Jeudi 3 mars 2016

Ezéchiel retint un sourire amusé lorsque sa fiancée déposa un chaste baiser sur sa bouche. C’était presque adorable… En vrai, il savait que ce simple geste devait lui en couter, et il devait dire qu’il appréciait vraiment sa retenue. Pas qu’il était contre leur petit flirt, bien au contraire, c’était un petit jeu entre eux qu’il avait toujours adoré mais simplement… Et bien, Beny complexait déjà suffisamment comme ça. S’il voyait une femme aussi belle et attirante que Valandra en train de l’aguicher il allait à coup sûr penser que le serpentard allait l’abandonner pour elle. Heureusement qu’il connaissait bien son brun sinon il aurait pu se sentir vexé par ce manque de confiance… M’enfin ce n’était pas un petit baiser de rien du tout qui allait le tuer. D’ailleurs, ses mains, habituées au contact, caressaient inconsciemment du bout des doigts le bas du dos de la jeune femme, tandis que de l’autre, il allait passer son pouce entre les sourcils de la brune, là où de petits froncements avaient pris naissance.

-Si tu fronces les sourcils tu vas avoir des rides prématurément, mon cœur, fit l’héritier Crowford avec un sourire gentiment moqueur.

Cela dit, lui-même dû se contrôler pour ne pas faire pareil tant entendre le petit surnom qu’il donnait à son petit ami dans la bouche de sa fiancée lui faisait étrange. Bon en même temps il venait de l’appeler comme ça, alors c’était normal qu’elle le réutilise, mais ça faisait bizarre quand même. D’un autre côté, ça lui faisait tout aussi bizarre d’entendre les autres le nommer Benoît ou Ben. Mais que Valandra le désigne comme ça… C’était plutôt amusant. Il trouvait secrètement un peu mignon aussi.

-Tu sais bien ce que je pense de l’avis des autres… Si quelqu’un le fait chier ou vient m’embêter avec ça, je pourrais toujours dire que tu étais si piètre amante que ça m’a éloigné à tout jamais des jeunes filles de bonne famille, répondit-il avec un air à la fois insolent et malicieux.

Ezéchiel n’avait jamais pu se priver des petites joutes verbales qu’il avait régulièrement avec elle. C’était plus fort que, lui il adorait la charrier, parce que son sens de la répartie le réjouissait toujours. Il devait être un peu trop joueur pour son bien. Mais bon, ce n’était pas comme si ses paroles étaient crédibles… Surtout quand on savait combien de fois tous deux avaient partagés des… Moments de passion mémorables.

-En réalité, continua-t-il en reprenant son sérieux, ce n’est pas de l’avis de la haute société dont je me soucie. Les aristos peuvent jaser, mais c’est tout. S’ils ont un problème avec Beny et qu’ils l’embêtent avec ça, ou qu’ils me prennent la tête, je les écrase c’est tout. Non en fait… Ce qui m’inquiète plus c’est mon père.

Alexandre Crowford était largement bien plus menaçant qu’une bande de dindons gloussants enveloppés dans du papier cadeau. Après tout, pour sauver ce qu’il jugeait être « l’honneur de la famille » il n’hésitait pas à mettre en marche des solutions radicales… Ainsi, Ezéchiel avait appris récemment qu’il avait une demi-sœur… Et que son père, qui ne voulait pas d’une bâtard –quoi de plus dur pour les questions d’héritage ensuite- avait donc tout simplement tué la mère de sa demi-sœur afin que personne ne sache jamais de qui elle était la fille. Au moins c’était efficace… Mais ça prouvait sa détermination. Comme le fait qu’il avait payé la mère de son cousin pour qu’elle disparaisse de la vie de son fils parce qu’elle était moldue et que ça entachait le nom des Crowford. Une information qui était tenue secrète aussi d’ailleurs. Alors si son géniteur décidait que Beny était une gêne pour la famille…

-J’ai peur qu’il s’en prenne à Beny. Si y’avait que lui comme menace je pourrais gérer, mais sachant que j’ai probablement toute la résistance à dos et qu’ils attendent que de découvrir une de mes faiblesses, pour l’instant je préfère pas ébruiter ma relation pour le moment.

Il lui adressa un sourire charmeur pour lui faire comprendre qu’il comptait aussi sur sa discrétion à elle. Même son cousin n’était pas au courant pour Beny, alors qu’Ezé était plutôt proche de lui… Mais il estimait qu’il devait bien ça à Valandra. Après tout, elle était sa fiancée, il était normal qu’elle soit la première au courant qu’il avait un amant.

-Je pouvais difficilement le lui cacher, ria-t-il. Quoiqu’il ne lit pas les journaux… Mais oui, il le sait.

A vrai dire, il ne cachait rien à son brun. Il y avait eu assez de mensonges entre eux, et il avait déjà failli le perdre parce qu’il lui avait menti, il avait retenu la leçon…

Si tu continue de parler de mes rides, tu finira impuissant avant l'heure, honey, répondit-elle exactement sur le même ton qu'Ezéchiel avait employé.

La vieillesse était un sujet assez délicat pour Valandra qui refusait tout bonnement l'idée de vieillir et de se retrouver avec des pattes d'oies, des cheveux terne et grisonnant et la peau si flasque que plus rien ne tiendrait en place. Non, vraiment, elle laissait ça volontiers aux autres mais refusait purement et simplement de penser qu'un jour, elle finirait comme ça. C'était tout simplement hors de question.

La suite des propos d'Ezé n'arrangèrent pas vraiment les choses. Piquée au vif, Valandra lui lança un regard plus que noir. Quand elle avait se genre d'expression pleine de colère, c'était son visage entier qui semblait changer. Et n'ayons pas peur de le dire, elle devenait alors réellement effrayante. Ezé voulait se taper un mec ? Grand bien lui fasse mais s'il s'avisait un seul instant d'essayer de la discréditer pour se trouver une excuse, alors il le regretterait plus qu’amèrement. Le grand Ezéchiel Crowford lui-même ne lui faisait pas peur. Après tout, elle en avait déjà évincé d'autres et jamais personne ne l'avais soupçonnée. Au contraire, on l'avait même plainte et réconfortée. Il suffisait de poser la question aux deux personnes qui, à cause d'elle, se retrouvaient désormais enfermé pour le restant de leurs jours.

Toutefois, elle n'ouvrit pas la bouche et resta silencieuse. Ce ne fut que lorsqu'il reprit la parole que ses traits se détendirent peu à peu. Non pas qu'elle avait oublié sa menace – car dans l'esprit quelque peu confus de Valandra, il était parfois difficile de faire la différence entre une blague ou une menace – bien au contraire mais elle était bien décidée à rester maîtresse d'elle-même.

Elle n'avait jamais vraiment comprit pourquoi est-ce qu'Ezéchiel continuait ainsi de craindre son père. Lorsque sa mère avait commencé à être un problème, Valandra avait réagit et elle en était désormais débarrassée. A ses yeux, ce n'était pas beaucoup plus difficile que ça.

D'un autre côté, si tu avoue officiellement ta relation avec ton Beny, la Résistance ne pourra pas s'en servir contre toi... Vu que de toute façon tous le monde le saurait déjà grâce à toi, répondit-elle en haussant des épaules. Et ton père se retrouverait lui aussi pieds et poings liés. S'il devait arriver quelque chose à Ben après ça et que ton père avait mal réagit à l'annonce, les soupçons seraient forcément sur lui.

Cela devait être au moins l'un des seuls – si ce n'était même le seul – avantage à être psychopathe. Valandra ne se compliquait pas la vie avec le facteur sentiments quand il s'agissait de trouver des solutions. Son esprit était bien plus analytique. Un problème, une solution point. Elle ne se cassait pas la tête à se demander si cela déplairait à un, blesserait une autre, rendrait heureux untel etc

Et ainsi donc le petit Beny était au courant de leurs fiançailles. En même temps, qui ne l'était pas ? Les familles Crowford et Widow n'étaient pas exactement du genre discrètes.

Et il est au courant de notre petit accord ou est-ce que tu lui fais croire sournoisement que tu vas quitter ta magnifique fiancée, abandonnant ainsi tous nos projets de vie de famille future pour ses beaux yeux ?

Cela pouvait sembler cruel mais pour être franc, c'était exactement ce que Valandra aurait fait à la place d'Ezé. Faire croire à l'être aimé que l'on quitte tout pour lui, n'est-ce pas là le genre de preuve d'amour que tout le monde attendait de recevoir ?.    

Jeudi 3 mars 2016

Ezéchiel regarda le visage de sa fiancée se tordre de colère en se mordillant les lèvres pour ne pas rire. Il était si facile de taquiner Valandra qu’il ne pouvait pas s’empêcher de le faire une fois de temps en temps. Juste par tentation. Et puis comme le disait si bien le vieil adage « qui aime bien châtie bien ». Sans compter que voir la transformation de ses traits, c’était quelque chose ! Il était prêt à parier que personne au Ministère ne s’imaginait une seconde que la belle brune était capable de ce genre d’expressions. En même temps… C’était vraiment passer d’un seul coup des pétales de la rose à ses piquants acérés. Ça faisait une drôle d’impression, quand on ne s’y attendait pas… Heureusement, lui avait fini par s’y habituer. Mais bon les premières fois… Il n’avait pas été très tranquille, il devait l’avouer. Finalement un petit rire amusé franchit tout de même la barrière de ses lèvres.

-Je plaisantais mon cœur ! fit le brun en resserrant une étreinte et en allant lui voler un chaste baiser. Comme si je pouvais mentir à ce sujet… Et même si je le faisais tu penses vraiment qu’il y aurait quelqu’un pour me croire ? Tu sais bien que tu fais des merveilles.

Il reprit ensuite son sérieux pour écouter ce qu’elle avait à lui dire. Les conseils de Valandra, s’ils étaient dénués de sentimentalisme, avait l’avantage d’être toujours parfaitement objectifs, ce qui était parfois d’une grande aide. Mais bon, pour le coup, les choses étaient malheureusement loin d’être aussi simples… Certes, s’il annonçait au grand public qu’il était avec Beny, la résistance ne pourrait plus jouer sur cette carte, mais il restait un problème… Beny était une cible facile. Si des gens mal intentionnés qu’il avait humilié par le passé apprenaient qu’il était son petit-ami, ils pourraient se venger sur lui. Et ça ce n’était pas envisageable. A la limite s’il passait ses journées avec son brun, il serait capable de le protéger, mais en travaillant au Ministère il ne pouvait pas veiller sur lui.

-Tu oublies que mon père est membre du magenmagot et qu’il a de nombreux juges de son côté. Même si des soupçons pesaient sur lui il ne serait pas embêté, ou presque pas. Rien qui puisse le malmener en tous cas.

Parce que c’était l’ennui avec son père, il savait y faire. C’était peut-être un salopard, mais c’était un salopard intelligent. Dommage d’ailleurs… Quoique. Si son géniteur avait été stupide il y aurait eu de force chance pour qu’Ezé le soit aussi. Or il appréciait grandement de ne pas être le dernier des idiots.

Il eut un sourire amusé en entendant sa question. C’est très probablement ce qu’il aurait fait, quelque mois auparavant. Se faire passer pour mieux que la réalité… Il l’avait déjà fait. Après tout, il était bien celui qui avait engagé des types pour agresser Beny afin que l’ancien serpentard puisse arriver en héros et le sauver des griffes de ces méchants. Sauf que voilà, son mensonge avait été découvert malgré lui, et ils avaient été deux à en souffrir. Du coup… Il préférait ne plus retenter l’expérience.

-Je lui ai dit. Beny se serait senti mal pour toi, sinon. Il est trop gentil.

Ezéchiel n'avait pas son pareil pour calmer les colères de Valandra. Il n'avait pas non plus son pareil pour les provoquer, certes, mais il avait toujours su comment désamorcer la crise. Et il était efficace. Un câlin, un baiser, un compliment et Valandra redevanit douce comme un agneau. Mais il n'y avait bien qu'avec lui que cela fonctionnait et avec personne d'autre. Ezéchiel était dans la vie de Valandra un cas à part. Il était le seul à avoir réussit cet exploit.

Après avoir donner son avis sur la question de sa situation à Ezé, Valandra l'écouta sagement en retour tout en restant blottie contre lui. Il ne voyait que le côté légal de la chose, il n'arrivait pas à avoir une vision bien plus d'ensemble.

J'ai appris une chose à Poudlard. Les rumeurs sont généralement bien plus destructrices que la vérité... Ou un acquittement dans le cas de ton père. Même si la justice ne le condamne pas, la population elle le fera et c'est bien plus radical pour détruire une vie, crois-moi.

C'est que Valandra avait largement utiliser ses 7 ans de scolarité pour étudier sa théorie et la mettre en pratique.

Si tu ne veux pas laisser quelqu'un t'écraser, il te suffit de l'écraser toi-même.

Et qu'on ne vienne pas lui dire que c'était plus facile à dire qu'à faire car Valandra Widow n'avait jamais laissé qui que ce soit l'écraser. Et elle n'arrivait pas à concevoir qu'Ezéchiel puisse à ce point craindre le jugement paternel. Si quelqu'un se met sur ta route, tu l'en déloge, tout simplement. La mère de Valandra elle-même avait tenté de tirer la sonnette d'alarme quant à sa fille et Valandra s'en était débarrassée de manière simple et efficace. Mais Ezéchiel lui préférait rester faible devant le père Crowford alors même que Valandra était parvenue à le séduire en jouant la parfaite future belle-fille.

Et ainsi donc le Beny était au courant de leur petite secret. Il restait à espérer qu'il soit du genre à savoir garder sa langue lui. Mais Valandra trouvait cela dommage. Non pas que c'était un soucis pour elle mais à ses yeux, Ezé avait manqué le coche et en jouant pas l'amant dévoué. Décidément, il n'était pas doué pour profiter de la situation lui.

Trop gentil..., répéta-t-elle en gloussant tout en laissant courir machinalement un ongle dans le cou d'Ezéchiel. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai beaucoup de mal à t'imaginer avec quelqu'un de trop gentil. Tu vas lui briser le coeur que tu ne le veuille ou non. Les gens comme toi et moi ne peuvent pas combattre leur vrai nature éternellement.

Elle ne disait absolument pas cela méchamment, c'était juste un simple constat. Ezéchiel avait beau vouloir se convaincre que cette fois-ci ce serait l'amour de sa vie et qu'il lui resterait fidèle dans la joei et la maladie blablabla Valandra, elle, s'attendait déjà à ce qu'il finisse par craquer tôt ou tard. Et pourtant, contre toute attente, elle était la première à espérer pour lui que cette relation fonctionne malgré tout.

Nous ne sommes pas des gentils, c'est comme ça et on doit faire avec, ajouta-t-elle avec un soupire en haussant des épaules. C'est pour ça que l'on s'entend aussi bien. Parce qu'on est pareil toi et moi.

Enfin à une maladie psychiatrique près certes mais ça, Valandra elle-même l'ignorait.    

Jeudi 3 mars 2016

Les rumeurs… Valandra n’avait pas besoin d’exposer à Ezéchiel pourquoi c’était une arme efficace. Il avait déjà eu l’occasion de le remarquer à de nombreuses occasions, parfois même grâce à elle. Il avait toujours été étonné de voir la vitesse à laquelle une personne pouvait être descendue de son piédestal seulement avec des petits ragots. Oui, il était bien d’accord avec elle, si quelqu’un se mettait en travers son chemin, il n’avait qu’à l’écraser. Il suivait ce principe depuis qu’il était tout petit. Ça lui avait justement valu de nombreux ennemis, mais ça, il s’en fichait royalement. Alors sur le principe, oui, se servir des rumeurs pour évincer son père, ça pourrait marcher. Bien sûr il avait des complications. Alexandre n’était pas du genre à se laisser atteindre par des ragots, et d’ailleurs il en existait déjà pas mal à son sujet. On pouvait médire de lui, il continuerait à avancer coûte que coûte pour l’avenir de sa famille. Après, il était toujours possible de le discréditer suffisamment pour le faire tomber. C’était toujours possible.

Ezéchiel aurait beaucoup aimé que les choses soient si aussi simples pour lui que pour Valandra. Le problème, c’était que lui était né avec quelque chose de très encombrant et peu pratique qu’on appelait communément des sentiments… et on ne s’en débarrassait pas comme ça, malheureusement. Ou heureusement, il ne savait pas trop. En tous cas, il avait beau le critiquer et râler contre lui à chaque qu’il le voyait, le brun restait tout de même attaché à son père. Au fond. Quelque part. Voire même un peu plus que ce qu’il voulait bien admettre.

-Oui, c’est pas faux, concéda-t-il.

De toute façon si son père finissait vraiment par s’en prendre à Beny, là par contre Ezéchiel ne prendrait pas de gants avec lui. Il savait très bien que son géniteur ne voulait pas le déshériter parce que sinon, l’argent reviendrait à Théo, et il se trouvait qu’Alexandre le détestait. Donc ça lui donnait un moyen de faire du chantage. Et puis même sans ça… Il ne pardonnerait à personne de toucher à un seul cheveu de son brun.

Il eut un sourire en entendant sa remarque. Oui, il était vrai qu’ils se ressemblaient, et c’était d’ailleurs ce qui lui avait tout de suite plu lorsqu’il l’avait rencontré, alors qu’ils n’étaient encore des enfants. Il avait tout de suite vu qu’elle était différente des autres gamines écervelées. Au départ il n’avait pas compris à quel point. Ce n’était qu’avec le temps qu’il avait appris à mieux la connaitre, et encore aujourd’hui il lui arrivait de ne pas la comprendre. Mais bon, il faisait avec !

-Je lui ai déjà brisé le cœur, fit-il avec un petit rire. Mais je suis parfaitement d’accord avec toi. On n’est pas des gentils. Mais Beny le sait très bien, et il l’accepte.

Enfin, il savait pour lui. Parce que s’il devait un jour croiser Valandra, il doutait fortement qu’il comprenne qu’elle pouvait être plus sournoise qu’elle n’y laissait paraitre. Mais effectivement, Beny et Ezéchiel avaient été très vite en matière de cœur brisé… Mais bon, au final tout s’était arrangé tout le mieux. Heureusement, un cœur brisé, ça pouvait se réparer…

Ezéchiel avait beau lui donner raison, Valandra le voyait mal s'opposer à Alexandre. Aussi loin qu'elle s'en souvenait, elle n'avait jamais vu Ezéchiel tenir tête à son père. Ou tout du moins, il ne l'avait jamais fait devant elle et Alexandre n'en n'avait jamais parlé à qui que ce soit. Elle se demandait ce que ferait Ezé si Alexandre, découvrant sa liaison, menaçait de le déshérité ? Certes, il n'avait pas d'autre hérité direct hormis le fameux cousin Théo mais il pouvait aussi faire don de sa fortune ailleurs dans le but de couler son fils. Et que deviendrait Ezéchiel dans ce cas ? Son boulot, il ne le devait qu''à son père et inutile de dire qu'une fois Alex hors d'état de nuire, vu comment Ezé travaillait, il y avait fort à parier qu'il serait viré dès le lendemain de la mort paternelle. Ezé avait beau jurer aimer son Beny et être prêt à vivre d'amour et d'eau fraîche, Valandra aurait été curieuse de voir ce qu'il en serait sur la pratique en réalité. Il ne fallait pas se leurrer, la seule chose pour laquelle Ezéchiel avait un minimum d'ambition, c'était pour dilapider l'héritage familial.

C'était pour cette raison que Valandra avait si facilement accepté que ce mariage ne se produise jamais. Elle éprouvait, à sa manière, un sincère attachement à Ezéchiel qui dans son esprit malade pouvait même s'apparenter à de l'amour mais elle ne lui faisait pas confiance pour assurer leur avenir. Elle voulait d'un mari capable de subvenir à tout ses besoins, un mari capable de tenir tête à n'importe qui n'importe quand. Un mari dont la fortune ne dépendait pas d'un héritage en attente et dont l'ambition ne consistait pas juste à s'amuser en profitant d'un poste de travail obtenu par papa et auquel il ne se présenterait que quand cela le chanterait. Et Ezéchiel ne comblait tout simplement pas ses attentes.  Ezéchiel était très séduisant, intéressant et un amant incroyable mais sans son père, il n'irait jamais nul part et ça, cela lui conférait hélas une aura un peu trop pathétique au goût de Valandra. Et pourtant, cela ne l'empêchait pas d'être attachée à lui comme elle ne l'avait jamais été à qui que ce soit d'autre.

Ton Beny l'accepte pour le moment, rectifia-t-elle gentiment tout en jouant avec l'un des boutons de la chemise d'Ezéchiel. Mais tout le monde a une limite à la souffrance. Crois-tu qu'il sera capable d'endurer ça années après années sans perdre cette étincelle qui te plaît en lui ? Il finira par s'éteindre et tu t'en voudra... Et il t'en voudra également.

Valandra parlait d'une voix très douce, comme elle raconterait l'histoire triste mais ordinaire de n'importe quel vieux couple usé par le temps.

Ce ne sera pas demain, ni même dans un an... Mais cela finira fatalement par arriver. Parce qu'on est comme ça toi et moi, on détruit fatalement ce qu'il y a de beau ou de bon autour de nous. C'est notre nature, qu'on le veuille ou non. Alors tu devrais en profiter le plus possible tant que les choses sont encore heureuses entre vous.

Valandra releva alors le visage vers Ezéchiel et s'empara doucement de ses lèvres des siennes. Le baiser qu'elle lui donnait n'avait absolument rien d'aguicheur. En fait, il n'avait même rien du tout de sexuel tout court. C'était plus une simple marque d'affection, comme pour lui dire qu'elle restait toujours auprès de lui. Une sorte de promesse silencieuse.     

Jeudi 3 mars 2016

Ezéchiel savait que sa réponse n’allait pas satisfaire la belle jeune femme, parce qu’elle se douterait bien qu’il n’était pas convaincu, mais pour le moment il ne pouvait malheureusement rien répondre d’autre. Il avait conscience d’être un peu trop attaché à son père, mais bon, c’était son père. Et il savait que même si ce dernier avait beau toujours lui reprocher son insolence et son flegme, lui aussi était quand même un tant soit peu attaché à son fils. Il avait beau être dur et froid, il était ainsi pour l’honneur de sa famille, et l’air de rien, il y tenait tout de même, à cette famille.

Un sourire gentiment insolent et un poil provocateur se dessina sur les lèvres de l’héritier Crowford en entendant les paroles de sa jolie brune. Valandra ne connaissait pas les sentiments qu’il avait pour Beny, ni ceux que Beny avait pour lui. Pour lui, elle n’avait jamais été amoureuse, parce que même s’il ne se doutait tout de même pas qu’elle avait une maladie qui la rendait réellement différente, il avait conscience que sa façon de penser était somme toute assez particulière. C’était d’ailleurs une des raisons qui faisait qu’il l’appréciait énormément. Mais elle ignorait ce qu’il ressentait. Ezéchiel était certes terriblement têtu, mais pour le coup, ce n’était pas son obstination qui le rendait sûr de lui. Il ne comptait pas faire souffrir son pâtissier plus que de raison. Il ne comptait pas non plus attendre des années avant de le présenter officiellement ! Parce que même lui trouverait ça douloureux autrement.

-Ça ne se passera pas comme ça tu sais, affirma-t-il avec une tranquille assurance avant de passer son pouce sur la peau douce de sa joue en un geste affectueux.

Ezéchiel savait bien qu’il avait déjà fait des erreurs et qu’effectivement, il n’était pas très doué, en règle générale, pour prendre soin de « ce qu’il y avait de beau ». Il avait déjà détruit sans aucun remord des réputations ou même des vies, pourrissant l’existence de personnes qu’il se l’était mis à dos. Mais  il y avait des choses auxquelles il tenait, qu’il chérissait sans détruire. Sa relation avec Valandra par exemple. Ou alors sa bonne entente avec son cousin. Entretenir une amitié, c’était tout aussi compliqué qu’entretenir une relation amoureuse. Juste différent. Et il y avait des choses sur lesquelles Ezé était intransigeant. Et il avait bien l’intention de l’être sur l’amour qu’il ressentait pour Beny. Il avait le premier à être surpris de l’aimer, mais c’était ainsi, il n’avait rien pu y changer, alors il ferait ce qu’il avait à faire pour protéger leur amour, même si… Oh là là est ce qu’il était vraiment en train de penser une chose aussi mièvre ? Oui, et le pire, c’était qu’il y croyait dur comme fer.

-Mais… Je te remercie, continua-t-il en plongeant son regard dans le sien.

Il ne précisa pas pourquoi exactement il la remerciait, mais il y avait plusieurs raisons, et il n’avait jamais été très doué pour ce genre de longs discours laconiques. Il préférait faire passer avec son regard sa sincérité et sa reconnaissance. D’être là pour lui, déjà. De le traiter différemment des autres. De toujours lui dire ce qu’elle pensait aussi. L’honnêteté était dure à trouver dans son entourage…

Valandra ne comprenait pas vraiment ce qui rendait Ezéchiel si confiant. Ou plutôt, elle croyait le comprendre en ignorant qu'elle se était dans le faux. Ezéchiel avait toujours été têtu et du genre à ne jamais admettre ses erreurs. Ainsi, elle n'était pas surprise de voir qu'il ne voulait pas admettre qu'il n'arriverait qu'à détruire son Beny et leur histoire avec le temps. Parce que pour Valandra, tout avait toujours un début et un fin et les plus forts se servaient toujours des plus faibles avant de s'en débarrasser et de passer à autre chose. Car elle n'arrivait tout simplement pas à concevoir que l'on puisse vouloir faire passer quelqu'un avant ses intérêts personnel. Même Ezéchiel, qui était pourtant la seule personne avec qui elle soit parvenue à développer un attachement jusqu'à présent, ne passerait pas avant elle.

Mais ce n'était pas de gaieté de coeur qu'elle avait formulé son sombre avis sur l'avenir du couple pour autant. Certes, les éventuelles souffrances de Benoît ne la touchait pas, au fond d'elle elle s'en fichait même purement et simplement. Elle avait juste livré le fond de sa pensée. Beny allait souffrir, Ezéchiel allait souffrir... Et elle et bien, elle l'aurait prévenu. Car Valandra avait peut-être une vision biaisée des sentiments humains mais elle avait apprit à les observer en détails pour être capable de les imiter à la perfection à défaut de pouvoir véritablement les comprendre.

Ezéchiel semblait prêt à tout sacrifier pour son Benoît et à prendre le risque de le détruire lui mais aussi lui-même. Et c'était une chose que Valandra ne parvenait tout simplement pas à comprendre. Elle avait beau y réfléchir de toutes ses forces, elle n'arrivait tout simplement pas à imaginer ce que l'on pouvait ressentir dans ce genre de cas. C'était dans ce genre de moment, blottie dans les bras d'Ezéchiel à tenter de comprendre ce qui pouvait bien se tramer dans l'esprit de ce dernier qu'elle réalisait qu'elle était différente. Mais est-ce que cela était un problème pour elle ? Non, clairement non. Au contraire, elle était contente de ne pas être prisonnière de ce genre de chose et d'être prête à souffrir inutilement.

Tu me remerciera quand je viendrais te ramasser à la petite cuillère dans quelques années, répondit-elle avec un beau sourire. Parce que oui, elle comptait bien rester là pour son Ezéchiel et alors qu'elle avait relevé la tête pour l'observer, elle se demandait si elle serait un jour dans la capacité de s'attacher de la même manière à quelqu'un d'autre que lui. Elle n'arrivait même pas à savoir si elle en avait l'envie ou pas en vérité alors comme toujours quand il était question de ce genre de chose, elle décida de simplement balayer ses pensées d'un simple qui vivra verra.

C'est pas tout ça mais on a un souper de fiançailles à terminer de préparer je te rappel, même si nos parents ont déjà gérer le plus gros. J'ai remis au goût du jour la tradition des cadeaux de fiançailles historie de compenser vu qu'il n'y aura pas de cadeaux de mariage.

Valandra attrapa alors Ezéchiel par le col de sa chemise et le tira à sa suite jusqu'au canapé afin qu'ils s'y installe pour reprendre les préparatifs de cette soirée que la jeune femme comptait bien voir devenir mémorable.