Travailler de nuit ne dérangeait pas spécialement Hélynah, c’était le lot des infirmières, et surtout quand elles étaient en formation. Afin de les habituer au monde de l’hôpital. Et puis, les accidents arrivaient en tout temps, qu’il fasse jour ou nuit, que le soleil brille, que la pluie tombe ou que la neige fasse rage, il y en avait même à Noël ! Alors le personnel médical se devait d’être là pour s’occuper de ces patients malchanceux. Ce n’était pas ce qui dérangeait particulièrement la jeune infirmière, le travail de nuit, elle n’avait pas d’impératifs familiaux, et personne ne l’attendait dans son appartement. Généralement, la nuit les patients étaient également plus calme que ceux de la journée…enfin lorsqu’ils étaient sobres ! Heureusement que la plupart du temps, on ne lui donnait pas les cas les plus difficiles, après tout, elle était encore apprentie. Elle se contentait de soigner les petites blessures à sa portée ou d’assister les médicomages dans leur travail.

La brune s’occupait actuellement d’un patient, assistant une médicomage qui travaillait également cette nuit-là. Le patient en question avait eu la mauvaise idée de tester une nouvelle potion en pleine nuit…alors qu’il avait absorbé une certaine quantité d’alcool. Résultat, le mélange avait explosé et l’apprenti potionniste – qui en réalité était juste vigil au ministère – s’était retrouvé aspergé de son mélange instable. A présent, une partie de son corps était recouverte de furoncles purulents tandis que l’autre se noircissait de croûtes à vue d’œil. Tandis que le médecin cherchait à découvrir ce que l’homme dans certain âge avait bien pu mélanger pour obtenir un tel résultat, Hélynah farfouillait dans l’armoire pour trouver une potion anti-furoncle, mais elle n’était pas sûre de pouvoir lui donner. En fonction de ce qu’il avait bu et/ou manipulé pour son expérience nocturne, la potion pouvait mal réagir. Dans ce genre de cas, mieux valait être prudent.

Finalement, le malheureux avait bien manipulé des produits incompatibles avec la potion qui l’aurait pourtant libéré de sa souffrance. Au lieu de lui faire simplement boire le breuvage pour résoudre une bonne partie de ses problèmes, Hélynah et le médecin durent désinfectés les pustules avant de donner une potion de sommeil au patient. La meilleure des choses à faire dans son cas était d’attendre que les composants de la potion qu’il avait fabriquée disparaissent de son organisme pour lui faire prendre celle qui le soignerait.

Une fois ce cas réglé, du moins momentanément, l’infirmière et la médicomage retournèrent dans la salle d’attente où il ne restait plus grand monde au final. Avisant de la situation, le médecin recommanda à Hélynah de prendre une pause. Cette dernière se dirigeait donc vers un endroit plus calme pour se détendre quand elle aperçut, à travers une porte entrouverte, le docteur Holloway occupé à remettre en ordre sa salle de consultation, sûrement en vue d’une nouvelle à venir. La brune disparut donc rapidement dans la salle de repos des infirmières puis alla frapper à la porte de la pièce où se trouvait le médicomage, un mug dans chaque main. La demoiselle avait déjà travaillé avec le docteur Holloway et elle avait remarqué qu’il avait tendance à un peu trop travailler, elle était d’ailleurs prête à parier qu’il n’avait pas pris de pause depuis la prise de son service. Ce qu’elle pouvait comprendre, il lui arrivait aussi de perdre la notion du temps, mais il y avait toujours quelqu’un pour la rappeler à l’ordre quand ça lui arrivait.

-Docteur Holloway ? l’appela-t-elle pour attirer son intention, un peu gênée de le déranger en plein travail.

Hésitante, elle s’avança néanmoins dans la pièce et referma la porte derrière elle, afin d’être sûre que le blond ne serait pas dérangé s’il s’accordait une pause.

-Vous devriez vous accordez quelques minutes de pause, lui conseilla-t-elle d’une voix timide, la salle d’attente se vide et…je vous ai apporté ça…conclut-elle en lui tendant une tasse pleine de café.

La demoiselle avait beau craindre de le déranger, elle s’était tout de même décidée à lui apporter une boisson chaude. Après tout, ça ne faisait de mal à personne et ça permettait de rester en forme, surtout quand on travaillait toute la nuit.

Le docteur Holloway se tourna vers elle et, pendant une seconde, Hélynah eut peur de l’avoir dérangé. D’un autre côté, en entendant le craquement de sa nuque, elle ne put s’empêcher de se demander quand est-ce qu’il avait fait une pause pour la dernière fois. La réputation de cet homme au sein de l’hôpital n’était plus à faire, c’était un excellent médicomage, qui aimait le service des urgences, il n’avait d’ailleurs pas l’air d’avoir envie de le quitter, et elle avait entendu dire plusieurs fois qu’il travaillait beaucoup, peut-être un peu trop même. Pourtant, dès l’instant où il ouvrit la bouche, la jeune infirmière sut qu’elle ne le dérangeait pas, ou du moins que son intrusion ne l’agaçait pas. En entendant sa plaisanterie, la brune ne put s’empêcher de rosir légèrement. Se sentant stupide de réagir ainsi à une simple boutade, elle détourna légèrement les yeux, regardant plus son menton que les prunelles de son interlocuteur.

-Si vous n’étiez pas en service, peut-être que je vous en aurais apporté une, répondit-elle sur un ton amusé avant de se mordiller légèrement la lèvre inférieure.

C’était une manie qu’elle avait, malheureusement, quand elle était gênée. Or là, elle l’était en l’occurrence. Et pas seulement à cause de sa plaisanterie, non elle s’en était remise, mais tout bêtement parce qu’elle venait de penser que le grand blond en face d’elle avait un beau sourire. Oui, sourire lui allait bien, ça rendait son visage plus lumineux et ça faisait oublié ses traits tirés à cause de ses heures de travail. D’ailleurs, Hélynah ne put s’empêcher de lui adresser un petit sourire timide en retour, avant de boire une gorgée de son chocolat chaud.
Malgré le clin d’œil, tout à fait charmant reconnut-elle troublée, qu’il lui adresse, le petite infirmière – en tout cas elle se sentait minuscule à côté de lui – ne fut pas moins surprise d’apprendre qu’il travaillait depuis douze heures. Elle avait bien fait de lui imposer une pause ! Enfin, elle espérait tout de même que ce n’était pas la première qu’il prenait depuis qu’il avait pris son service.

-Et on vous laisse travailler autant ? ne put-elle s’empêcher de demander, toujours surprise. Je peux vous préparer un thé si vous voulez, proposa-t-elle quand il déclara que le café était affreux à l’hôpital.

Il fallait dire qu’elle ne savait pas du tout ce que valait le café de Sainte-Mangouste étant donné qu’elle n’en prenait jamais. La plupart du temps, elle buvait un chocolat, ou alors du thé, mais jamais de café puisqu’elle n’aimait pas ça. Elle était en train de porter sa tasse à ses lèvres quand elle l’entendit lui parler de furoncles. Elle suspendit alors son geste, surprise par sa question. Pourquoi parlait-il donc de furoncles… ? se demanda-t-elle avant de comprendre, tandis qu’il précisait, qu’il parlait du patient dont elle venait de s’occuper. Se sentant idiote de ne pas avoir fait le rapprochement plus tôt, elle lui adressa un sourire désolé, qui se rapprochait légèrement de la grimace dégoûtée au souvenir du patient en question et de son état.

-Oui, c’est bien moi qui ait assisté le docteur Smith lorsqu’elle s’occupait du vigile, répondit-elle en le suivant jusqu’au coin bureau où elle prit place avec lui. Et pour les furoncles, il n’en sera pas débarrassé avant demain à cause de son mélange explosif, il passera donc la nuit à l’hôpital pour plus de sûreté.

Elle avait à peine terminer sa phrase qu’elle réalisa qu’elle était venue le voir pour lui suggérer de prendre une pause et voilà qu’ils parlaient des patients. Ce n’était pas comme ça qu’il pourrait se détendre avant de recevoir un autre patient. D’ailleurs, quand devait-il finir son service au juste ? S’il était vraiment là depuis douze heures…et bien, il devrait déjà être chez lui.

-Enfin, je ne suis pas ici pour parler des patients de l’hôpital, s’excusa-t-elle en levant les yeux vers lui. D’ailleurs, on ne devrait pas parler de patients pendant les pauses, ajouta-t-elle amusée.

Ce qui n’était malheureusement pas souvent le cas à Sainte-Mangouste, quand Hélynah retrouvait ses collègues, elles étaient souvent en train de parler des cas qu’elles avaient eu durant leur service. Mais bon, ça faisait aussi parti de la vie de l’hôpital et c’était ce qui lui plaisait au final.

La plaisanterie que fit le médecin quand elle parla de bière fit violemment rougir Hélynah qui s’empressa de détourner les yeux. Elle avait beau savoir qu’il plaisantait, elle n’en était pas moins gênée. Pourtant, rien ne justifier cette gêne, et pour cause, elle était loin d’être à la recherche d’un mari ! Ni même d’un petit-ami d’ailleurs, même si c’était de son âge. Elle était tout simplement trop timide pour parler avec un homme et se lancer dans un jeu de séduction. Résultat des courses, du haut de ses dix-huit ans, elle n’avait jamais embrassé qui que ce soit et n’était jamais tombée amoureuse, mais elle se répétait souvent qu’elle avait encore du temps pour ça et que les choses viendraient naturellement.

-Mais non…marmonna-t-elle gênée. Je cherche rien du tout…

Enfin si, techniquement elle cherchait à lui faire prendre une pause et à lui faire plaisir avec une boisson. C’était juste pour ça qu’elle lui aurait apporter une bière s’il n’avait pas été en service, pas pour autre chose ! D’un autre côté, elle devenait rapidement gênée quand elle parlait d’autre chose que de travail avec un homme, il faudrait vraiment qu’elle fasse quelque chose de ce côté-là… Surtout qu’en travaillant à l’hôpital, elle serait amenée à en fréquenter des hommes.

C’était vrai que l’hôpital manquait de personnel aux urgences, généralement les médecins évitaient ce secteur, mais ce n’était pas une raison pour enchaîner plusieurs services de suite ! Certes, ainsi il y avait plus de médicomages pour les patients, mais le docteur Holloway devrait faire plus attention à sa santé, songea la jeune infirmière.

-Je suis déjà volontaire pour être infirmière aux urgences, répondit-elle amusée, je pense que ça devrait lui suffire.

Sans compter qu’elle ne se voyait pas du tout médicomage, elle n’avait pas ce qu’il fallait pour ça et être infirmière lui suffisait amplement. Quand il lui confia que le thé manquait trop de caféine pour lui, elle en déduisit qu’il devait être fatigué. D’ailleurs, il avait un peu les traits tirés, elle pouvait le remarquer, et elle en vint à se demander depuis combien de temps il était debout au juste.

-Quand terminez-vous votre service ? demanda-t-elle en fronçant légèrement les sourcils.

Parce que ce dont il avait réellement besoin, ce n’était ni d’une pause ou d’un café, mais d’une bonne nuit de sommeil. Malheureusement, elle ne pouvait lui offrir que quelques minutes de répit et une bonne dose de caféine. Elle espérait néanmoins que ça lui suffirait. Quand la conversation dévia sur les furoncles et le docteur Smith, la petite brune esquissa une légère grimace.

-Non, elle n’était pas très ravie, concéda-t-elle, mais je crois qu’au final, elle est contente que ce soit l’équipe de demain matin qui règle le problème des furoncles.

Elle aussi d’ailleurs était soulagée, elle n’avait pas vraiment envie de se retrouver à nettoyer le pus qui sortirait des boutons une fois que la potion ferait effet. Mais le mieux serait tout de même que les gens soient plus vigilants quand ils préparaient des potions.

Hélynah le suivit ensuite jusqu’à son bureau en faisant remarquer qu’ils devraient profiter de leur pause pour parler d’autres choses que de patients et de la vie hospitalière. Par contre, quand il lui demanda de quoi d’autre elle voulait parler, elle se sentit stupide. Pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait pas réfléchi à la question. Elle resta donc silencieuse quelques instants, masquant son silence en buvant une nouvelle gorgée de chocolat chaud. Heureusement, le docteur Holloway trouva lui-même un sujet de conversation : elle-même. Et son envie de devenir infirmière.

-Et bien…quand j’étais petite, j’ai eu un accident, commença-t-elle en essayant de ne pas penser à l’accident en question. A cause de ça, j’ai fait un séjour à Sainte-Mangouste et une infirmière, très gentille, s’est occupée de moi et m’a rassurée quand le médicomage me soignait… C’est ça qui m’a donné envie de devenir infirmière, confia-t-elle d’une petite voix douce. Pour pouvoir, à mon tour, aider les autres… Et maintenant que je suis ici, je me rends compte que c’est vraiment ce que j’ai envie de faire.

En terminant sa tirade, l’infirmière réalisa que c’était la première fois qu’elle confiait cette histoire à quelqu’un, et cette constatation la troubla légèrement. Avant qu’elle ne se mette à avoir peur qu’il lui pose des questions sur l’accident en question. Elle n’avait pas envie d’en parler, non pas parce qu’elle ne voulait pas se confier au blond, ou qu’elle ne lui faisait pas confiance, mais tout simplement parce qu’elle ne parlait jamais de cet accident qui l’avait laissée meurtrie, terroriser et dont elle garderait la marque à vie.

-Et vous, pourquoi êtes-vous devenu médicomage ? demanda-t-elle avec curiosité. Et pourquoi les urgences ?

Certes, c’était une manière pour elle de faire diversion, mais elle était également curieuse de connaître la réponse. Qu’est-ce qui pouvait pousser un homme comme lui à devenir le médecin brillant qu’il était aujourd’hui ?

Si le docteur Holloway en était à son deuxième service, ça voulait dire qu’il était là depuis quatorze heure et il venait de lui confirmer qu’il était là jusqu’à six heure, le lendemain matin. C’était courageux de sa part d’enchaîner deux services de la sorte, mais Hélynah ne pouvait s’empêcher de penser que ce devait être fatiguant pour lui. Surtout s’il avait l’habitude de ce genre de pratique ! Elle espérait vraiment qu’une fois rentrer chez lui, il se reposerait.

-J’espère bien qu’à 6h05 vous serez parti, et ça quoiqu’il arrive, sinon je vais être obligée de demander à ce qu’on vous mette dehors, déclara-t-elle avec un adorable petit sourire amusé.

Elle avait beau dire ça, elle n’était pas sûre de réellement le faire s’il ne quittait pas l’hôpital à la fin de son service. Par contre, elle irait sûrement le voir pour lui dire qu’il ferait mieux de rentrer chez lui, il avait l’air d’avoir besoin de sommeil. En tout cas, il en avait plus besoin que de travailler !

Après quelques mots échangés sur le dernier patient dont c’était occupée Hélynah et les pustules de ce dernier, ils cessèrent de parler de l’hôpital pour…parler de ce qui avait poussé la brune à devenir infirmière. S’ils restaient dans le domaine médical, la conversation prenait néanmoins un tournant plus personnel. Surtout quand la demoiselle expliqua les raisons de ce choix, et l’accident qui l’y avait menée. Elle fut tellement surprise en entendant le mot « hippogriffe » sortir de la bouche de Ian quand en aurait fait tomber sa tasse si cette dernière n’avait pas été posée sur le bureau. A l’entende de ce mot, la brune avait soudainement pali, comme à chaque fois qu’elle entendait le nom de cet animal de malheur, et elle s’efforça d’endiguer les mauvais souvenirs qui menaçaient de remonter.

Si d’ordinaire, elle avait du mal à chasser les souvenirs de son accident, ce ne fut curieusement pas le cas aujourd’hui. Elle se concentra sur le sourire que lui adressait le blond, ainsi que sur ses paroles et, bien vite, elle retrouva son teint naturel et ne pensait plus à tout ça. Surtout que le médicomage semblait également gêné par sa remarque, à en juger par le petit rire qu’il avait eu, mais elle oublia tout ça devant la douceur de son sourire, qui lui fit étonnamment chaud au cœur. Elle fut surprise d’apprendre que c’était lui le médicomage qu’il l’avait accueillie à l’hôpital après son accident.

A vrai dire, elle n’avait que très peu de souvenir de ce qui s’était passé après qu’elle se soit effondrée dans l’herbe du jardin de l’ami de ses parents. Elle se souvenait de ses larmes, de la douleur qu’elle avait ressentie et de sa mère qui essayait de la consoler, mais les soins qu’elle avait reçus et l’hôpital lui semblait flou. Par contre, elle se souvenait de son réveil, le lendemain, dans une chambre de Sainte-Mangouste et de l’infirmière qui l’avait rassuré. C’était étrange pour elle de se retrouver face à quelqu’un qui savait ce qu’elle avait vécu, surtout qu’elle n’en parlait jamais. D’un autre côté, elle n’était pas si dérangeait que ça qu’il soit au courant, même si elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi…

-Désolée…je ne souviens pas de vous, avoua-t-elle gênée en le regardant, la lèvre coincée entre ses lèvres. A vrai dire, je n’ai que très peu de souvenirs de tout ça…

Finalement, elle lui retourna la question, l’interrogeant sur ses motivations pour devenir médicomage et fut de nouveau surprise, avant même qu’il ne lui réponde. Il avait un beau rire, songea-t-elle confusément, c’était un beau son, plaisant à attendre. Quand il parla de la tradition familiale qui voulait que les hommes de la famille fassent carrière dans la politique, elle commença à faire le lien avec certaines personnes dont lui avait déjà parler son père. Par contre, ce ne fut que lorsqu’il cita le nom de son grand-père qu’elle comprit réellement de quelle famille il venait. Elle avait beau connaître son nom, après tout, elle l’appelait toujours « Docteur Holloway », elle n’avait jamais fait le rapprochement avec l’ancien ministre, ce qui était sans doute stupide de sa part. Un sourire amusé prit place sur ses lèvres quand elle vit la gestuelle qui accompagnait le nom de son grand-père, elle n’était pas sûre que l’homme en question approuverait, mais elle trouvait ça amusant.

-Je ne vous vois pas faire autre chose que médicomage, mais c’est peut-être parce que je vous ai toujours connu ainsi. En tout cas, vous semblez plus à votre place ici que derrière un bureau au ministère.

Quand il expliqua pourquoi il préférait les urgences, elle comprit aisément ce sentiment. Elle aussi aimait ce service, et c’était d’ailleurs le souhait qu’elle avait émis pour la fin de son apprentissage : travailler aux urgences de l’hôpital. Par contre, une des remarques qu’il fit l’intrigua et avant qu’elle n’ait pu réfléchir à ce qu’elle faisait, une question jaillit de sa bouche.

-Quel âge avez-vous au juste ? demanda-t-elle avec un naturel qui la déconcerta.

Avant de rougir, de nouveau, en se rendant compte de ce qu’elle venait de demander. Elle ne venait quand même pas de poser une question indiscrète à Ian ? Malheureusement si, c’était bien ce qu’elle avait fait… Il ne lui restait plus qu’à espérer qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur.

Adorable, voilà bien un adjectif qu’Hélynah ne s’était pas du tout attendu à entendre dans cette conversation. En vérité, il n’y avait bien que ses parents qui la qualifiait de « adorable » et encore, ils ne le faisaient pas souvent. Et puis, ce n’était quand même pas si surprenant qu’elle s’inquiète pour sa santé si ? Pourtant, le terme lui tira un léger sourire qui, justement, était adorable lui. A moins que ce ne soit le clin d’œil que Ian venait de lui adresser qui la faisait réagir ainsi ? Ou un mélange des deux. En le voyant si détendu, à rire, sourire et à lui faire des clins d’œil, la brune comprenait aisément pourquoi le docteur Holloway était souvent un sujet de conversation chez les jeunes infirmières. Même si elle ne participait pas à ces dernières – les hommes n’avaient jamais été un sujet de conversation avec lequel elle était à l’aise – elle aimait bien entendre ses collègues s’extasier devant un homme avant de passer à un autre, comme c’était parfois le cas.

-Ce…ce n’est pas adorable, bafouilla-t-elle légèrement. Il faut bien que quelqu’un se soucie de votre santé puisque apparemment votre supérieur ne le fait pas, termina-t-elle avec un peu plus d’assurance.

Bon, elle n’était peut-être pas la mieux placée pour ça, mais elle s’en souciait réellement pourtant. Déjà qu’il avait les traits tirés, elle n’avait pas envie qu’il tombe de fatigue ou qu’il se tue à la tâche. S’il ne faisait pas plus attention, il allait finir par tomber malade à son tour, et elle n’avait pas envie que ça arrive. Elle essaya d’ailleurs de ne pas penser que les urgences sans le docteur Holloway lui feraient bizarre, mais elle ne put s’en empêcher…ce qui la fit détourner les yeux quelques secondes. Ce n’était pas parce qu’elle trouvait Ian séduisant, très gentil et bourré de charme qu’elle devait être gênée quand elle lui parlait ! Ah, pour le coup, elle se serait volontiers donné une paire de claque. Heureusement, en quelque sorte, qu’elle redescendit sur terre avec le reste de leur conversation.

Ainsi donc, il l’avait endormie quand elle était arrivée aux urgences ? C’était sans doute pour ça qu’elle n’avait pas de souvenirs des soins qu’elle avait reçu. En détaillant le blond, elle se fit la réflexion que c’était étrange de se retrouver en face de l’homme qui l’avait probablement sauvée. Mais pas nécessairement déplaisant. Elle aurait cru qu’elle serait gênée de découvrir que quelqu’un savait ce qui lui était arrivé mais…en réalité elle ne l’était pas. Peut-être était-ce justement parce que c’était lui qui le savait et pas un autre. Elle était d’ailleurs touchée par le fait qu’il la rassure alors qu’elle était affreusement gênée et son comportement lui fit penser que oui, elle ne voyait définitivement pas Ian faire autre chose dans la vie que médicomage. Aux urgences magiques de Sainte-Mangouste d’ailleurs.

Visiblement, lui non plus ne se voyait pas faire autre chose, et c’était tant mieux pour lui se dit la jeune fille. Au moins, il avait le métier dont il avait toujours voulu et il s’épanouissait dans son travail. C’était une chose que tous les sorciers n’avaient pas la chance d’avoir malheureusement. Ce n’était pas plus mal qu’il n’ait pas suivi la tradition de sa famille finalement.

Quand Ian lui annonça qu’il avait 35 ans, Hélynah fut légèrement surprise avant de tout simplement enregistrer l’information. Il avait trente-cinq ans, d’accord, son âge ne changeait pas grand-chose au final, ça ne changeait pas qui il était, ni les raisons pour lesquelles elle l’appréciait, c’était juste un chiffre. Par contre, elle se fit la réflexion qu’il avait dû être au début de sa carrière de médicomage quand il l’avait accueilli aux urgences, onze ans plus tôt. Par contre, quand il lui demanda pourquoi elle lui posait cette question, elle se mit à rougir de nouveau. A croire que ça allait finir par être une habitude en sa présence.

-Je…commença-t-elle sans parvenir à terminer sa phrase. Par simple curiosité…excusez-moi d’avoir été indiscrète…

Curieusement, elle avait beau avoir les joues rouges et être gênée, elle n’arrivait pas à détourner ses yeux de ceux de Ian, qui avaient quelque chose de presque envoûtant.