Jeudi 3 mars 2016

La porte du salon principal se referma avec force après le passage d’Alexandre Crowford, et Ezéchiel ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Décidément, son père n’arrivait pas à rester calme. Pourtant ce n’était pas faute de lui conseiller de veiller sur sa tension ! Enfin bon, il n’y pouvait rien, lui, s’il se mettait à crier dès que le brun lui répondait. Pourtant avec le temps, il aurait dû savoir que l’activité préférée de son fils était de l’énerver. Activité qui marchait presque tout le temps. L’héritier Crowford était devenu un maître en la matière ! Quoique son cousin Théo y arrivait bien, lui aussi. Sauf que ce dernier était un peu trop sage. Sauf quand Ezéchiel l’embarquait dans une des bêtises dont il avait le secret.

Mais une fois n’est pas coutume, le jeune homme avait eu une bonne raison de contrarier son géniteur. Soit disant qu’il fallait qu’il aille plus souvent à son travail !! Déjà qu’il était obligé d’y aller vingt heures par semaine, il n’allait pas en plus y passer sa vie ! D’accord, il était directeur au département de Protection de la Magie, ce qui faisait de lui un homme important, et il aimait ça. D’accord, même quand il était à son poste il ne travaillait pas forcément, préférant lire ou aller embêter ses employés. Mais de là à tenter d’augmenter son quota minimum de temps au Ministère ! Pas question. De toute façon, il avait une très bonne secrétaire à qui il refilait tout son boulot. Il avait simplement besoin de signer quelques papiers de temps en temps et de faire des petits tours vers la Frontière pour inspecter le bon déroulement des patrouilles une ou deux fois par mois.

Avec tout ça, il était presque l’heure de son rendez-vous avec Valandra. Parce qu’en plus c’était à lui d’organiser des fiançailles qui au final, ne serviraient à rien ! Faire dépenser une fortune à Alexandre pour rien était au moins un peu réconfortant. Mais il savait déjà que cette fête allait faire du mal à Beny, et cette pensée ne lui plaisait pas du tout. Mais vraiment pas du tout. Si ça n’avait tenu qu’à lui, il aurait annoncé à tout le monde qu’il comptait bien se marier avec lui, sauf que… Et bien il n’avait pas vraiment envie que l’on s’en prenne à son brun, et son père en était parfaitement capable. Après tout, il avait bien tué une de ses maîtresses lorsqu’il était plus jeune… Tout ça parce que celle-ci menaçait de révéler à tout le monde qu’il avait un enfant né hors mariage –ce qui n’aurait étonné personne pourtant.

Dommage. Il aurait bien aimé voir la tête de son père s’il avait embrassé Beny devant tout une assemblée de sang-pur le jour de ses fiançailles. Mais il tenait bien trop à lui pour risquer sa vie comme ça. A la place, il allait devoir jouer au parfait petit fiancé… Heureusement que sa promise était Valandra. Au moins, il avait pu mettre les choses au clair directement et surtout, discuter avec elle en réception l’amusait beaucoup plus que de parler de pluie et de beau temps avec des petits vieux hypocrites et à moitié sourds. Quoique parfois ce pouvait être drôle.

-Syphilis ! s’écria Ezéchiel. Apporte de quoi boire. Et si tu ramènes des tasses de thé je te les fais manger. Je parle d’une vraie boisson, comme ce bon petit hydromel que papa cache dans le dernier tiroir de son bureau.

L’elfe de maison qui portait ce nom ridicule –cadeau de son cousin- disparu aussitôt et revint quelques instants plus tard avec une bouteille poussiéreuse. Le brun lui fit signe de déguerpir et s’installa confortablement dans son canapé en attendant Valandra, qui ne tarda pas. Content d’avoir une excuse pour remplir les verres, Ezéchiel ne se fit pas prier pour les servir.

-Salut mon cœur, l’accueillit-il avec un sourire insolemment charmeur. J’espère que tu es prête pour organisation ô combien passionnante. J’ai déjà demandé à ma secrétaire de s’occuper du plan de table.

Il ne s’était jamais encombré de la politesse avec les gens qu’il appréciait, et Valandra n’échappait pas à la règle, c’était comme ça. Surtout depuis qu’ils étaient fiancés et qu’Ezéchiel avait pris la fâcheuse habitude de la surnommer comme ça juste pour rire…

Le bruit des talons aiguilles martelait le sol du hall d'entrée, signifiant le passage de Valandra qui ne prit pas la peine de ralentir entre le moment où l'on lui ouvrit la porte d'entrée et celui où elle atteignit le salon principal après qu'un elfe de maison ait juste eu le temps de lui dire que « le jeune Monsieur Crowford » s'y trouvait.

Mais si cela choquait encore parfois certains elfes, Valandra, elle, avait déjà prit l'habitude d'agir au sein du manoir de son illustre fiancé comme si elle était chez elle. Après tout, officiellement, elle était belle et bien la future nouvelle Madame Crowford et la jeune femme était bien décidée à profiter au maximum des avantages que cela lui conférait.

Le « Salut mon coeur » que lui lança Ezéchiel à son arrivée  la fit sourire.

Bonjour chéri, lui répondit-elle du tac-au-tac en poussant même le vice en allant jusqu'à lui déposer un rapide baiser sur les lèvres. Rien ne pouvant porter à confusion, tout deux étaient parfaitement au clair face à la situation. C'était seulement par jeu, rien de plus même si Valandra devait avouer qu'elle n'avait pas à se forcer. Après tout, il y avait bien pire à embrasser qu'Ezéchiel. C'était toujours plaisant même si cela ne restait qu'une amusante mascarade.

Le baiser donné, Valandra s'écarta d'un pas non sans prendre la peine de laisser ses doigts courir sur le torse d'Ezé, caressant le tissus de sa chemise. Après quoi, elle retira enfin sa longue et luxueuse cape noire hivernale faite de cachemire et de fourrure qu'elle déposa sur le dossier d'un fauteuil et révélant sa courte et moulante robe en verte foncé mettant sa silhouette parfaitement en valeur.

Une fois à son aise, elle revînt auprès d'Ezé et surtout des verres qu'il venait de servir.

Tout cela est tellement ennuyeux, soupira-t-elle exagérément. J'adore l'idée d'avoir une réception à mon honneur. A notre honneur... Mais ces préparatifs n'en finiront jamais j'ai l'impression. Mais avant cela, j'ai croisé ton père en arrivant. Il avait l'air furieux... Il ne m'a même pas remarquée, expliqua-t-elle avec une petite moue déçue. Qu'est-ce qu'il lui arrive ?

S'il y avait bien une chose que Valandra n'aimait pas, c'était quand un homme ne la regardait pas quand elle passait. Elle aimait séduire et surtout, elle aimait savoir qu'elle avait ce pouvoir sur les hommes. Crowford père ne dérogeait habituellement pas à la règle des coups d'oeil en douce mais visiblement, sa colère avait occulté le reste aujourd'hui.

Son verre en main, Valandra passa devant Ezéchiel en s'appliquant bien à frôler longuement son corps du sien avant d'aller s'asseoir dans un fauteuil, croisant ses longues jambes misent en valeur par la jupe remontant haut sur ses cuisses. Elle porta alors son verre à ses lèvres et en goûta une gorgée avant de laisser échapper un « hum » appréciateur.

Cet hydromel est un pur délice. Où l'as-tu donc volé ? Je ne te connaîtrais pas aussi bien, je dirai que tu me le fait déguster dans le but sournois de m'enivrer.

Valandra avait dit cela sur le ton de la plaisanterie. Après tout, elle n'avait jamais chercher à cacher à Ezéchiel qu'il suffisait d'un seul mot ou geste de sa part pour qu'elle se retrouve dans son lit. Leurs fiançailles étaient une mascarade, certes, mais il n'était pas interdit de profiter un peu des avantages de la situation non ?  

Jeudi 3 mars 2016

Ezéchiel fut averti de l’arrivée de Valandra non pas par son elfe mais par le bruit si caractéristique de ses talons sur le plancher. Ce qui ne l’étonna guère. Après tout, il aurait été surpris que sa fiancée se conforme aux règles que les autres devaient appliquer –surpris et un peu déçu. Il aimait justement ce côté-là d’elle, ce petit côté provoquant sans pour autant aller jusqu’à l’insolence. Et puis… Ils n’en étaient plus au stade de « je me fais annoncer par l’elfe avant d’entrer » depuis longtemps –peu de gens pouvaient en dire autant.

Sa manière de le saluer lui tira un sourire, et il savoura le court contact de ses lèvres contre les siennes. Valandra avait une façon d’embrasser qui avait toujours plu à l’héritier Crowford. Douce, mais décidée. En temps normal, Ezéchiel prenait plaisir à entrer dans son jeu et à faire durer le baiser, passant généralement un bras autour de sa taille pour la retenir une ou deux secondes et pour profiter de ses courbes au passage. Mais maintenant… Les choses étaient un chouia différentes, aussi ne s’attarda-t-il pas plus que ça sur les lèvres de sa promise. Bien sûr, même s’il l’avait fait, Beny ne l’aurait pas su, mais ce n’était même pas la question. Le brun aimait sincèrement l’ancien poufsouffle. Il avait d’ailleurs été le premier  étonné. Après tout ce n’était pas pour rien qu’il avait mis si longtemps à accepter qu’il était amoureux, et encore plus longtemps pour aller se déclarer. Il préféra arrêter ses réflexions à ce stade –pas la peine d’aller jusqu’à se remémorer ce fameux coup de poing, son ego pourrait en souffrir- et reporter son attention sur Valandra, qui avait ôté sa cape.

Les yeux d’Ezéchiel caressèrent du regard le corps parfaitement proportionné de la jeune femme, que sa robe mettait en valeur, avec un sourire appréciateur.

-Non en effet, ce genre de choses n’a pas de fin. C’est pour ça qu’il vaut mieux confier le plus gros du travail aux autres, ça nous fera gagner du temps, fit-il sur le même ton qu’elle avant d’étouffer un rire gentiment moqueur en entendant sa remarque. Pas trop vexée ? Pourtant tu es aussi élégante que d’habitude… Ou devrais-je dire sexy ?

Pour souligner ses propos, son regard s’attarda une seconde sur les magnifiques jambes de la demoiselle, avec un sourire mi amusé mi séducteur. Sourire qui s’agrandit en se remémorant le visage contrarié de son géniteur lorsqu’il avait quitté la pièce.

- Je crois que je l’énerve. J’adore l’énerver en fait. Mais cette fois ci c’était justifié. Comme si j’allais m’embêter à passer plus de temps au Ministère… fit-il en levant les yeux au ciel. J’y croupis déjà bien assez, pas envie de mourir d’ennui. Ça a pas eu l’air de lui plaire.

Voir la moue déçue de sa fiancée tira un petit rire au jeune homme. Il savait que son père, comme n’importe quel homme normalement constitué, s’attardait parfois un peu trop longtemps sur les courbes de Valandra, et que cette fois il ait dérogé à la règle devait effectivement la contrarier. Même s’il savait bien que, quand bien même son géniteur regardait la brune, il ne se passerait sûrement jamais rien entre eux. Si par le passé, Alexandre Crowford avait eu de nombreuses maitresses, son aventure avec la mère d’Elaeh, qui avait abouti à un enfant hors mariage, avait dû passablement le refroidir. Après tout, il avait toujours fait passer les intérêts de la famille avant tout, et avoir un batard n’était pas très bien vu –raison pour laquelle personne n’était au courant.

Comme pour se venger de son petit rire, Valandra passa sensuellement devant lui en prenant soin de s’attarder. Se prenant malgré lui au jeu, Ezéchiel fit frôler sa main vers le bas du dos de la brune, laissant vagabonder juste un peu plus longtemps que nécessaire ses doigts sur le tissu de la robe avant qu’elle aille s’asseoir. Prenant exemple sur elle, il but une gorgée d’hydromel –après tout il aurait été bien dommage de ne pas lui faire honneur. Sa réflexion lui fit lever les yeux au ciel, amusé.

-Voyons mon cœur, les caves des Crowford recèlent bien assez de merveilleux alcool pour que j’aie besoin d’en voler. Même si j’admets l’avoir piqué à mon père. C’est bien plus drôle que de se servir dans la cave… Et puis nous savons bien tous les deux que je n’ai pas besoin d’hydromel pour t’enivrer.

Il termina sa phrase avec un sourire aguicheur et gentiment provoquant. Il avait toujours adoré leurs petits jeux de séduction, et même s’il était amoureux, il n’avait pas envie de s’en priver. Bon maintenant ce ne serait plus pareil parce qu’il y aurait des limites –pas questions que Beny se fasse des idées- mais tout de même. D’ailleurs… Il faudrait peut-être qu’il le lui annonce.

-Au fait, j’ai quelque chose à te dire, continua-t-il en reprenant son sérieux. Et j’aimerais que ça reste entre nous pour le moment…

S’il s’était adressé à quelqu’un d’autre, il aurait probablement hésité plus longtemps, mais s’il y avait une personne en laquelle il avait confiance, c’était bien Valandra.

Élégante et sexy, Valandra faisait tout pour en tout cas. Même quand elle s'habillait de manière simple et confortable elle le faisait en vérifiant bien que la tenue la mette en valeur. C'était très important pour elle de plaire même un dimanche de randonnée en jean et t-shirt. Elle aimait le regard appréciateur des hommes et celui jaloux des femmes.

Le regard d'Ezéchiel continuait toujours de flatter l'égo de Valandra mais cette dernière avait aussi remarquée qu'il ne l'avait plus touchée – dans le sens sexuel du terme – depuis un moment et elle se demandait bien pourquoi. Du coup, elle redoublait d'effort pour réveiller son côté sauvage mais en vain. Ainsi, elle balaya son compliment d'un petit geste de la main.

Elle eut un petit rire quand Ezé lui expliqua les raisons de la colère de son père.

Mais tu devrais y passer plus de temps, annonça-t-elle en penchant la tête de côté avec un petit sourire séducteur. Il s'y passe beaucoup de choses et beaucoup de choses s'y disent, y comprit sur toi. Et puis, cela te permettrait de passer un peu plus de temps avec ta fiancée. Le Ministre ne me prend pas autant de temps que je ne pourrais l'espérer.

Contrairement à Ezéchiel, Valandra passait ses journées au travail et ne lésinait pas sur les heures supplémentaires, surtout quand elles se déroulaient en présence de son patron qu'elle espérait bien pouvoir connaître un jour sous un autre angle. Malheureusement entre les réformes et ses fiançailles, Valandra se retrouvait plus occupée qu'elle ne l'aurait voulu d'un point de vue professionnel et personnel. Mais elle ne s'en plaignait pas. Professionnellement, cela la mettait sous les projecteurs étant donné qu'elle était le dernier des remparts avant le Ministre. Et surtout, en tant que secrétaire, elle le suivait partout pour prendre des notes et pouvait donc entendre toutes les conversations politiques. Et personnellement, on n'avait jamais autant parlé d'elle que depuis qu'elle était fiancée au fils Crowford. S'il n'avait pas été un véritable tir-au-flanc pistonné au sein du Ministère, elle aurait même probablement regretté de ne pas l'épouser. Mais Ezéchiel ne semblait avoir aucune véritable aspiration professionnelle et certains en parlaient déjà dans son dos. Et dus coup, Valandra n'avait pas de regrets. Elle épouserait un vrai homme influant, pas un gamin posé à un poste dont il se fichait uniquement grâce à son nom de famille.

Mais en attendant, Ezé marquait un point. Il était vrai qu'il n'avait pas besoin d'alcool pour l'enivrer. Ezéchiel avec ce sex appeal qui avait émoustillé Valandra depuis leur adolescence et il s'était avéré bien plus doué que plusieurs autres de ses amants. Elle l'avouait, leurs ébats lui manquaient et elle voulait vraiment savoir pourquoi est-ce qu'ils avaient cessés tout à coup car ce n'était pas faute d'avoir tout fait pour allumer Ezéchiel. Il avait intérêt à avoir une bonne excuse et à la lui donner avant qu'elle ne s'énerve pour de bon.

Comme si tu pouvais douter de ma capacité à garder un secret entre nous, plaisanta-t-elle.

Elle se leva alors, posa son verre sur la table basse et revint vers Ezéchiel d’une démarche aguichante mais avec un air parfaitement innocent et se colla contre lui, relevant ses yeux vert pour les plonger dans son regard bleuté. Pour n'importe qui qui entrerait en cet instant dans la pièce, ils auraient tout du couple d'amoureux dérangés en plein moment intime.

Je t'écoute, qu'est-ce que tu as de si important à me dire ?, demanda-t-elle tout en caressant doucement la nuque d'Ezéchiel  du bout des ongles.  

Jeudi 3 mars 2016

Amusé de la façon dont la jeune fille balayait son compliment, Ezéchiel ne put retenir un sourire amusé. Sourire qui s’agrandit en entendant sa réflexion, allant même jusqu’à lui tirer un léger rire. Oui, il avait parfaitement conscience de ce que l’on disait dans son dos mais il s’était toujours complètement fichu de l’opinion des autres, et heureusement, car avec le nombre de personnes qui le haïssaient, il aurait vite fini dépressif. Non, l’avis des gens ne l’intéressait pas : que pouvaient-ils donc faire, à par parler ? Toutes ces personnes se plaignaient de lui certes, mais c’était bien là tout ce qu’elles pouvaient faire, et c’était justement ça qu’il adorait. Oui, il avait de nombreux défauts, oui peu de gens l’appréciaient, mais il le savait, et il assumait parfaitement. Il était ainsi, et il n’avait aucun complexe.

Certes, de nombreux employés médisaient sur son statut au Ministère, affirmant que sans père, il n’en serait pas là, ce qui était la pure vérité, mais Ezéchiel n’avait jamais souhaité ce poste, lui. Il avait beau « avoir de la chance » d’être directeur, ça le lassait plus qu’autre chose. Il détestait toute forme d’obligation, et le travail en était une grande. Il préférait faire ce qu’il voulait, quand il le voulait. Et il était largement assez haut dans l’échelle sociale pour se permettre. Oui, c’était du pur caprice, mais et alors ? Il était un Crowford. Son nom ne serait jamais condamné à finir dans l’oubli, et même s’il ne travaillait pas, il ne deviendrait pas pauvre loin de là. Après tout, cela faisait presque une centaine d’années, sa famille s’était assurée d’être toujours une des plus importantes en devenant la créancière du Ministère, qui leur empruntait toujours de l’argent. De cette façon, il aurait beau y avoir cinquante ministres différents, tous ces ministres devaient faire avec cette énorme dette, rendant les Crowford intouchables. D’autant plus maintenant que son père avait racheté la Gazette.

-Et alors ? Qu’ils parlent. C’est bien la seule qu’ils peuvent faire ! Je salue ta détermination au travail et je la respecte, mais personnellement, tout que j’obtiens quand je vais au Ministère c’est un ennui profond. Le jour où je trouverais quelque chose qui me plait je m’investirai peut-être plus, en attendant je suis très bien chez moi. Et puis… Continua-t-il avec un sourire charmeur, il en faudrait bien plus pour m’empêcher de passer du temps avec toi, mon cœur.

Il regarda Valandra s’approcher sensuellement de lui et ne put détourner le regard. Sa façon de marcher faisait onduler ses hanches d’une manière qui l’avait toujours fait craquer. Apparemment, elle avait décidé de passer aux choses sérieuses… Le brun savait très bien ce que ce regard, en apparence innocent, cachait, et il n’avait pas envie de la blesser en la repoussant. L’air de rien, il tenait réellement à la demoiselle, et il ne voulait surtout pas qu’elle pense qu’il la repoussait. Parce qu’honnêtement, s’il n’avait pas été en couple, ou plutôt s’il avait été en couple sans être amoureux, il n’aurait eu aucun scrupules à l’emmener faire un tour dans sa chambre. Il fallait dire que la jeune fille savait parfaitement comment s’y prendre pour l’émoustiller…  Il lui pris délicatement les mains pour éviter qu’elles ne s’aventurent plus loin et qu’une certaine partie de son anatomie ne se réveille et la dévisagea sérieusement –être sérieux, voilà qui ne lui arrivait pas souvent…

-Je ne doute jamais de toi Valandra, fit-il en plongeant son regard dans le sien. C’est pour ça que je ne passerai pas par quatre chemins. Je n’ai jamais rencontré une femme plus attirante que toi, et pourtant j’en ai rencontré… Un bon nombre. Mais…

Il chercha un instant ses mots. Il avait horreur de tergiverser et il préférait tout dire sans détours, sans équivoque, pour ce soit clair dès le début, sans pour autant la froisser. Il tenait trop à elle pour l’irriter aussi bêtement que ça…

-Mais crois-le ou non, je suis amoureux.

Il eut un fugace sourire désabusé. Et oui, lui-même avait encore du mal à s’y faire. Lui qui avait toujours détesté avoir des entraves à sa liberté, il avait toujours pensé que devoir se cantonner à la même personne serait comme une prison mais pourtant… ça ne lui faisait absolument pas cet effet.

Voilà la raison pour laquelle Valandra avait si facilement accepté que ce mariage ne se fasse jamais. Ezéchiel manquait cruellement d'ambition. Elle voulait un époux ne reculant devant rien pour obtenir le pouvoir, pas un fils à papa se contentant de hanter un prestigieux bureau dans se soucies des injures qui se murmuraient dans son dos.

Ainsi, elle appréciait réellement Ezéchiel qui lui ressemblait tant sur bien des points mais jamais elle n'aurait pu se contenter d'être Madame Crowford. Elle estimait mériter plus et mieux que cela. Mais elle avait le temps et être la fiancée d'Ezéchiel lui conférait un suppléant de célébrité. L'héritière des Widow fiancée à l'héritier des Crowford, cela faisait beaucoup parler dans les milieux bourgeois et ce n'était de loin pas pour lui déplaire. Certains membres de prestigieuses familles commençaient à s'intéresser de plus près à elle. Des familles ayant eux aussi des héritiers à marier.

Lorsque Valandra vînt se coller à lui, elle savait pertinemment ce qu'elle faisait. Il fut une époque où cela suffisait amplement à ce que Ezéchiel réponde favorablement à ses avances. Il n'y avait pas un meuble dans ce salon qui n'avait pas vécu leurs ébats. Et pourtant, une fois encore comme depuis des jours, voir des semaines, Ezéchiel la stoppa doucement dans son élan. C'était on ne peut plus frustrant. Non pas parce qu'elle avait des sentiments envers lui mais tout simplement parce qu'elle détestait qu'on lui résiste. Encore plus après lui avoir cédé par le passé.

Amoureux ? Il était amoureux ? Lui ? Voilà autre chose.

Fronçant les sourcils, Valandra s'écarta lentement d'un pas non sans foudroyer Ezéchiel du regard. Certes, ils ne s'étaient jamais rien promis. Au contraire, chacun avait sa vie de son côté mais malgré tout, elle prenait cela comme un coup bas venant de sa part.

Et qui est donc cette pétasse qui se permet de séduire un homme déjà engagé ?, demanda-t-elle sur un ton glacial.

Et pourtant, c'était un peu l'hôpital qui se foutait de la charité. Valandra était la première à ne pas hésiter à faire ce genre de chose mais cela lui était impensable qu'une autre puisse se permettre de le lui faire également. Ezéchiel pouvait s'envoyer toutes les femmes du pays si cela lui chantait mais tomber amoureux d'une autre qu'elle ? Car c'était surtout ça le nœud du problème, qu'Ezéchiel ai pu lui préférer une autre femme !

Clairement agacée, Valandra croisa les bras et recula cette fois-ci de plusieurs pas pour aller reprendre son verre et en boire une gorgée sans quitter Ezé du regard. Elle voulait des explications et elle les voulaient immédiatement.

Et elle voulait également un nom. Et ça, ce n'était pas forcément pour le meilleur pour cette rivale inattendue.

Et ne tourne pas autour du pot, je veux savoir de qui il s'agit et ma patience est largement limitée.

Hors de question donc qu'Ezéchiel refuse de le lui dire ou se cache derrière un vague « tu ne l'a connait pas ».  

Jeudi 3 mars 2016

De posé quoiqu’un peu méfiant, Ezéchiel vira brusquement à un mécontentement irrité. Non même pas. En fait, il n’appréciait absolument pas sa question. Après, il n’était pas surpris. Pas du tout même. Juste un peu déçu. Il avait presque espéré que Valandra puisse faire preuve de maturité sur ce point, mais apparemment quand il était question de possessivité c’était un peu trop lui demander… Il savait parfaitement qu’elle était jalouse, et c’était précisément la raison pour laquelle il lui avait affirmé dès le début qu’il ne voulait pas l’épouser réellement. Au moins de cette façon, il s’évitait des problèmes avec elle… Du moins c’était ce qu’il avait pensé. Mais, au-delà de ça, il aurait juste aimé que la jeune fille se réjouisse un peu pour lui au lieu de tout ramener à elle. L’air de rien, Ezé appréciait Valandra, ses qualités comme ses défauts. Il avait passé de très bons moments avec elle, entre leurs flirts durant les soirées de sang-pur ou leur discussion au Manoir. Mais, amie ou non, l’entendre parler ainsi de la personne qu’il aimait… Non, il n’appréciait pas du tout. Ses doigts se resserrèrent autour de son verre tandis qu’il plissait les yeux de mécontentement.

-Cette pétasse comme tu dis est la personne que j’aime alors je te prierai de te montrer un peu plus respectueuse, fit-il sans se démonter. D’autant plus que je l’ai séduite, et pas l’inverse.

Il savait pertinemment qu’elle attendait un nom, mais il ne comptait pas le lui donner directement, ça aurait été un peu trop facile. En plus il était certain que dès qu’elle saurait qu’il s’agissait d’un homme elle se calmerait tout de suite, sauf que voilà, ce n’était pas le fond du problème. Le fond du problème, c’était qu’elle aurait pu s’en prendre à la personne qu’il avait choisi. Car si Beny avait été une femme, nul doute qu’elle s’en serait prise à lui. Or ça… il ne le permettrait jamais.

- Rassure-toi, je ne compte pas tourner autour du pot. Et tu peux te calmer tout de suite, parce que c’est un homme. Mais quand bien ça aurait été une femme j’espère que tu as conscience que je ne t’aurais pas laissé toucher à un seul de ses cheveux…

Parce que si elle s’amusait à faire du mal aux personnes à qui il tenait, ça allait très vite dégénérer. Le brun n’avait que peu de gens qu’il appréciait réellement, et elle en faisait d’ailleurs parti, mais pour eux, il était prêt à tout. D’autant plus que se frotter aux Crowford, même lorsqu’on venait d’une famille de sang-pur, n’était pas vraiment la meilleur des choses à faire. Pas quand on savait que la puissance de la famille venait du fait qu’elle avait le Ministère dans sa poche. Mais honnêtement, il n’avait pas du tout envie de briser leur amitié, surtout pour une raison aussi bête.

-Valandra… Soupira-t-il en passant une main sur sa tempe. Je suis juste amoureux, c’est tout… et ce n’est pas parce que je coucherais plus avec toi que je ne te trouverais plus sexy.

Il termina d’une traite son verre histoire de faire passer tout ça. Valandra était certes très intéressante mais elle pouvait être… Fatigante parfois. Enfin bon, c’était ce qui faisait son charme…

-Tu dois voir de qui il s’agit. C’est le propriétaire de Fortarôme.

Benoît. Enfin, lui l’avait toujours surnommé Beny. Ça lui allait bien mieux ! C’était aussi mignon que lui.

Ezéchiel semblait contrarié. Très contrarié même. De voir son regard d'un bleu si froid se faire ainsi menaçant en aurait sûrement effrayée plus d'une mais Valandra se contenta de rester plantée devant lui, ne quittant pas son regard du sien. La peur était une sentiment qu'elle ne connaissait pas. Encore moins la peur d'autrui et ce n'était pas avec Ezchiel que cela allait commencer. Il pouvait la menacer autant qu'il voulait, la frapper même cela se retournerait contre lui. Après tout, Valandra n'avait pas son pareil pour passer pour la victime et qui ne prendrait pas en pitié la pauvre fiancée effondrée et marquée des coups de son promis violent ? Alors oui, il pouvait s'énerver autant qu'il le voulait si cela pouvait lui faire plaisir, mais il ne devait pas oublier contre qui est-ce qu'il s'énervait. Il suffisait d'un débordement de sa part, d'un geste malheureux et elle serait en pouvoir de l'expédier pour quelques mois se rafraîchir les idées à Azkaban. Ou tout de moins, c'était là son point de vue de la situation.

Les grandes déclarations d'Ezé lui donnait envie de rire. Il était amoureux, elle devait se montrer respectueuse, la pauvre troisième roue du carrosse était innocente. Sans plaisanter, depuis quand est-ce qu'Ezéchiel était capable d'aimer quelqu'un d'autre que sa propre petite personne ?

Mais si cette idée avait déjà de quoi la surprendre, la suite des révélations la laissèrent sans voix durant un instant. Un homme ? Ezéchiel était amoureux d'un homme ? C'était étrange, elle n'avait pas eut l'impression qu'il était gay toute les fois où il lui avait sauté sauvagement dessus en lui arrachant presque ses vêtements.

La surprise passée, elle éclata de rire. Elle ne doutait pas un seul instant de ses dires mais la situation lui paraissait tellement irréelle. Mais aussi, elle était rassurée. Si elle serait devenue folle d'imaginer qu'une autre aurait pu plus plaire qu'elle à Ezé, elle restait tout de même assez lucide pour ne pas être jalouse d'un homme. Il n'était clairement pas question de rivalité là.

Toi amoureux d'un homme ? Qui l'aurait cru en sachant que l'hématome que m'a laissé nos derniers ébats vient à peine de disparaître.

Un petit soucis de rebord de table entré un peu trop violemment en contact avec le bas de son dos, rien de grave.

Très clairement radoucie, elle chercha dans ses souvenirs à quoi ressemblait le fameux propriétaire en question.

Au moins je dois reconnaître que tu as d'excellents goûts. Mais quand tu dis que tu ne couchera plus avec moi...

Elle lui adressa une petite moue faussement attristée tout en revenant contre lui. Certes, elle n'avait pas de peine à trouver des amants mais il fallait avouer qu'Ezé était vraiment doué en la matière.

Joueuse, elle ondula contre lui tout en venant effleurer son cou de ses lèvres. Mais cela s'arrêtait là. Ses mains restaient bien sagement posées sur les hanches de son fiancé au lieu de se montrer baladeuses et entreprenantes comme à leurs habitudes. Signe que malgré son comportement aguicheur, elle respectait tout de même les sentiments de son fiancé.

Je ne suis pas contre l'idée de... partage, susurra-t-elle à son oreille avant de lui en mordiller doucement le lobe. Au contraire, cela peut-même être très excitant.   

Jeudi 3 mars 2016

Bon, voilà, Ezéchiel avait fini par avouer l’identité de la personne qu’il aimait à Valandra, et il se prenait à espérer qu’il ne le regretterait pas. Il savait pertinemment que la demoiselle avait une notion toute relative de ce que pouvait être une « amitié fidèle » dans laquelle l’un se dévouait à l’autre quitte à devoir emporter un secret dans sa tombe. En fait, il doutait même qu’elle connaisse le sens de « faire passer quelqu’un avant soi ». Parce que, si Ezé était un parfait égoïste lorsque ça concernait des gens qu’il ne connaissait pas, avec les rares personnes qu’il appréciait, il était prêt à beaucoup pour les aider. Même si ça pouvait paraitre improbable de sa part. Mais bon, il devait avouer que même lui, qui connaissait Valandra depuis son enfance, ne savait pas vraiment ce qui pouvait se passer dans la tête de la jeune fille. La brune était un véritable coffre-fort et celui qui en posséderait un jour la clé serait certainement retrouvé mort dans de mystérieuses circonstances –si cette personne venait à exister un jour.

Ezéchiel ne put s’empêcher de hausser un sourcil en entendant Valandra éclater de rire, mais très vite, il se prit à sourire devant sa réaction. Bon… Il avait écarté la colère. Il avait beau connaitre le caractère de sa fiancée, il était toujours surpris de voir la vitesse de ses changements d’humeurs. Mais pour le coup, il était soulagé. Il avait craint de se mettre sa promise à dos, et il n’aurait pas vraiment apprécié. Et puis il se doutait de la raison de son rire… C’était vrai qu’elle avait dû s’attendre à ce qu’il aime une femme. Mais bon, en réalité, ça n’avait jamais dérangé l’héritier des Crowford de coucher avec des hommes, même si oui, il préférait les femmes. Enfin maintenant c’était une autre histoire ! Avec Beny… c’était totalement différent. Il avait toujours cru que ces mièvreries sur l’amour étaient bonnes pour les imbéciles et voilà qu’il agissait pareil. C’était affligeant. Enfin il restait tout de même digne, lui !

-Bah, il faut bien que je partage, je ne voudrais pas faire de jaloux, rigola le brun sur le ton de la plaisanterie.

Plaisanterie qu’il regretta très vite. En voyant Valandra s’approcher de lui les bras sagement rangés le long du corps, il commença par se sentir content. Il avait eu peur que la jeune fille ne prenne pas sa déclaration au sérieux. Parce que bon, qu’il annonce du jour au lendemain qu’il était amoureux... Et bien, effectivement, ça pouvait sembler… Peu crédible. Mais elle l’acceptait bien, et surtout, elle acceptait de mettre un terme à leurs… Il ne put même pas terminer sa pensée que déjà, la brune se mettait à faire des propositions salaces. Bon, d’accord, il pouvait repasser concernant le « sage ». Au moins elle n’essayait pas de l’aguicher et incluait Beny dans sa proposition ! Pour elle, c’était déjà beaucoup, et il appréciait le geste. Il hésita une seconde entre le rire et la protestation. Son Beny ! Rien que d’imaginer laisser quelqu’un d’autre que lui le voir nu l’horripilait. Déjà que le pâtissier avait eu un petit ami avant lui !! Non décidément. Même si l’expérience aurait pu être fichtrement plaisante ! Il n’avait jamais rien eu contre les plans à trois –bien au contraire !- et avec Valandra… Hum, ça aurait été super. Sauf que maintenant, il ne pouvait plus imaginer le sexe avec quelqu’un d’autre que son brun.  Sans compter que son petit poufsouffle n’accepterait jamais, sauf pour lui faire plaisir auquel cas il se forcerait. Or Ezéchiel se refusait à faire quelque chose qui puisse blesser son Beny.

-Valandra ! S’exclama le brun dans un éclat de rire mi amusé, mi exaspéré, en passant ses bras autour de la taille de sa fiancée pour la rapprocher de lui. Tu es vraiment incroyable, toi. Ce serais sans doute très excitant oui, comme tu le dis si bien, au détail prêt que Beny n’est pas exactement… Hum…

Comment dire ça ? Qu’il était trop mignon pour un plan à trois ? Trop sensible et qu’il aurait sûrement l’impression d’être insignifiant devant Valandra ? Qu’il allait se mettre à complexer et à croire qu’Ezéchiel serait mieux avec la brune ? Ou qu’il aimait trop l’ancien serpentard pour le partager mais qu’il était trop gentil pour lui dire non quitte à finir blessé et triste ?

-Disons que face à toi, il risque de complexer et je ne veux pas qu’il se mette à penser qu’il n’est pas assez bien pour moi.

Parce que c’était typiquement le genre de choses qu’il pouvait se mettre dans la tête… Alors que, honnêtement, l’inverse serait plus vrai. Ezéchiel ne méritait pas vraiment une personne aussi gentille et dévouée que son petit brun. Mais bon, il l’avait et il n’allait pas s’en priver !

Ezéchiel amoureux... Qui aurait pu croire une chose pareille ? En tout cas pas Valandra. Elle n'arrivait tout simplement pas à l'imaginer en mode guimauve à faire des câlins à sa moitié toute la soirée dans le canapé et – surtout ! - à être fidèle plus d'une semaine ! En fait, à bien y réfléchir c'était surtout sur ce point là que cela coinçait. Ezéchiel était un séducteur invétéré, il alignait les conquêtes et il voulait faire croire qu'il ne s'ennuierait pas dans une routine d'homme fidèle ? Valandra ne lui donnait pas 3 mois, en tablant sur l'esprit têtu de son fiancé, avant qu'il ne craque et ne saute sur la première venue. Après cela, il culpabiliserait probablement quelques semaines puis ses vieux démons reprendraient définitivement le dessus et il viendrait sonner à sa porte au milieu de la nuit pour la prendre sauvagement contre le mur de l'entrée.

Mais elle garda cela pour elle, à quoi bon de toutes manières ? Lui faire par de son avis ne ferait que le mettre en colère contre elle et c'était la dernière chose dont elle avait envie. Encore moins maintenant qu'il avait retrouvé son sourire.

Elle se laissa faire quand il passa ses bras autour de sa fine taille et elle passa les siens autour de son cou tout en répondant à son sourire. Se redressant un peu sur la pointe des pieds, elle lui vola même un baiser. Un simple petit baiser rapide, donné juste du bout des lèvres. Un baiser innocent digne de petits fiancés de 5 ans, rien de plus.

Qu'Ezéchiel soit tenté par son idée ne la surprenait pas. Et dans le fond, elle n'était pas spécialement surprise d'apprendre que l'amant de ce dernier risquait d'être moins chaud. C'était dommage ceci dit, pour le peu qu'elle l'avait vu, il avait cru se souvenir que le fameux Beny était plutôt séduisant lui aussi. Il faudrait qu'elle fasse une entorse à son régime prochainement pour faire un passage par la boutique l'air de rien.

Aux derniers propos d'Ezéchiel, Valandra, qui était toujours sagement suspendue à son cou, fronça des sourcils.

Mais il n'est pas assez bien pour toi...

Elle n'avait absolument pas dit cela méchamment et cela s'entendait au ton de sa voix. Elle ne cherchait aucunement à se montrer blessante ou hautaine.

Je veux dire, je ne doute pas qu'il doit avoir de très nombreuses qualités mais il n'est pas de notre rang. Beny n'est pas l'un des nôtres. Dans le fond, tu dois en avoir aussi conscience non ? Tu es un Crowford et même si vous en arriviez à vouloir officialiser votre relation... Ton Beny restera toujours aux yeux des nôtres un simple artisan, le pâtissier du Chemin de Traverse.

Valandra avait toujours les bras autour du cou d'Ezéchiel et elle le regardait avec des yeux ronds. Les sentiments, c'était un truc qui avait toujours eu tendance à lui passer au-dessus. Elle ne voyait que le côté « pratique » de la situation, occultant le facteur amour. Personnellement, elle n'avait rien contre le fait qu'Ezé file le parfait amour avec le glacier du coin. Pour elle, ils pouvaient même se marier si cela pouvait leur faire plaisir. Mais elle connaissait assez bien les amis de leurs familles respectives – ainsi que leurs familles tout courts – pour savoir que la nouvelle idylle d'Ezéchiel risquerait de mal passer. Déjà qu'il soit avec un homme, ça allait être compliqué... Mais là.

Et ce Beny, il sait que tu es fiancé ?

Enfin ça, ce n'était de loin pas un secret dans le monde magique anglais. La vraie question aurait plutôt été de savoir s'il savait que ses fiançailles n'étaient qu'un cran de fumée.