15 mars


Je faisais ma ronde près des frontières, espérant trouver quelqu’un qui enfreindrais les règles. J’ai toujours aimé patrouillé de nuit. C’est comme si la nuit réveillait en moi ma véritable nature. J’ai beau avoir l’air gentil et être aimable ou diplomate … il n’en reste pas moins que je fais parti des gens de l’ombre, de ceux qui sont pour le gouvernement d’O’Connor et de ceux que beaucoup déteste. Je ne sais même pas au fond pourquoi j’en suis … peut-être qu’en réalité je le sais. Je n’ai pas envie de décevoir mon grand-père et puis mon père m’a abandonné … les moldus ne méritent pas ma reconnaissance, du moins lui ne la mérite pas. Je ne sais pas si tous sont pareil, mais ceux que j’ai croisés ne m’ont pas inspiré confiance, alors je crois ce que me dit mon grand-père. Je crois qu’on est plus fort, plus puissant qu’eux et que tout ce que fait le ministère est de nous protéger. Je ne vois pas où est le mal. J’ai tellement eu l’habitude de la magie qu’elle fait partie de moi et qu’un monde sans elle me semble inconcevable alors ça m’arrange plus qu’autre chose de voir des sorciers partout et de ne pas avoir la crainte que l’on soit découvert. Ils nous persécuteraient, comme ils l’ont déjà fait par le passé. Les chasses aux sorcières, merci pour les sorciers d’ailleurs, ont étés nombreuses au fil des siècles. Je ne tiens pas vraiment à ce que cela se reproduise. C’est mieux pour nous.

Je surveille donc les lieux, mais tout à l’air calme. On dirait que ce n’est pas ce soir qu’il y aura de l’action. Je soupire. C’est tellement jouissif lorsque je peux agir que je quand je dois attendre que ça se passe, je m’emmerde royalement. J’allais repartir lorsqu’enfin dans l’ombre j’ai entendu un crac, indiquant clairement que quelqu’un venait de transplaner. Un grand sourire s’est affiché sur mon visage. Enfin un peu d’action. J’ai levé ma baguette et ni une ni deux me suis diriger vers le nouveau venu. Sans crier gare j’ai lancé un incarserem  et des cordes se sont enroulées autour de cet inconnu l’empêchant ainsi de faire le moindre geste et d’approcher plus de la frontière. Je n’ai pas encore vu de qui il s’agissait, j’ai juste distingué une silhouette masculine. Je suis loin de me douter que je connais cette personne. Lorsque j’arrive près de cette personne, mon sang ne fait qu’un tour dans ma tête. Merde. C’est le cousin d’Ezéchiel. Théodore Crowford. Je me suis pincé la lèvre et j’ai fini par courir pour me montrer et lui faire comprendre que c’était moi, qu’il ne devait pas s’imaginer devoir combattre quelqu’un. Arrivé à sa hauteur je lui ai dit d’une voix nerveuse et inquiète :

« Théodore ! Je suis désolé. Je ne savais pas que tu venais ce soir. Je pensais que c’était quelqu’un d’autre. »

J’espère qu’il ne sera pas furax. Je connais la réputation des Crowford, mon meilleur ami en est la preuve et généralement ils n’aiment pas ce genre de petites surprises, mais je sais aussi que Théo est plus compréhensif  qu’Ezéchiel.

« Je vais t’aider. »

J’ai levé le sortilège le libérant ainsi des cordes. Je me sens très mal à l’aise et j’ai le sentiment de passer encore une fois pour un idiot de première.

« Je suis désolé. Je … »

Je ne sais même plus quoi dire pour me justifier. Il m’a toujours impressionné aussi, c’est sans doute ça aussi qui m’effraie un peu. Je ne sais pas à quoi m’attendre et je déteste cette sensation.

Je me sens tellement idiot. Théodore. Ce n’est pas un brigand ou un passeur, c’est le cousin d’Ezéchiel. Je ne sais pas ce que j’ai dans la tête. Je ne savais même pas qu’il était de service ce soir. Je l’aide rapidement à se défaire de ses cordes et me confonds en excuses. S’il avait l’air surpris au début, lorsqu’il m’a reconnu j’ai vu son visage se détendre. Il est aussi sexy qu’Ezéchiel … il faut que j’arrête de penser ce genre de choses. Je ne peux pas penser à Théodore de cette façon là, c’est son cousin. Ce serait vraiment trop bizarre, même si au fond … Il faut que j’arrête même si c’est plus fort que moi.

« Je suis vraiment désolé Théo. Je … je ne t’avais pas reconnu. Je suis parfois … disons que je prends mon travail très à cœur. »

Je me pince les lèvres. Je manque toujours de  Ce serait tellement plus simple si on pouvait oublier ce petit moment. Je crois qu’Ezéchiel serait mort de dire en sachant ça. Peut-être qu’il vaut mieux que je le garde pour moi, mais tout le monde sait que je ne suis pas doué et que les mots sortent de ma bouche parfois sans réfléchir alors je ne suis pas certain de pouvoir garder ça, même si c’est un moment très gênant, enfin plus pour lui surtout. J’ai souris quand il m’a demandé si j’étais en manque d’action. Il ne savait pas non plus que j’étais de service ce soir je lui ai répondu :

« Au moins on est deux et ouai, c’était mon tour ce soir d’être de patrouille. J’avoue  que la journée n’a pas été très mouvementée et la frontière est toujours plus intéressante. »

J’ai toujours aimé l’action. Ce n’était pas étonnant que je participe aux patrouilles près de la frontière après tout ma famille est pour le gouvernement. Je suis donc dans la même catégorie enfin officiellement, mais en réalité je me fiche un peu de tout ça. Je fais juste ce que je suis sensé faire, pour eux, parce qu’ils ont toujours été là pour moi et parce que sans l’aide de mon grand-père je n’aurais sans doute jamais eu ce poste de tireur d’élite de baguette au ministère. Je me fiche pas mal de ce qu’on peut dire. Ce qui importe c’est pourquoi je le fait et puis je n’ai de compte à ne rendre à personne.

«  Et toi alors, comment à été ta journée ? »

Ca ne doit pas être simple tous les jours pour lui non plus. Les Crowford sont … disons spéciale et je suis bien le placer pour le savoir, ce n’est pas pour rien qu’Ezé est mon meilleur ami, mais tout ce qu’on peu dire sur eux n’est pas toujours vrai. Les gens se trompent souvent et n’ont aucuns scrupules quand il s’agit de critiquer. C’est toujours plus simple de critiquer sans connaître vraiment les gens. Ils ignorent à quel point certaines conneries peuvent être grosses et parfois blessantes. Je me demande ce qui l’amène ici ce soir.

En quittant le ministère pour apporter des papiers à la place de Liam, Théodore ne s’était absolument pas attendu à tomber sur le meilleur ami de son cousin, et encore moins à finir ligoté par ce dernier ! Heureusement, lorsqu’il le reconnut, Arthur fit disparaître les liens qu’il avait fait apparaître pour l’entraver et il put, de nouveau, être libre de ses mouvements. Ah, c’était tout de même mieux ainsi ! Bon, maintenant, il allait oublier cette mésaventure et se contentait de faire ce pour quoi il était là et remettre les papiers de son foutu meilleur ami, ce qui mettrait fin à sa journée de travail. Enfin il pourrait oublier tout ça si Arthur voulait bien arrêter de s’excuser. Certes, il comprenait qu’il se répande ainsi en excuse à cause de sa maladresse, mais Théo ne lui en voulait pas et il pouvait comprendre qu’on prenne son travail à ce point à cœur, après tout, il avait Liam Rosenbow comme meilleur ami, et on pouvait difficilement prendre son travail plus à cœur que ce foutu faux australien.

-Oui, je sais que tu prends ton travail très à cœur, tu veux bien arrêter de t’excuser maintenant ? Ce n’était rien d’autre qu’un réflexe de tireur d’élite, une déformation professionnelle, et puisque c’est arrangé, ce n’est pas la peine de revenir là-dessus, tu ne crois pas ? Sans compter que tu vas finir par me mettre mal à l’aise à force de t’excuser, ajouta-t-il sur un ton amusé.

Lorsqu’Arthur avoua à demi-mot qu’il était en manque d’action, l’aîné des cousins Crowford lui adressa un sourire gentiment moqueur. Ceci expliquait donc pourquoi il se trouvait à la frontière aussi tard alors que ce n’était pas son travail. Par contre, il ne voyait pas en quoi la frontière était plus intéressante que le boulot d’un tireur d’élite. Certes, il arrivait de temps à autre qu’un sorcier fou cherche à passer de l’autre côté de cette barrière magique, mais c’était devenu moins fréquent qu’à l’époque où la frontière avait été mise en place.

-Je pensais que le boulot de tireur d’élite était plus palpitant que celui d’un patrouilleur, fit-il remarquer sur un ton pensif. Oh et je ne suis pas en service moi, je rends service à un ami, en apportant, de sa part, des papiers au patrouilleur en chef qui est de service ce soir, expliqua-t-il en regardant autour de lui. Tu sais où il est ?

Enfin bon, s’il n’était pas dans le coin, il pourrait toujours remettre les papiers à Arthur, lui le remettrait à l’homme en question quand il le croiserait, il lui faisait confiance pour ça. Bon, il devrait éviter de dire à Liam qu’il avait remis ses précieux papiers au concerné par le biais d’un intermédiaire, parce qu’il serait foutu de râler, mais l’essentiel, c’était que les documents atterrissent entre les bonnes mains ! Peu importe le chemin qu’ils faisaient.

-Oh moi, ma journée s’est bien passée, elle s’est terminée tard à cause d’un rendez-vous avec les dignitaires russes, mais j’ai eu l’accord que je devais obtenir, alors je suis content. Une bonne journée bien remplie en somme.

Le genre de journée qu’il le satisfaisait et qui lui permettait de s’endormir rapidement le soir, en allant se coucher, avec la satisfaction du travail bien fait. Le genre de journée qu’il appréciait en somme.

Je me mords la lèvre, un tic qui me prend lorsque je suis nerveux. Je dirais bien que je suis désolé mais je ne voudrais pas le froisser à nouveau, surtout qu’il vient juste de me demander d’arrêter de m’excuser. Je ne sais pas quoi dire pour me sortir de cette situation et le pire c’est que ça m’arrive tout le temps, à croire qu’il est noté sur mon front que je suis maladroit. Je me suis contenté de sourire bêtement ne sachant pas quoi lui dire d’autre.
Heureusement je l’ai vite sorti de ses liens et nous avons pu discuter d’autre chose, du travail. J’ai haussé les épaules à sa remarque. Dans certains aspects il est vrai que mon travail est plutôt excitant, mais en ce moment c’est plutôt calme et nous n’avons que des petites affaires quotidiennes et pas de dangereux criminels à pourchasser, enfin on a quelques pistes pas toujours vraies sur de possible résistants. On vérifie et on surveille pour le moment.

« Oh si parfois ça peut être très bien, mais en ce moment c’est moyennement mouvementé alors j’aime bien venir ici et espérer avoir plus d’action et tomber sur un sorcier qui essaierait de passer la frontière, puis ça fait un peu parti aussi de mon poste après tout, on surveille beaucoup. »

J’ai passé sans doute plus de temps en planque qu’en action. Je ne suis pas surpris que Théodore veuille rendre service, il est comme ça Théo et c’est sans doute pour ça que je l’apprécie.

« Il est vers le nord de la frontière. Je lui ai parlé tout à l’heure pour le prévenir que j’aidais ce soir. Je peux m’occuper de ça si tu n’as pas le temps de rester. »

J’espérais au fond qu’il ait un peu de temps, parce que je commence à m’ennuyer et que je n’aime pas forcément la solitude. Je travail parfois en équipe et je préfère largement ça que d’être seul.

« Ca n’a pas l’air di compliqué d’être chef enfin je dis ça mais je ne comprends pas un mot de russe. Tu as l’air de bien gérer en tout cas. »

J’ai toujours été impressionné par les personnes comme Théodore qui savent pleins de choses. J’en sais aussi, mais j’avoue que connaître d’autres langues m’aurait sans doute plus. Je n’ai juste pas la patience. Je me plains mais au fond j’aime quand même beaucoup mon travail. Je fais respecter les lois, il n’y a rien de plus important pour moi et en plus je fais partie de la brigade d’élite alors je n’ai pas à me plaindre non plus, que se soit du salaire ou de mon poste, au fond ça me convient très bien. Je m’ennuie juste sur le moment parce que j’ai attendu toute la journée.

« Je ne suis pas trop mal à cette place finalement. La journée à été juste trop banale, mais il y a des bons jours avec plus d’action, heureusement qu’il y a toujours des résistants à tout. »

Le gouvernement aurait pu être l’ancien et peut encore changer, je sais que je ne risque pas de perdre mon travail. Je m’adapte à toutes sortes de situations. Ma famille n’est pas si cataloguée que je le croyais, certes mon grand-père travaillait au ministère et j’ai pris sa suite, mais il a toujours été plutôt discret dans ses convictions, comme je le suis pour certaines choses aussi.

Apparemment, Arthur aimait l’action et il n’en avait suffisamment dans son travail de tireur d’élite en ce moment, du moins, pas assez à son goût. Donc il venait faire des heures supplémentaires près de la frontière dans l’espoir d’attraper un inconscient qui essaierait de passer. Moui, très peu pour lui ce genre de choses en tout cas ! Théodore préférait de loin la diplomatie et son statut dans les relations internationales ! Il ne se voyait pas du tout courir après des sorciers à moitié fou, voire complètement psychopathe. Il préférait la finesse des négociations et la subtilité de la manipulation dont il avait parfois besoin dans son travail. Par contre, si Arthur était en mal d’action, il pourrait peut-être en parler à Liam, ce dernier ne faisait que dire qu’il avait de plus en plus de dossiers et que certains traînés. S’il ne se plantait pas, il travaillait, entre autre, sur le cas du boulanger assassiné, ce devait être quand même plus palpitant que de surveiller un mur invisible. Surtout que la frontière était en place depuis deux ans, les sorciers désirant la franchir n’étaient pas complètement stupides – du moins pour la plupart – et ils devaient sans doute essayer de passer là où il avait le moins de monde. C’était ce qu’il ferait lui en tout cas. Passer par la campagne par exemple.

-Moui si tu le dis, et ça ne dérange pas les patrouilleurs que tu leur piques leur travail ? demanda-t-il sur un ton amusé et légèrement moqueur.

Par contre, quand il lui proposa de donner lui-même les papiers de Liam au type à qui ils étaient destinés, Théodore lui adressa un sourire reconnaissant en lui tendant les dossiers. Il n’avait pas envie de courir après ce type pendant des heures et si Arthur savait où il se trouvait, autant qu’il s’en charge ! En espérant que Liam ne l’apprenne jamais par contre.

-Merci Arthur, tu me rendrais un grand service. Non pas que je sois pressé, mais je n’ai pas vraiment envie de perdre un temps fou à chercher une personne en mouvement. Sans compter que je ne sais même pas à quoi ressemble ce type, ajouta-t-il avec un petit rire.

Quand la conversation dériva sur le boulot, encore, et notamment sur ce qu’il avait fait de sa journée, Théodore ne put s’empêcher d’éclater de rire quand Arthur lâcha que ça n’avait pas l’air difficile d’être chef. Un rire franc et amusé, réellement. Il lui fallut quelques secondes pour se remettre et retrouver son état normal. Entre-temps, le jeune homme était allé jusqu’au bout de sa réflexion et avait parlé de son propre travail.

-Détrompe toi, c’est très compliqué au contraire ! C’est plein de paperasses, de règles en tout genre, de réunions interminables, et de tout ce genre de choses qui prennent du temps. Et encore, je ne suis que chef adjoint moi, fit-il remarqué avec un petit rire. Mais j’aime mon boulot, vraiment, même si des fois il y a certaines choses plus chiantes que d’autres. Et puis, tu en connais beaucoup des boulots où tu peux boire de la vodka avec tes interlocuteurs toi ?

Et quand ce n’était pas les russes avec leur vodka, c’était les français et le champagne, les italiens et le vin, les chinois et leur alcool de riz. Heureusement qu’il tenait bien l’alcool ! Il n’aurait pas pu faire ce métier sinon ! Vu qu’apparemment il était de coutume d’arroser un accord quand il était signé, ce qu’il pouvait comprendre, mais parfois c’était tout de même un peu trop.

J’ai haussé les épaules à sa question. Si ça dérangeait les patrouilleurs ? Qu’est-ce que j’en avais à faire au fond ? Ils n’ont pas grand-chose à dire de toute manière, pour certains je suis plus haut placé qu’eux dans la hiérarchie du ministère, il est vrai que pour la plupart on est au même niveau et puis on le l’aurait dit si ça dérangeait vraiment non ? C’est comme ça que je vois les choses, mais je suis peut-être trop idéaliste. De toutes manières, ça ne change pas que je me fiche un peu de tout ça. Je fini par lui répondre :

« Je n’en sais rien et à vrai dire … je m’en fou un peu. Je les aide c’est déjà pas mal. On ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de monde pour le faire. »

Ils devraient être heureux plutôt que de s’en plaindre car les pro-gouvernementaux ne courent pas, même si la plupart sont justement au ministère. Enfin bref, ce n’est pas tellement important. Théodore était là pour rendre un dossier à un des chefs, je lui ai proposé de faire le messager. Je peux bien faire ça pour lui, c’est le cousin d’Ezéchiel et puis … je dois dire qu’il est plutôt très mignon et qu’il m’impressionne beaucoup. Je crois que je pourrais faire n’importe quoi pour lui faire plaisir.

« Oh c’est un grand type baraqué à moitié chauve. Il allait vers la frontière nord quand je l’ai vu tout à l’heure. J’irais le rejoindre là-bas et si je ne le trouve pas je lui donnerais à la fin du service, généralement il retourne au ministère après ses patrouilles. Je l’attendrais. »

Je peux bien faire ça. Je n’ai pas grand-chose d’autre à faire cette nuit de toute manière et puis il à l’air ravi alors c’est une raison de plus de lui rendre service. J’ai souris lorsqu’il m’a parlé de son travail. Il a l’air tout de même d’aimer ce qu’il est fait. J’ai ris et j’ai répondu :

« Eh bien je suis contente de n’être qu’un tireur d’élite, on a aussi de la paperasse et ça ne m’enchante déjà pas toujours de devoir remplir mes dossiers et puis je tellement maladroit que je pourrais faire des tas de gaffes, je pense que même mes supérieurs sont content que je sois juste membre de la brigade. »

Il m’est arrivé de faire tellement de maladresse quand je suis au bureau, heureusement que ce n’est pas la même chose qu’en je suis en mission sinon ça aurait pu me coûter ma place. J’ai juste besoin d’être sur le terrain. Je n’aime pas être enfermé dans un bureau, c’est sans doute ça qui fait toute la différence.

« Tu as vu Ezéchiel ces derniers temps ? »

Je ne sais même pas pourquoi j’ai posé la question, c’est sorti tout seul. Peut-être que je me demande ce qu’il fait au fond. Je l’ai vu si souvent au bras de Valandra, je sais qu’il cache son jeu et que ce n’est qu’une façade, je ne peux pas lui en vouloir, mais j’espère juste qu’il sait ce qu’il fait et qu’il va bien. Je n’ai pas tellement pris de ses nouvelles ces derniers temps.

La manière dont Arthur considérait les patrouilleurs sidéra Théodore, mais il ne laissa rien paraître. Il se « foutait » de savoir s’il dérangeait ou non les patrouilleurs ? Et en plus il se permettait de dire qu’ils devraient être contents qu’il les aide. Non vraiment, le Crowford n’en revenait pas d’une telle arrogance, mais il n’en laissa absolument rien paraître. Le brun aurait été curieux de savoir comment réagirait Arthur si des patrouilleurs venaient traîner dans ses pattes pendant qu’il était en pleine enquête. Il était prêt à parier qu’il n’apprécierait pas vraiment cette intrusion, mais il ne le saurait sans doute jamais. Dommage d’ailleurs, ça lui ferait peut-être ravaler son arrogance. Quant à son affirmation concernant le peu de personnes qui patrouillaient, là encore Théodore n’était pas d’accord avec lui. D’après ce que lui avait dit son père, les rangs des patrouilleurs étaient gonflés suffisamment, en tout cas, ils ne manquaient pas de personnels. Même si on ne les voyait pas souvent près de la Frontière, mais après tout, c’était leur travail non ? Surveiller la Frontière magique sans se faire remarquer pour débusquer les éventuels hors la loi. C’était d’ailleurs pour ça que peu de personnes connaissaient le nombre exact de patrouilleurs. La méprise d’Arthur venait sans doute de là, enfin bon, chacun pensait ce qu’il voulait hein.

Il n’allait pas lui dire le fond de la pensée, surtout pas maintenant qu’il était d’accord pour apporter au chef des patrouilleurs le dossier de Liam, lui évitant ainsi de chercher ce type pendant des heures. D’ailleurs, quand Arthur lui décrivit le type en question, Théodore fut soulagé de ne pas avoir à le chercher, à tous les coups, il l’aurait loupé. Ou alors, il n’aurait pas pensé qu’il puisse être le chef de la section de cette nuit.

-Merci Arthur, c’est gentil de ta part, tu me rends un grand service, lui répondit-il avec un sourire.

Théodore n’était pas surpris qu’Arthur préfère être tireur d’élite plutôt que chef adjoint, il avait l’air d’être un homme de terrain, il ne supporterait sans doute pas de passer toute sa journée derrière un bureau à traiter des dossiers qui nécessitaient de la diplomatie. Quant à sa maladresse, c’est clair que s’il se répétait plusieurs fois par semaine qu’il était maladroit et qu’il ferait des gaffes, ça n’allait pas s’arrangeait plus lui. A croire qu’il essayait de s’auto-convaincre qu’il était, effectivement, maladroit, mais Théodore n’avait pas vraiment envie de se lancer dans un débat sur la psychologie, aussi garda-t-il son avis pour lui. Peut-être qu’un jour il lui ferait part de ce qu’il pensait de tout ça, mais certainement pas ce soir, alors qu’il faisait nuit et qu’il avait eu une longue journée. Sans compter les cinq verres de vodka qu’il avait bue !

-Ils sont sûrement contents parce que tu fais du bon travail, fit-il remarquer avec un sourire en coin amusé. Et puis, l’important c’est d’avoir un travail dans lequel on se sent bien, tu penses pas ?

L’évocation d’Ezéchiel intrigua Théodore, Arthur n’était-il pas supposé être le meilleur ami de son cousin ? Il aurait pensé qu’ils se voyaient plus régulièrement que ça. Quoique, Ezéchiel semblait un peu bizarre ces derniers temps, il faudrait qu’il songe à le cuisiner pour savoir ce qu’il lui arrivait. Ça venait peut-être de l’approche de la fête organisée en l’honneur de ses fiançailles avec Valandra, mais il en doutait, ça ne ressemblait pas à Ezé ce genre de choses.

-Oui, je l’ai vu hier, je suis passé le voir pour prendre de ses nouvelles et boire un verre avec lui. Il va bien, enfin bon, il est rare qu’Ezéchiel aille mal entre nous, ajouta-t-il sur un ton amusé.

Ce n’était pas tout à fait vrai, pendant une période, Ezéchiel lui avait semblé relativement déprimé, mais la situation s’était arrangée depuis et il avait retrouvé sa bonne humeur et son mordant habituel. Ce qui avait fait plaisir à Théodore, mine de rien, il adorait son cousin et tout ce qu’il voulait, c’était son bonheur.

J’aurais peut-être du garder mes impressions pour moi. Heureusement que j’avais à faire à Théodore et pas à quelqu’un d’autres. Je devrais apprendre à modérer mes propos, surtout lorsqu’il s’agit des patrouilleurs. Je reste honnête au moins, un peu trop sans doute. Ca ne plait pas à tout le monde, mais je sais que je peux me le permettre face à lui. Ca aurait été mon grand-père, je n’aurais sans doute pas dit ça. Je devrais tout de même tourner plusieurs fois ma langue dans ma bouche avant de parler. Il me remercie de bien vouloir lui rendre ce service. Je lui réponds avec un sourire :

« Ce n’est pas grand chose, c’est normal. Je ferais presque n’importe quoi pour les Crowford. Tu le sais bien. Mon grand-père m’en voudrait beaucoup si ce n’était pas le cas. D’ailleurs il m’en voudrait aussi de m’entendre dire ça. Il serait capable de me déshériter … tu le garde pour toi hein ? »

Je lui ai souris un eu gêné, me rendant compte que j’aurais du tenir ma langue. Entre famille de sorciers c’est normal de se soutenir selon mon grand-père .Même s’il préfère oublier que l’on n’est pas totalement sang-pur.il l’omet souvent parce qu’il en a honte. Je ne sais pas vraiment quoi en penser de tout ça, ça me dépasse depuis toujours. Toutes ces histoires de sangs, de pouvoirs, je ne sais pas si j’ai mon mot à dire de toute manière. Je n’ai jamais souhaité faire parti du système gouvernementale, du moins la politique ne m’intéressait pas beaucoup quand j’étais à poudlard. Mon grand-père m’a pas mal bassiné avec ça et pour ne pas le mettre en colère j’étais toujours été du même avis. Je me voyais mal dire à ma famille que je n’en avais rien à faire.

Théodore reste très discret lui, je ne sais pas ce qu’il pense de tout ça, il a du avoir le même son de cloche que moi. Je connais sa famille, je sais qu’ils pensent de la même façon que mon grand-père, du moins les siens, lui c’est peut-être différent, comme Ezéchiel d’ailleurs.

« Je ne sais pas. Je l’espère. Je veux juste faire quelque chose d’utile pour une fois . »

C’est peut-être pour ça que je suis là, pour ne pas rester à rien faire à la maison, sans doute aussi parce que j’ai de plus en plus de mal à garder mes petits secrets et que mon grand-père devient trop curieux. Evidement qu’il avait vu Ezéchiel, c’est son cousin. Pourquoi est-ce que j’ai demandé ça déjà ? Je n’en sais rien, peut-être parce que je m’inquiète un peu pour lui. Il n’y a pas de raisons il a toujours su gérer les choses et je suis sur qu’il continuera.

« Oui, c’est sur. »

Je ne savais pas si Théodore savait tout de son cousin. Puisqu’il disait qu’il allait bien alors je le croyais, mais je sais que ça n’a pas été toujours le cas et que ses fiançailles avec Valandra ne sont qu’un mensonge. Si ça les arranges, c’est leur vie après tout et j’aurais sans doute fait la même chose et d’ailleurs mon grand-père n’arrête pas de me tanner à propos des filles, s’il savait … mais il ne doit pas savoir.