11 avril

Ian n'aimait pas trop savoir Eden dans l'infirmerie, derrière son dos à regarder tout ce qu'il faisait. Non pas à cause d'éventuelles critiques car après tout le médicomage c'était lui, pas elle, mais à cause du secret professionnel. Aux urgences, on faisait toujours sortir les proches et moins proches de la pièce, surtout quand les choses se compliquaient. C'était un sujet qu'il allait devoir aborder avec Eden et Liam. Le fait qu'ils soient les dirigeants de la Résistance ne leurs donnaient pas de passe droit dans son infirmerie, ils allaient devoir s'y faire. Mais il ne voulait pas aborder le sujet maintenant tout simplement parce qu'il n'avait pas le temps de le faire. Gideon avait besoin de soins urgent, il n'avait pas de temps à perdre. Mais dans un avenir très proche, il allait falloir qu'il monte une paroi ou autre pour créer une salle d'attente et ainsi interdire l'accès au cabinet lui-même à ceux qui n'auraient rien à y faire.

Ian avait l'habitude des hurlements de douleurs mais il n'aimait pas cela pour autant. Il avait pour vocation de sauver des vies, pas d'être un tortionnaire mais malheureusement, parfois cela allait de pair comme en cet instant. Il fut soulagé quand il remarqua que Gideon perdait connaissance. Non pas pour ses oreilles mais pour son patient. Inconscient, il était sauvé de la douleur pour un temps.

Le médicomage avait presque fini quand Gideon revînt à lui et l'une des choses qu'il craignait justement se produisit. Sous la douleur, l'épuisement et la peur, les blessés avaient tendance à vouloir soulager leur conscience. Le faire au médicomage n'était pas grave grâce au secret médical. Oui mais voilà, Ian et Gideon n'étaient pas seuls dans la pièce.

Ian l'écouta avec attention tout en cautérisant le moignon qui, un instant plus tôt, avait été un bras.

Tu pourra le lui dire toi-même, ne t'en fais pas, lui répondit-il d'une voix très douce comme un père tentant de réconforter son enfant, passant du vous au tu sans vraiment y réfléchir. Ça va aller maintenant.

Quand il entendit Gideon s'adresser à Eden, il le laissa faire, termina son travail avant de réclamer la fameuse fiole. Son blessé s'était à nouveau évanouit mais ce n'était pas un problème vu que la potion devait être injectée et non avalée.

Après avoir remplit la seringue, Ian poussa un long soupire et se détendit enfin. Cela avait été moins une mais le stress, bien qu'il en ai rien montré, redescendait à présent qu'il était presque certain que Gideon s'en sortirait.

Sans un mot, il lui injecta le produit puis pansa le moignon de Gideon. Il devait être épuisé, il avait besoin de repos mais il se pourrait qu'il reprenne encore connaissance.

Ian se leva et s'étira en levant les bras loin au-dessus de lui avant de s'approcher d'Eden.

Il s'en sortira. Mais je dois te demander de ne plus jamais entrer ici de la sorte. Je ferai les travaux nécessaire pour couper la pièce. Liam m'a assuré que le secret professionnel serait respecter avec mes patients mais ta présence me prouve que non. Et ça je ne peux pas l'accepter.

Ian avait parler d'un ton calme et amical mais il était clair à son expression qu'il ne se laisserait pas fléchir et ce, quoi que lui dise Eden. S'ils voulaient un médicomage qui les laisseraient aller et venir comme ils voulaient dans les dossiers de ses patients, ils allaient devoir trouver quelqu'un d'autre que lui.

Gentiment, il posa alors sa main sur l'épaule de la jeune femme.

Il va survivre, ne t'en fais pas. Je connais le meilleur prothésiste magique du pays, il fait des miracles. Je vais lui envoyer un hibou.

Il serra un peu l'épaule d'Eden puis fit demi-tour pour retourner vers le nouvel amputé pour voir s'il revenait à lui avant de prendre le bras désormais inutile et de le ranger dans un sac. Il le détruirait par la suite mais certains patients amputés ressentaient le besoin de voir leur membre manquant pour réellement réaliser ce qu'il se passait.