Vendredi 4 mars 2016

L'écho des conversations roulait dans les immenses couloirs du Manoir principal des Crowford, serpentant entre les tableaux, traversant les chandeliers et les somptueuses décorations, irritant les oreilles d'un certain Ezéchiel. Pas moyen d'avoir la paix quelques instants ! Il savait bien qu'il pouvait faire taire ce brouhaha de fond d'un simple coup de baguette, mais il préférait s'abstenir.

Déjà qu'il n'avait pas envie de descendre, s'il se coupait du monde, il allait malencontreusement oublier qu'une réception se déroulait sous ses pieds, or, il devait justement s'y rendre. Pas que ça lui déplaise tant que ça mais... Hum, tout compte fait, si, ça le dérangeait tant que ça. Ordinairement, il s'y plaisait, dans ce milieu hypocrite et mielleux. Il n'y avait rien de plus amusant que de voir des gens qui se détestaient cordialement se sourire de toutes leurs vieilles dents et s'arroser de compliments tous plus faux les uns que les autres. Personnellement, il adorait faire la conversations à ceux qui le haïssaient et qui n'osaient pas le lui montrer. Les observer essayer de se dérober tout en restant poli... ça le réjouissait.

Et puis, il y avait tous ces gens qui se pressaient à ses pieds pour se faire bien voir et obtenir ses faveurs, tout ça juste pour la gloire de faire parti des petits papiers de la grande famille Crowford. Si ça, ce n'était pas hilarant ! Il avait tellement de pouvoir sur eux que c'en était risible. Et il aimait ça, bien sûr. D'autant plus que pour enchaîner les conquêtes, il n'y avait rien de plus facile. La plupart des filles lui tombaient dans les bras, même si elles savaient qu'il n'y aurait pas de lendemain -surtout pas avec lui. Enfin... Tout ça c'était passé. Aujourd'hui, ces filles, il ne les voyait même plus. Enfin si, il était dur de faire autrement, on les remarquait plus qu'une sirène sur un tapis de course, avec leurs bijoux scintillants et leurs ostensibles décolletés. Mais franchement, elle auraient tout aussi bien ou ne pas exister que ça aurait été pareil. Normal, puisqu'il avait Beny. A quoi son poufsouffle penserait-il s'il le voyait collé à une de ces harpies en échasses ? Et puis maintenant qu'il avait son brun, il ne pouvait que les comparer à elles et honnêtement, il n'avait rien à leur envier. Au contraire ! Il était bien plus attirant. Bien plus naturel. Bien plus mignon ! Avec sa bouille adorable et ses grands yeux tendres. Et puis sa manière de se blottir contre lui. Et son sourire... Enfin bref. Il ne regardait plus les autres, quoi.

Et d'autant plus ce soir, parce que ce soir Beny n'était pas là. Ezéchiel avait longuement hésité, pesant le pour et le contre de sa présence à cette soirée, avant de finalement décider qu'il pouvait être malvenu de venir avec lui. Parce que oui, son père n'était pas au courant de sa relation avec lui, et si l'ancien serpentard avait l'intention de le lui annoncer, le faire pendant la fête d'anniversaire de sa mère n'était pas la meilleure idée qui soit. Et puis, il n'avait pas vraiment envie de mettre son brun plus en danger qu'il ne l'était déjà... Déjà qu'il se sentait coupable de lui infliger ça... Pourtant, il devait avouer qu'il aurait bien aimé qu'il soit là. C'était plus fort que lui, il mourrait d'envie de le montrer à la terre entière, afin que tout le monde sache qu'il lui appartenait. C'était SON Beny. Et il adorait le tenir par la taille pour le tenir tout serré contre lui. Oui, définitivement, il aurait bien aimé qu'il soit là ce soir... D'habitude il s'occupait en draguant, mais là, pas question. Tant pis, il s'occuperait en allant faire chier les sang-pur pédant. Peut-être son père ! Ce serait drôle. Et puis, il n'allait pas tant s'ennuyer puisque Théo serait là. Depuis leur enfance, même si ce dernier jouait au garçon sage, Ezéchiel savait qu'il en fallait pour pour l'attirer dans ses bêtises. D'ailleurs il avait bien l'intention de l'enrôler pour ce soir...

Il ajusta sa cravate et jeta un dernier coup d'oeil au miroir. Hum, parfait. Il avait l'air... Digne, fier, élégant, sexy juste comme il le fallait... Crowford. C'était justement ce qu'il fallait. Ah ! Mais qu'il était bête. Il avait toujours l'air Crowford. Jusqu'au bout des ongles. Ce qui, pour l'héritier de la famille, n'était pas très étonnant -quoiqu'il aurait pu naître blond aux yeux gris comme sa mère. Enfin bref... Sa mère justement, fêtait son anniversaire et s'il tardait trop, on allait encore l'accuser d'essayer d'énerver son père. Alors certes, ces accusations se trouvaient souvent être vraies, mais tout de même, cette fois il avait juste voulu prendre son temps ! Il descendit dans la grande salle de réception bondée. Pour l'occasion, une fontaine d'hydromel avait été dressée au milieu de la salle, ainsi que plusieurs buffets débordants de petits fours tout plus appétissants les uns que les autres.
Ezéchiel eut une pensée pour sa mère. La pauvre ne devait pas vraiment apprécier cette façon de fêter sa naissance... Elle aurait sûrement plus apprécié un simple repas en famille, entourée des gens qu'elle aimait, plutôt que d'être contrainte de se pavaner, engoncée dans une robe et forcée à sourire, alors que le jeune homme savait pertinemment qu'elle se sentait seule dans ce genre de soirées. Surtout que son père avait la fâcheuse tendance de la laisser pour discuter d'affaires importantes avec de hauts placés du ministère... Heureusement que Maximilian assistait lui aussi de temps en temps à ces soirées. Le brun était certain qu'il serait là aujourd'hui. Il était trop attaché à la famille pour la laisser.

Il lui fallut un moment pour trouver la belle femme blonde, qui, comme il s'en était douté, était occupée à discuter avec un groupe de sang-pur influents, parmi lesquels se trouvait son oncle. Ezé était presque sûr que celui-ci ne prenait part à la conversation que pour soutenir sa mère, et rester avec elle une fois la discussion terminée. Il s'était toujours dit qu'ils étaient vraiment proches, mais quand on savait comment agissait Alexandre avec sa femme, ça n'étonnait personne qu'elle ait besoin d'un peu réconfort et de présence humaine.

Il alla saluer sa mère, mais ne s'éternisa pas trop. Il préférait lui souhaiter un bon anniversaire lorsqu'ils se retrouveraient plus tard, seuls, en famille. Dans cette réception, ça n'avait rien de personnel, et il avait toujours offert ses cadeaux en dehors de ces événements. Octavie Crowford était l'une des rares personnes à avoir son inconditionnel respect, et il ne pouvait se résoudre à la traiter comme n'importe quel sang-pur. Ce n'était pas simplement son titre de génitrice qui lui faisait cet effet. C'était surtout la patience dont elle avait fait preuve tout au long de sa vie. Elle s'était mariée à un homme dont elle n'était pas amoureuse pour des valeurs familiales, avait élevée presque seule -puisque son père travaillait sans cesse ou vagabondait de réception en réception- son enfant -lui en l'occurrence- qui lui avait pourtant mené la vie dure... Mais Octavie avait toujours su l'arrêter, sans pour autant élever la voix. Oui, c'était une femme qui forçait le respect.

Il retourna ensuite se mêler à la foule et resta un bon moment à parler de tout et de rien avec Théo. Il était en train de commenter avec lui un magnifique haut de forme -qui, selon son cousin, avait appartenu à Fernand Boisseau, un grand couturier français qui l'avait apparemment fait lui-même, ce qui n'aurait pas étonné Ezé (les français et leur goût discutable pour la mode...)- qu'un vieillard arborait fièrement, lui donnant l'air ridicule -Théo aurait dit élégant, mais dès qu'il était question de chapeaux, celui-ci manquait de discernement- lorsqu'il lui sembla apercevoir une silhouette familière. Silhouette qu'il n'aurait pas cru voir ici d'ailleurs... Il laissa donc là son cousin pour se diriger vers la demoiselle. En effet, il s'agissait bien d'Elaeh Ollivander. Si Ézéchiel n'avait pas entendu par hasard une discussion la concernant entre son père et Maximilian, jamais il ne serait intéressé à elle autrement que lorsqu'il avait dû racheter une baguette à Beny. Oui mais seulement voilà, il avait laissé traîner ses oreilles, et maintenant... Il savait.

-Je te déconseille de boire ton verre, lança-t-il nonchalamment à la jeune fille en arrivant derrière elle. Sauf si tu veux finir dans la fontaine à moitié nue bien sûr. A moins bien sûr que tu fasses preuve d'une très bonne résistance à l'alcool, auquel cas je serais ravi de boire avec toi.

Il détailla la brune. Il ne lui avait jamais parlé autrement que pour des raisons commerciales, et il devait avouer que la seule fois où il l'avait vu, lorsqu'il avait été racheté sa baguette à Beny, il avait été trop occupé à faire attention à son amoureux pour lui accorder de l'importance. Pourtant, aujourd'hui, c'était bien elle qui l'intéressait. Il ne s'était pas attendu à la croiser là... Et il avait bien envie d'apprendre à la connaître un peu mieux.

-On ne te voit pas souvent à ce genre de réception. Qu'est-ce qui t'amène ? Demanda-t-il en vidant son propre verre d'une traite avant de le reposer sur le premier plateau qui passait.

Il trouvait cela tristement ironique cette fatalité qui avait poussé la fabricante à venir jusqu'ici pour fêter l'anniversaire d'une femme qui n'était autre que... Sa belle-mère ? Hum. Il ne savait pas vraiment comment qualifier ça... Décidément, les Crowford ne savaient rien faire comme les autres.

Vendredi 4 mars 2016

Ezéchiel détailla la jeune femme qui lui faisait face. S'il n'avait pas été certain qu'elle avait le même sang que lui, il n'aurait jamais pu croire que son père était un Crowford. Elle n'avait pas les yeux si caractéristiques de la famille, et ses traits étaient bien plus doux. Peut-être sa bouche... Et le bas de son visage, quand on y regardait bien. Mais bon, il valait mieux pour elle qu'elle ait hérité plus de sa mère. Après tout Alexandre était capable du pire...

Dire qu'il avait ignoré si longtemps qu'il avait une sœur. Lui qui s'était toujours pensé fils unique... Récemment, il avait surpris une conversation pour le moins... Houleuse entre son géniteur et son oncle Maximilian. Il passait innocemment dans le couloir lorsqu'il avait entendu des éclats de voix. Bon, il devait avouer qu'en réalité, il comptait aller voir le doyen des Crowford pour lui signaler que l'anniversaire de sa mère approchait et qu'il espérait qu'il lui avait acheté un cadeau mieux que celui de l'an dernier -honnêtement, elles avaient beau être belles, ces boucles d'oreilles, Octavie en avait déjà pléthore et en plus, elle n'avait jamais porté une attention particulière sur ses bijoux, c'était un donc un cadeau des plus faciles et impersonnels... Mais bref ! Toujours était-il qu'il avait donc tout entendu.

Maximilian accusait son aîné d'être trop extrême, même si c'était pour le bien de sa famille. Ezé ne pouvait que l'approuver... Il avait beau vouloir rendre leur famille encore plus illustre -selon lui, c'était possible- parfois il allait trop loin. Comme par exemple avoir payé la père de son cousin pour qu'elle disparaisse de la vie de son fils juste parce qu'elle était moldue -ça aussi il l'avait entendu par hasard un jour- ou encore délaisser sa femme enceinte pour des réunions et du travail -ça, il le savait car son oncle le lui avait dit. Et sur ce, le jeune homme avait soudainement appris que son père avait même empoisonné une femme pour éviter qu'elle ne révèle au monde entier qu'il avait eu une enfant hors mariage... Qui n'était autre qu'Elaeh Ollivander. Même si, au fond, ça n'avait pas étonné le riche héritier, il avait cogité sur cette information un bon moment avant de la digérer. Il avait donc une sœur. Qui ignorait tout de sa famille paternelle d'ailleurs... Et voilà qu'elle débarquait justement à une fête donné en l'honneur de la femme de celui qui avait tué sa mère. C'était tout de même le comble de l'ironie...

Ezéchiel eut une pensée pour sa mère. Savait-elle pour Elaeh ? Il n'en avait aucune idée. Elle devait sûrement être au courant que son mari avait eu pas mal de maîtresses par contre. La pauvre... Elle n'avait décidément pas une vie facile.

L'ancien serpentard ne put réprimer un sourire en remarquant le surprise manifeste de sa demi-soeur. De toutes évidences, elle ne s'était pas attendue à ce qu'il vienne lui parler. En même temps, il ne la connaissait pas et ne lui avait jamais adressé la parole en dehors de sa boutique alors bon... Mais il aurait très bien pu la draguer s'il l'avait vu avant dans une réception. Après tout, elle était plutôt pas mal. Mais il doutait qu'elle se fût laissé faire.

-Le propre de l'alcool c'est justement de faire perdre le contrôle, et franchement, cet hydromel est plus fort que ce qu'il semble. Et on ne parlait pas de moi, mais de toi, sinon je pense que la soirée ne suffirait pas pour ce vaste sujet.

En tous cas, elle semblait avoir hérité du caractère bien trempé de la famille... Car son sourire poli ne l'y trompait pas. Il en fallait plus que ça pour le duper -après tout, sa fiancée n'était autre Valandra, qui était passée maître dans l'art de la cachoterie. Pour accompagner la demoiselle -quel homme serait-il s'il la laissait boire seule?- il attrapa une coupe qui passait par là et en but une gorgée avant de reprendre :

-Oui, bien sûr, fit-il en levant les yeux au ciel. Ce n'est pas comme si tu venais à chaque réception organisée pour les anniversaires de la haute société. A vrai dire, je peux compter sur les doigts de ma main le nombre de fois où je t'ai vu à de tels événements... Alors je suis en droit de m'étonner je crois.

A moins que la jeune fille ne soit plus proche de sa mère qu'il ne l'aurait cru, mais il ne voyait pas vraiment comment elles auraient pu se rencontrer, étant donné qu'Octavie ne sortait pas souvent. D'ailleurs en parlant d'elle, il ne la voyait plus... Ah si. Elle était entourée d'un groupe de femmes d'âge mûr et Ezé mettrait sa main au feu qu'elle aurait préféré être loin. Alexandre au moins pu la faire danser... La soirée battait son plein et il ne lui avait toujours pas adressé la parole plus de quelques secondes. Et puisqu'il était question de danse...

-Mais je ne t'ai même invité à danser ! Reprit-il en lui attrapant la main avec un sourire insolemment charmeur.

Il l'attira contre lui et alla même pousser le vice jusqu'à passer un bras autour de sa taille pour la guider vers la piste de danse, curieux de voir quelle serait sa réaction. Vu son caractère, elle pouvait tout aussi bien l'envoyer paître que se laisser faire pour ce mauvais moment soit vite passé.

Vendredi 4 mars 2016

La fête battait son plein, mais pour une fois Ézéchiel n'y participait pas vraiment. Ordinairement, les réceptions étaient en quelque sorte son terrain de jeu... Il s'y amusait beaucoup. Son grand passe temps était d'aller parler au plus grand nombre de personnes possible et de provoquer ces grands noms de l'aristocratie sorcière avec des phrases insolentes et des sourires provocateurs. Ou alors, avant, il allait draguer. Ou même attendre qu'on le drague. Généralement il lui suffisait de prendre un verre et de sourire pour qu'une horde de femmes viennent lui faire la causette. Ah, une autre chose qu'il adorait mais qu'il ne faisait pas souvent, c'était de piquer les conquêtes de son cousin. Bon, pas les sérieuses bien sûr, mais il s'amusait beaucoup comme ça de temps en temps. Il suffisait de regarder Théo, et lorsque ce dernier repérait un garçon qui lui plaisait, il attendait qu'il lui parle un peu puis il s'approchait pour s'incruster dans la discussion et séduire le pauvre sur qui il avait jeté son dévolu. Bon après il ne fallait pas en abuser. Mais c'était drôle de voir les regards lourds de représailles du brun -qui trouvait toujours de divertissantes vengeance à son encontre par la suite, d'ailleurs.

Mais ce soir, il restait sage. Bon, disons qu'il n'allait embêter que sa sœur, mais c'était légitime pour une fois ! Enfin, à peu près. Il devait dire que sa curiosité à l'égard de la jeune fille, déjà assez grande, avait augmenté en l'écoutant parler. Hum, elle avait du répondant ! Voilà qui n'était pas pour lui déplaire. Sans doute avait-elle hérité du gêne Crowford pour ça. Mais à vrai dire, il était surtout heureux de constater qu'elle mordait à l'hameçon. Il avait horreur de provoquer quelqu'un et que cette personne ne réponde pas à sa provocation. Fort heureusement, ça n'arrivait presque jamais. Et quand ça arrivait... Il en rajoutait une couche jusqu'à ce que son interlocuteur craque. On n'ignorait pas un Crowford. Il répondit à sa réplique par un sourire à la fois sibyllin et taquin et par un haussement de sourcil assuré.

Oui décidément, la demoiselle avait sans nul doute du sang Crowford dans les veines, son masochisme en témoignait... Puisqu'elle semblait l'apprécier. Ce devait être un autre trait commun à leur famille d'apprécier des choses qui leur était a priori néfaste. Mais un Crowford savait transformer le néfaste en avantage et en positif ! Comme lui l'avait fait pour son petit poufsouffle par exemple. Au moins, si elle l'aimait bien, l'annonce de lien de parenté serait accepté plus facilement. Parce que maintenant qu'il l'avait rencontré, il pensait le lui dire oui. Bon, peut-être pas ce soir, en plein milieu d'une réception, il allait éviter.

-Oh j'aurais beaucoup aimé te parler plus tôt crois le bien, mais hélas... Puisque je n'avais pas le plaisir de te voir à ces soirées je ne pouvais pas t'adresser la parole. Et aujourd'hui, me voilà attiré par ton joli décolleté...

Il l'attira ensuite sur la piste de danse. Il était curieux de voir quelle serait sa réaction, et cet endroit était le meilleur pour discuter tranquillement, en évitant les oreilles indiscrètes. Parce qu'il était bien connu que tous les danseurs étaient en fait d'invétérés bavards qui ne demandaient qu'à pouvoir causer en toute discrétion. D'ailleurs il n'eut même pas besoin de suivre cette règle parce qu'Elaeh s'en chargea elle-même, ce lui tira un sourire amusé.

-Sweetie, voyons... Fit-il en levant les yeux au ciel. Si tu étais plus accoutumée aux réceptions je me serais intéressé à toi bien plus tôt...

La faisait virevolter avec brio, il plongea ses yeux dans les siens en lui servant un petit sourire insolent.

-Ou pas, ajouta-t-il après deux secondes sans se départir de son sourire.

Parce qu'il devait avouer que clairement, il n'aurait pas adressé à la jeune fille avant ça. On voyait trop qu'elle n'était pas du genre à être facilement séduite. Quoiqu'il aurait pu aller lui parler juste pour le plaisir d'échanger quelques mots avec une demoiselle au fort caractère.

-Il y a peut-être quelque chose de particulier, oui. Mais ce serai trop facile si je te le disais...

Vendredi 4 mars 2016

Ezéchiel laissa couler son regard le long la silhouette de la jeune femme. Elle était belle et avait une taille agréablement fine et marquée, mais hélas elle était désespéramment plate.

-Oui c'est vrai, concéda-t-il l'air détaché mais néanmoins insolent. La taille de ton décolleté ne m'aurait jamais poussé à te parler... Pour la simple et bonne raison que ça ne sert à rien de montrer ce qu'on n'a pas.

Il lui adressa ensuite plein de fausse politesse et coupa court à leur conversation en l'emmenant sur la piste de danse. Puisqu'elle était issue de la haute bourgeoise, elle savait forcément danser. D'ailleurs y avait-il un seul sang-pur qui ignorait cet art ? Pour être accepté dans la cour des grands, il fallait jouer leur jeu et faire comme eux. Alors mieux valait être à l'aise sur ses pieds. D'ailleurs il ne fut pas déçue, elle savait y faire. Bon, il avait déjà eu de meilleures partenaires, à commencer par sa mère, mais elle était tout de même douée.

Il eut un rire narquois en l'entend répondre. Évidemment que c'était faux, mais il se voyait mal lui annoncer au beau milieu d'une réception que son père était un adorable sang-pur nommé Alexandre Crowford. Il n'avait pas envie d'une effusion d'amour et de retrouvailles mièvres. Bien sûr bien sûr.

-Nous le savons en effet, alors pourquoi s’appesantir encore sur la question ? De toutes façons je ne te dirais rien. Du moins... Pas ce soir, conclut-il avec un sourire mystérieux.

Il approcha son visage dangereusement près du sien, comme s'il allait l'embrasser, l'empêchant de reculer car il la tenait par la taille, mais au dernier moment il continua sa route pour aller jusqu'à son oreille, où il lui souffla :

-Qui a dit que je voulais discuter ? Je voulais juste.... T'observer.

Sur cette réponse sibylline, la musique s'acheva et, tout à fait théâtralement, le riche héritier se détacha de sa partenaire et, en la dépassant, il ne put résister à l'envie de lui mettre une petite tape sur les fesses. C'était trop tentant. Mais à présent, il était fixé. Il savait qu'il pouvait lui avouer leur lien de parenté. Elle semblait être assez forte et mature pour l'accepter. Bon, sans doute aurait elle un peu de mal à avaler cette douloureuse pilule, mais... Au moins elle ne serait plus fille unique ! Et Ezéchiel avait hâte d'apprendre à la connaître. Elle avait l'air d'être une femme remarquable. Ce qui était normale pour une Crowford après tout. Sa mère prouvait bien que les dames de la famille avaient toutes quelque chose de particulier.

Il traversa la piste avant de sortir de la pièce. Quitte à partir autant s'en aller définitivement de la soirée. De toutes façons il ne pourrait pas parler à Octavie parce qu'elle serait trop prise par les autres invités... Autant aller rejoindre Beny. Il passerait une très bonne soirée avec lui ! Montant dans sa chambre, il prit de la poudre de cheminette et se matérialisa chez son amoureux. La vraie soirée allait pouvoir commencer...