny dans l’embarras. En effet, ce dernier se sentait coupable de s’immiscer entre eux, bien que son petit ami lui avait assurer que même sans lui le mariage n’aurait pas eu lieu. Le brun ne pouvait s’empêcher de penser que, peut-être, s’il n’avait pas été là, ils auraient tout de même fini par se marier. Alors à présent que la brune lui avait fait part de l’espoir qui avait fini par naître en elle, il se sentait d’autant plus mal. Quand il remarqua l’amertume dans la voix de la malheureuse fiancée quand elle annonça que l’héritier Crowford l’avait choisi lui, il culpabilisa d’avantage et se remit à rougir.

-Oui je…je sais bien que…il me préfère à votre mariage mais… Je n’ai jamais voulu que quelqu’un souffre à cause de moi… confessa-t-il gêné, sans oser la regarder.  J’espère que vous trouverez le bonheur malgré cette mésaventure, marmonna-t-il encore plus gêné, les yeux rivés sur la table qui ne lui avait jamais semblée aussi intéressante.

D’ailleurs, Valandra n’était pas la seule à avoir connu la souffrance dans toute cette histoire. Il avait aussi fait du mal à Ezéchiel, tout comme ce dernier le lui en avait fait, mais le plus important, c’était que tout se finisse bien non ? Du moins, c’était ce qu’il pensait. Tout ce qu’il souhaitait désormais, c’était le bonheur de son petit-ami, mais s’il pouvait éviter de causer tourments et désolation, il ne s’en porterait pas plus mal.

-Non, ce n’est rien…je comprends parfaitement que vous soignez à fleur de peau, vous n’êtes pas dans une situation évidente… Je ne dirais rien à Ezéchiel, même si, entre nous, je ne pense pas qu’il vous rejette pour ça, au contraire…

Il voyait très mal Ezéchiel repoussait la demoiselle, qu’il connaissait depuis de nombreuses années, parce qu’elle avait eu l’espoir que leur mariage ait lieu, ce n’était pas son genre ! Surtout que Beny savait qu’il appréciait beaucoup Valandra.

Un gâteau de mariage au chocolat, c’était un grand classique, mais Beny comprenait bien pourquoi. Le chocolat c’était tellement bon ! Et puis, c’était le meilleur moyen de faire un maximum d’heureux. Le pâtissier se souvenait qu’un jour il avait dû faire une pièce montée pour une mariée allergique au chocolat. Il s’était senti désolé pour la demoiselle – devenue madame depuis – et avait confectionné pour elle un gâteau aux fruits exotiques, mais il n’avait pas connu un franc succès. Heureusement que le futur époux avait eu la précaution de demander, en plus, un gâteau au chocolat. Mais pour le moment, ce n’était pas la question. Valandra voulait donc pour sa cousine une pièce montée avec un nœud et des fleurs, décorée en or et argent et le tout au chocolat. Il prit soigneusement en note tout ce que lui avait demander la demoiselle pour ne rien oublier.

-D’accord, je vous ferais ça, et je vous enverrais un échantillon pour que vous puissiez le faire goûter à votre goûter et que vous vous fassiez une idée du résultat final.

C’était une habitude qu’il avait prise depuis qu’il s’occupait de gâteau de mariage, envoyé une réplique miniature de la future pièce montée aux futurs mariés pour qu’ils puissent changer d’avis si jamais le résultat ne leur plaisait pas, et Valandra ne faisait pas exception.

La discussion prit un tout autre tournant quand les fiançailles, et le mariage qui n’aurait jamais lieu, de Valandra et d’Ezéchiel arriva le tapis. Beny n’était pas à l’aise avec ce sujet, il se sentait désolé pour la demoiselle tout en étant ravi que ce mariage ne voit pas le jour. Cette dualité en lui le tourmentait et il ne savait plus vraiment sur quel pied danser au milieu de cette conversation qui lui semblait un peu surréaliste. Jamais il ne s’était imaginé rencontrer la fiancée d’Ezéchiel, et encore moins dans ces conditions. Néanmoins, il ne put s’empêcher de réagir à la dernière remarque de la demoiselle, ne sachant pas trop quoi répondre à ses regrets qu’il comprenait un peu.

-Vous ne devriez pas penser comme ça, c’est très noble de venir en aide à ses amis vous savez, lui dit-il avec un petit sourire encourageant.

Quand il fut question de l’hypothétique pitié qu’Ezéchiel pouvait ressentir pour la brune, Beny se mordilla la lèvre intérieure, de peur de dire une bêtise. Il était à peu près certain que jamais l’héritier Crowford ne ressentirait de la pitié pour la demoiselle, mais il préférait ne pas s’avancer, aussi resta-t-il silencieux, ne sachant pas trop quoi dire et étant clairement mal à l’aise. Finalement la brune lui fit part de son départ imminent, ce qui soulagea à la fois le pâtissier tout en lui laissant le cœur étrangement lourd. Cette rencontre l’avait réellement chamboulé et il avait du mal à tout remettre en ordre dans son esprit.

-Oui bien sûr, je vous enverrais tout ça par hibou prochainement, promit-il avec un nouveau sourire. Et vous ne m’avez pas dérangé du tout, j’espère que parler de tout ça vous a fait un peu de bien…

Quand elle proposa à Benoît de livrer lui-même la pâtisserie à Ezéchiel, ce dernier se sentit gêné. Déjà parce qu’il trouvait ça étrange d’apporter à son petit-ami un gâteau offert par une autre et d’autre part parce qu’en lui apportant elle-même, Valandra pourrait passer un peu plus de temps avec l’héritier Crowford. Aussi prit-il la boîte pour la mettre dans les mains de la jeune femme avec un sourire confiant.

-Merci de nous donner votre bénédiction, mais vous devriez le lui apporter vous-même, assura-t-il d’un ton calme, et aussi lui faire de votre position nous concernant, je suis sûr que ça lui fera plaisir…

Bien sûr, Benoît était à des lieux d’imaginer que Valandra avait déjà parlé de tout ça avec Ezéchiel, mais il finirait bien par l’apprendre. En attendant, il était, finalement, content d’avoir pu discuter avec la jeune femme. Ainsi il avait pu se faire une idée sur qui était l’amie d’enfance de son brun.