— Harry Potter, dit-il très doucement.

Sa   voix   aurait   pu   se   confondre   avec   le crépitement du feu.

— Le Survivant.

Les   Mangemorts   ne   bougeaient   pas.   Ils attendaient. Tout attendait autour d’eux. Hagrid se débattait et Bellatrix haletait. Inexplicablement, Harry songea à Ginny, à son regard flamboyant, à la sensation de ses lèvres contre les siennes... Voldemort   avait   levé   sa   baguette,   la   tête toujours penchée de côté, comme un enfant en proie à la curiosité, se demandant ce qui arriverait s’il poussait les choses plus loin. Harry soutenait le regard des yeux rouges. Il voulait que tout se passe vite, pendant qu’il pouvait encore tenir debout, avant qu’il ne perde le contrôle de lui-même, avant qu’il ne trahisse sa peur...

Il vit alors la bouche remuer, puis il y eut un éclair de lumière verte et tout disparut.

Voici l'histoire telle que vous la connaissez. Le grand, fort et courageux jeune sorcier qui terrassa le plus grand mage noir que la terre n'ai jamais connu du haut de ses 17 ans.. Le sauveur... Celui qui défia le mal et remporta la bataille contre celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Celui qui rendit notre monde plus blanc, plus beau, qui instaura la paix et veilla sur sorciers et moldus jusqu'à son dernier souffle. Plutôt accrocheur comme récit, n'est-ce pas ? Mais alors imaginez. Juste une seconde. Ouvrez grand votre esprit, votre imagination, votre troisième oeil si vous voulez. Imaginez un instant un monde, où ce ne seraient pas toujours les gentils qui gagnent à la fin, comme dans tout bon conte pour moldu qui se respecte. Un monde de violence, de fourberie, où le mal ne se cache plus. Où il est enraciné si profondément que tout espoir est impossible. Un monde où les moldus n'existent plus, où les sangs-mêlés sont traités comme des moins-que-rien et où être cracmol est le pire handicap que vous puissiez souhaiter à votre enfant. Un monde, où toutes vos craintes se seraient réalisées, où celui-dont-o... Voldemort, aurait remporté la guerre. Où ni vous ni vos enfants ne pourriez vivre simplement en paix, parce que la paix elle-même n'aurait plus aucun sens.  

Non, c'est trop fort de café pour vous ?

Eh bien il serait grand  temps de vous défaire de vos douces illusions: c'est le monde dans lequel nous vivons depuis 20 ans. Je suis le dernier membre de la résistance de Chelsea. Et dans mon monde cet éclair de lumière verte à laquelle j'ai fait allusion plus tôt ne marque pas la renaissance mais la mort d'un héros. Parce que oui, votre héros est mort. Alors qu'on aurait grand besoin de lui à l'heure actuelle. Parce que celui qui, à l'heure où je vous parle, est assis sur le grand fauteuil en cuir de niffleur du ministre de la magie n'est autre que Voldemort. Et qu'il aprécie vraiment, vraiment ça. Parce que vous devez savoir qu'aujourd'hui, les sorciers de notre monde ne se cachent plus des moldus. Autant faudrait-il qu'il y ai des moldus encore en vie pour ça. Nous vivons tous sous les règles de Voldemort, qui a également pris avec joie le siège de directeur de Poudlard pour "éduquer les jeunes générations et remettre les sangs de bourbe sur le droit chemin". Les rebelles, moldus et la plupart des créatures magiques sont traqués jusqu'à la mort. Les quelques rares résistants comme moi qui se cachent se regroupent dans des lieux tenus secrets pour organiser des actions contre le gouvernement en place. Mais avec la magie, il est de plus en plus dur de faire notre travail sans perdre des notres. Les mangemorts sont toujours plus nombreux, l'armée crois aussi vite que le nombre de partisans à la cause de Voldemort, et notre motivation ne sera pas éternelle. Nous avons besoin d'aide. Mais qui se ralliera à notre cause ? Qui n'est pas effrayé par les mangemorts, par les exécutions hebdomadaires, par la terreur instaurée par Voldemort ?
La situation est critique. Nous avons réellement besoin de soutient dans nos rangs. Et j'espère que qui que vous soyiez, en train de lire ce journal, vous poursuivrez mon oeuvre. Parce que je sais qu'à l'heure où j'écris ces lignes, ils viennent me chercher moi aussi.