Quand Ian confirma qu’elle était « vraiment adorable » Hélynah se mit à rougir de plus belle, les yeux perdus dans sa tasse de chocolat chaud et ne sut pas quoi répondre. D’ailleurs, elle préféra ne rien répondre, sinon elle se serait sûrement mise à bafouiller…comme elle le fit quelques minutes plus tard après avoir demandé son âge au blond troublant assis en face d’elle. Heureusement qu’il ne le prit pas mal ! Il s’en amusa même d’ailleurs, ce qui rassura la demoiselle et lui rendit son état normal. Enfin plus ou moins normal parce qu’elle avait l’impression qu’une partie de son cerveau était court-circuité depuis qu’il lui avait souri… Enfin, c’était sûrement dû à son service de nuit et à la fatigue qui commençait à se faire ressentir, rien d’autre.

-Votre âge n’a aucune raison de devenir secret, déclara-t-elle doucement en détaillant son visage.

Hum…Réalisant ce qu’elle venait de dire, Hélynah eut envie de détourner, encore, les yeux, mais elle se retint de le faire. Il ne pouvait pas deviner, avec une simple phrase comme ça, qu’elle pensait qu’il n’avait pas à avoir honte de vieillir et que, d’ailleurs, il est bien plus bel homme que certains hommes plus jeunes. Enfin, il ne le saurait pas, à moins qu’il soit legilimens, ce dont elle doutait fort ! Et même s’il l’était, pourquoi s’amuserait-il à aller fouiller dans ses pensées ? Il n’y avait rien d’intéressant à y trouver. Elle vit Ian ouvrir la bouche et attendit ce qu’il allait dire quand elle sursauta d’un seul coup en entendant la porte s’ouvrir de manière brutale.

En entendant une fois, elle se tourna pour voir ce qui se passait et ses yeux tombèrent sur un brancardier qui, visiblement, venait apporter un nouveau patient à Ian. Bon bah…leur pause était donc terminée. Tandis que le fameux désartibulé s’égosillait de manière fort peu agréable, elle termina son chocolat avant de poser sa tasse sur le bureau. Visiblement, comprit-elle en écoutant la conversation qu’avaient le médicomage et le brancardier, ce soir, beaucoup de sorciers avaient abusés de la boisson pour ensuite faire des choses inconsidérées. Quand le brancardier quitta la pièce, Hélynah se leva à son tour, si Ian avait un patient, elle n’allait pas rester dans ses pattes à le gêner…par contre, elle pouvait, en effet, lui apporter un coup de main comme il venait de lui demander.

-On dirait bien oui, que la pause est finie, j’espère que vous avez fini votre café, demanda-t-elle sur un ton amusé en se dirigeant vers l’armoire à potion. Je vous apporte ça tout de suite.

Tandis que le patient, qui ne semblait pas ressentir la douleur tant il était imbibé d’alcool, enfin tant mieux pour lui, continuer de « chanter », l’infirmière farfouilla dans l’armoire à la recherche de dictame, qu’elle finit par trouver assez rapidement. Le flacon en main, elle s’approcha donc de Ian et lui tendit ce dernier en inspectant rapidement l’état du malade. Une jambe en moins, heureusement que c’était réparable chez les sorciers, sinon le malheureux aurait eu une drôle de surprise une fois que son alcoolémie aurait retrouvé une valeur acceptable. En entendant le patient lui parler de nimbus et l’appeler « ma puce », Hélynah ne put s’empêcher de lever légèrement les yeux au ciel, sans pour autant perdre son calme.

-Désolée, répondit-elle avec un sourire poli, mais j’ai le mal de l’air, alors il va falloir trouver quelqu’un d’autre pour ça.

Ce n’était pas la première fois qu’un patient un peu ivre lui faisait des propositions bizarres, bon ce n’était arrivée que deux ou trois fois, mais suffisamment pour qu’elle sache comment réagir à présent. Parce que la première fois, elle avait dévisagé l’andouille qui lui avait sortie une bêtise sans savoir quoi lui répondre. Heureusement que c’était au début de sa formation et que l’infirmière qu’elle assistait lui avait expliquer comment gérer ce genre de chose : avec calme mais fermeté.

Malgré les vociférations du patient et la proximité troublante du docteur Holloway – mieux valait penser à lui en ces termes plutôt que d’être troublée par « Ian » - Hélynah avait réussi à retrouver une attitude professionnelle. Du moins, c’était ce qu’elle avait naïvement pensé jusqu’à ce que Ian s’approche d’elle, à tel point qu’elle pouvait sentir son odeur, pour lui faire remarquer, en se penchant vers elle, que le balai dont parler le patient était sûrement une image. Il n’avait même pas encore ouvert la bouche que déjà, les joues de l’infirmière avaient repris une teinte entre le rouge pâle et le rose soutenu. Le grand blond avait cette étrange faculté de la troubler sans chercher à le faire et de la mettre dans tous ses états pour des broutilles. Exactement comme une adolescente qui tombe amoureuse pour la première fois, sauf que c’était loin d’être son cas ! Elle était juste fatiguée et elle était loin d’être à la fin de son service. Sans compter qu’elle ne connaissait même pas Ian personnellement et qu’on ne pouvait pas tomber amoureuse de gens qu’on ne connaissait pas. D’ailleurs, elle ne l’était pas, amoureuse, juste un petit peu attirée par le médecin, mais rien de grave.

-Ah…ah bon ? fut tout ce qu’elle trouva à répondre, en bafouillant et en rougissant de plus belle.

Le pire, c’était qu’elle avait compris que l’ivrogne ne parlait pas réellement de balai. Sauf que voilà, être si proche de Ian ne semblait pas lui réussir. Heureusement, le médicomage finit par s’éloigner suffisamment d’elle pour qu’elle parvienne à retrouver une once de pensées cohérentes et elle put, de nouveau, reporter son attention sur le patient…qui essayait de se lever pour aller faire elle. Avant qu’elle n’ait pu esquisser un geste, l’homme se retrouva étalé par terre. En entendant Ian décomptait le temps avant que le patient ne réagisse, elle lui adressa un sourire amusé, qui se transforma en grimace, toujours amusée, quand elle entendit l’ivrogne hurler. Non pas de douleur, mais de manière très fleurie contre celui qui lui avait pris sa jambe. Lui-même en somme, mais il était trop ivre pour s’en souvenir visiblement.

-Vous voulez de… commença-t-elle en voyant Ian se baisser pour ramasser le pauvre homme, mais elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que le patient était de nouveau dans son lit.

D’ailleurs, elle avait pu admirer au passage les muscles du blond en action, mais elle préféra ne pas s’attarder sur ces derniers. Elle n’avait pas envie de perdre le peu de bon sens qu’elle semblait encore posséder. Heureusement, se rassura-t-elle, après une bonne nuit – ou plutôt matinée dans son cas – de sommeil, tout reviendrait à la normale. A présent que le désartibulé était de nouveau dans son lit et semblait s’être calmé, enfin il ne s’agitait plus puisqu’il hurlait toujours, mais c’était déjà ça de pris, le docteur allait pouvoir faire son travail. Tandis que Ian enfilait une paire de gants, elle chercha les compresses des yeux, avant même qu’il ne lui en demande une, c’est qu’elle commençait à avoir les réflexes qu’il fallait. Elle finit bien vite par les retrouver et imbiba une compresse de potion avant de rejoindre Ian, en emportant quelques compresses de plus, pour la lui tendre.

-Est-ce qu’on devrait lui donner un calmant ? demanda-t-elle en observant l’homme qui s’époumonait toujours.

Non pas qu’il avait l’air d’en avoir besoin pour la douleur, mais peut-être que ses nerfs en auraient bien besoin eux. Ou plutôt, leurs oreilles à eux, pauvre personnel soignant, qui devaient subir ses vociférations.

Alors qu’elle venait de lui tendre la compresse imbibée de dictame, Hélynah regarda le docteur Holloway appliquer la potion sur la plaie du patient. Sans surprise, elle entendit le patient se tordre de douleur, ce qui n’était pas étonnant quand on savait que le contact avec la potion était désagréable. Néanmoins, c’était nécessaire s’il voulait s’en sortir. La jeune infirmière demanda tout de même s’il ne valait pas mieux donner une potion calmante au patient et en entendant la réponse de Ian, elle se mordit la lèvre. En effet, il n’avait pas tort, ce n’était pas une bonne idée de donner une potion au soulard, surtout s’il y avait des risques derrière.

-Désolée, je n’avais pas pensé à ça…s’excusa-t-elle sans vraiment de raison, si ce n’est qu’elle se sentait un peu stupide.

D’un autre côté, elle n’était qu’apprentie infirmière, elle ne pouvait donc pas tout savoir, et elle n’avait pas retenu certains choses qui pourtant semblait évidentes quand on y réfléchissait. Quand Ian sortit sa baguette pour invoquer un patronus, Hélynah eut un léger mouvement de recul en voyant un cheval apparaître. Mais elle se rasséréna en se souvenant qu’un patronus ne pouvait pas faire de mal. Finalement, le blond donna ses instructions au cheval argenté, pour qu’il aille prévenir le service qui devait prendre le relais, et l’animal disparut.

-Vous avez…un patronus impressionnant, souffla-t-elle d’une voix à peine audible avec les hurlements du patient.

Finalement, un responsable des transplantations magiques arriva et après quelques mots échangés avec le médicomage, et une grimace en entendant les cris, le patient adorateur de whisky quitta la salle de consultation. Ce départ rendit à la pièce le calme qu’elle avait connu avant l’arrivée du désartibulé et Hélynah, et surtout ses oreilles, savoura ce silence reposant. Silence qui fut rompu quand Ian prit la parole, mais ce n’était pas pour déplaire à la petite brune. Au contraire même, elle aimait beaucoup parler avec le blond.

-Non, le rassura-t-elle avec un sourire timide. J’aime mon travail aux urgences et j’aimerais bien continuer d’y travailler après ma formation.

Elle aimait vraiment les urgences, l’ambiance qu’il y avait dans le service, la sensation d’être vraiment utile et puis, ses collègues étaient gentils – et elle ne pensait pas du tout au beau blond en face d’elle en pensant ça… Elle n’eut pas le temps d’approfondir sa réponse que la porte de la salle s’ouvrait de nouveau sur…le docteur Smith qui semblait chercher quelque chose. Ou quelqu’un en l’occurrence, à en juger sa réaction quand ses yeux se posèrent sur Hélynah.

-Ah Hélynah, tu pourrais venir m’aider s’il-te-plaît ? Je viens de recevoir un cas délicat, expliqua la médicomage avant de se tourner vers son confrère. J’espère que ça ne te dérange pas que je te la pique Ian.

-J’arrive tout de suite, informa Hélynah.

Elle hésita quelques secondes, se mordillant la lèvre inférieure, mais en constatant que le docteur Smith l’attendait, elle renonça à reprendre sa conversation avec Ian. Dommage… pensa-t-elle avant de se donner une paire de claques mentales pour retrouver des pensées normales.

-A bientôt docteur Holloway, dit-elle à Ian de sa voix douce avant de suivre la médicomage.

La brune aurait volontiers continué de discuter avec Ian, mais elle était là pour travailler, il fallait donc qu’elle s’y remette. D’autant plus qu’elle n’était pas à plaindre car elle avait eu le droit à une pause, agréable qui plus est.