Je ne travaillais pas aujourd’hui, donc je pouvais prendre la journée pour relaxer et profiter de la belle température… C’est ce que je pensais jusqu’à ce que je reçoive un hibou d’une de mes amies qui est réceptionniste à Sainte-Mangouste. Elle disait qu’elle n’avait pas vraiment le droit de m’informer de la présence d’un des patients, mais elle savait que j’aurais aimé qu’on m’avertisse pour celui-ci : Christopher a été hospitalisé hier soir et il est toujours là ce matin. Sous le choc, j’ai froncé les sourcils. Ça doit être quand même grave s’il a dû rester toute la nuit, non? Est-ce que je dois y aller? Bien sûr que j’aimerais lui apporter mon soutien, mais la question est : est-ce qu’il en a envie? Christopher a été mon meilleur ami pendant de longues années lorsque nous étions à Poudlard. Je dois même avouer que j’ai développé des sentiments pour lui – détail que personne ne sait – même si je ne lui ai jamais avoué. Je ne voulais pas ruiner notre belle amitié, je ne voulais pas le perdre. Le seul problème, c’est que j’ai quand même fini par le perdre, puisqu’il a coupé les ponts dès notre sortie de Poudlard. Pendant des semaines, je me suis demandée ce que j’avais bien pu faire pour qu’il m’abandonne comme ça, pour qu’il cesse de me donner des nouvelles et pour qu’il refuse de me voir. J’ai eu beaucoup de difficulté à passer par-dessus, mais je n’ai pas eu le choix d’accepter la situation telle qu’elle était. Et maintenant, je reçois un hibou me disant qu’il est à l’hôpital et qu’il est dans un sale état? Là, c’est vraiment trop pour moi. Je me fiche complètement qu’il ne veuille plus de moi dans sa vie, je vais le voir un point c’est tout. Je n’ai pas plus réfléchi à la situation, je suis partie aussi tôt que possible vers Sainte-Mangouste.

C’est une fois arrivée près de la porte de sa chambre que je suis restée figée. Ça faisait un bail que je ne l’avais pas vu, comment allait-il réagir? Mais c’était plus fort que moi, je devais le voir. Je suis donc entrée à toute vitesse dans la chambre où il était. Une tornade d’émotions m’a submergée, un mélange de peur, de joie de le retrouver, de colère, d’étonnement et de tout plein d’autres émotions que je ne saurais déchiffrer.

« Christopher… »

Il est dans un terrible état. Je suis sous le choc, je n’arrive pas à parler.

« Olivia, qu'est-ce que tu fais ici? Comment tu as su? »

J’avais l’impression d’avoir plus d’une personnalité et de ne pas savoir laquelle je devais prendre à cet instant. Comment j’étais censée agir après tout cela? Mais Christopher reste Christopher, qu’on se soit vus récemment ou non. Je suis plus inquiète pour lui qu’autre chose, ce qui se voit surement dans mon visage. Je suis terrifiée à l’idée de savoir comment il a bien pu finir dans cet état.

« Tu m'as manqué tu sais … et je … je suis désolé de t'avoir menti … je … je ne voulais pas t'inquiéter. »

Mentir? Je ne comprends pas. Mentir sur quoi au juste?

« Comment peux-tu m’avoir menti si tu ne me parlais même plus? »

Mon ton était un peu plus direct et accusateur que prévu, c’était sorti tout seul. Je crois que je retenais ma tristesse et ma colère depuis trop longtemps. Mais ce n’était ni l’endroit ni le moment pour parler de ce qui s’était passé.

« Non, mais on s’en fiche de tout ça, on en reparlera plus tard! Pour l’instant, c’est ta santé qui est en jeu. Mais qu’est-ce qui s’est passé bon sang? »

Je ne l’ai jamais vu aussi amoché. Je n’arrive pas à imaginer ce qui a bien pu se passer…

Ça faisait bien longtemps que j’attendais le jour où je pourrais enfin le revoir. Toutefois, je ne m’étais pas imaginé ce jour dans un hôpital. Je m’inquiète pour Christopher et je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qui a causé sa présence ici. Il est dans un tel état… Il me fit signe de m’asseoir près de lui, se poussant un peu pour me faire une place. Je me suis donc assise doucement sur le lit, de peur de lui causer de la douleur déjà plus qu’il peut en ressentir en ce moment. Souriant, il m’assura qu’il allait tout m’expliquer. Il souhaitait que je lui pardonne, mais je ne suis pas certaine si je peux le faire en une seule journée. Ça pourrait me prendre un peu de temps avant d’accepter la situation. Je m’étais habituée à ne plus être torturée par son absence, je ne souhaite pas réveiller la souffrance qui dort en moi. Je ne veux plus te perdre. Ces mots me firent un pincement au cœur. Après tout, c’est lui qui m’avait poussé à ne plus le voir. C’est de sa faute s’il m’avait perdue. Il m’affirma qu’il allait bien. Je levai un sourcil en entendant ça, il n’avait vraiment pas l’air de quelqu’un qui se porte bien.

« Est-ce que je peux faire quelque chose pour que tu ailles mieux Chris? »

Malgré tout ce qui s’était passé, je continuais de vouloir son bien, c’était plus fort que moi. Je n’aimais vraiment pas le voir aussi amoché, je me sentais totalement impuissante. Et puis il cracha enfin le morceau : ce secret qu’il me cachait depuis si longtemps. J’étais vraiment sous le choc. Je me suis levée d’un coup sec, la main sur le front. Je me mordis la lèvre, j’étais terrifiée à l’idée de tout ce qu’il avait dû endurer pendant toutes ces années. Jamais je n’aurais pensé qu’il vivait ça. Il avait l’air si heureux autrefois, personne ne pouvait deviner que de telles horreurs se produisaient chez lui. Je n’en revenais pas. Ma voix se cassa quand je me décidai enfin de briser le silence qui planait dans la pièce.

« Je… Tu n’as pas à en avoir honte voyons! Je suis si désolée Chris… »

Comment avais-je pu être aussi aveugle? J’étais surement la pire amie qu’on peut avoir! Je n’ai même pas été fichue de m’apercevoir qu’il n’allait pas bien en sortant de Poudlard! J’aurais dû comprendre que me repousser était en fait un cri à l’aide…

« Si j’avais été là pour toi… Peut-être que tu ne serais pas dans un tel état. »

Je me rassis sur le lit, loin dans mes pensées. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mon meilleur ami, se faisant battre par un homme. Ces images me brisaient le cœur. Et si on avait pu éviter ça? Je lui pris la main, comme pour lui montrer mon support.

« Je ne te laisserai pas seul là-dedans. Je… Je suis là pour toi Chris. »

J’étais en colère. Oh! Tellement en colère contre son père. Et non seulement contre son père, mais aussi contre sa mère qui n’avait rien fait pendant tout ce temps. Des tas de questions se bousculaient dans mon esprit. Mais je ne voulais pas le bombarder tout de suite. Il m’en avait déjà dit beaucoup, ça ne devait pas être facile à avouer. J’étais prête à attendre qu’il soit prêt pour m’en parler un peu plus. Je n’allais pas le forcer, j’allais rester à ses côtés et faire mon possible pour qu’il passe au travers de cette lourde épreuve.