Valandra ne comprenait rien aux changements d'humeurs de Lincoln. Plus exactement, elle peinait à comprendre les rapides changements d'humeurs en règle général. Et dans le cas présent, il ne lui venait même pas à l'esprit qu'il est pu se montrer si soudainement distant, voir presque agressif, à cause d'elle. Pour Valandra, rien n'était jamais de sa faute. Ce n'était pas de la mauvaise fois, elle ne cherchait pas à se voiler la face... Elle n'arrivait juste pas à concevoir que le problème puisse venir d'elle.

En fait, pour Valandra, le soucis venait tout simplement du fait que les hommes étaient impossible à suivre tant ils étaient inconstant. Et cette idée avait germé dans sa tête à cause de sa tante Edna. Quand sa mère fut internée, son père fût soucieux de garder une référence féminine dans la vie de sa fille et il assigna ce rôle à sa soeur ainée, Edna. Edna qui du haut de ses déjà 40 ans à l'époque n'avait jamais été mariée, regardait tout le monde de haut et n'avait cessé de répéter à la jeune Valandra que la seule chose importante au sujet des hommes qui partagerait sa vie était de s'assurer que leur fortune serait au moins égal à la sienne si elle ne voulait pas perdre un gallion de son futur et imposant héritage. Forcément, ce genre de conseil décuplé à une psychopathie n'avait pas vraiment aidait Valandra à comprendre correctement la gente masculine. Heureusement pour elle, elle avait au moins l'avantage de pouvoir compter sur son physique pour pallier à ce petit soucis.

Quand Lincoln vînt auprès d'elle, Valandra se décala un peu pour lui permettre de s'asseoir mais vînt immédiatement se coller à lui, savourant ses baisers tout ne penchant la tête pour lui dégager complètement son cou.son regard croisa alors celui du serveur et l'expression de ce dernier ne lui échappa pas. Il était frustré, probablement jaloux. Sans doutes c'était-il dit qu'il avait une chance avec elle. Quel idiot ! Il ne s'agissait que de coucheries, certes, mais Valandra était tout de même un minimum regardante en choisissant ses amants.

Quand les lèvres de Linc remontèrent, Valandra s'en empara en glissant une main dans ses cheveux pour le tirer à elle. Elle avait toujours aimé les baisers de Lincoln. Il y a avait quelque chose d'impétueux, presque de violent, dans le désir à peine contenu qu'elle y décelait. Elle se demandait si ses baisers seraient toujours pareils le jour où, enfin, elle accepterait de se donner à lui. Mais en attendant, elle savourait cette rage bourdonnante qui lui était si plaisante.

Sa main libre glissa à nouveau le long du torse de Linc pour venir se glisser sous le tissus de sa chemise et caresser du bout des doigts la peau au niveau de ses côtes avant de les faire glisser sur son ventre et descendre sur son bas-ventre. Toutefois, ses doigts effleuraient juste la ceinture de Lincoln, sans descendre plus bas avant de remonter et de redescendre le long de sa peau, encore et encore.

Après un moment, elle écarta ses lèvres de celles de Lincoln et à son tour, l'embrassa dans le cou tout en susurrant.

Je crois avoir dis avoir besoin de m'enivrer de whisky, pas que de toi beau brun.

Les premiers whisky faisant déjà un peu effet, elle eut un petit rire et fit signe au fameux serveur qui revînt. Mais exit le sourire du pseudo séducteur. Cette fois, il tirait clairement la gueule en les regardant.

Deux autres whisky, commanda vaguement Valandra avant de revenir mordiller le lobe de l'oreille de Linc.

La tempête passée, Valandra était à nouveau douce et taquine. Ces changements d'humeurs avaient toujours été radicaux et surgissaient généralement sans prévenir. A vrai dire, le seul qui semblait réussir à prévoir les orages – et à les éviter – était Ezéchiel. Mais en même temps, contrairement à Lincoln, son « fiancé » avait, lui, déjà été témoin des véritables explosions de fureur de la jeune femme. Une facette de sa personnalité que très peu de gens connaissaient. Pour la plupart, elle était juste facilement capricieuse mais sans plus. Lincoln lui-même n'avait encore jamais vu la facette la plus sombre de la jeune femme et c'était probablement une excellente chose. Lors de ses crises de colères, tout en elle changeait, même sa physionomie. Sa mère avait un jour expliqué que le véritable visage de sa fille était monstrueux mais il était difficile de le croire lorsque l'on la voyait ainsi, avec son sourire charmeur et ses yeux pétillants. Et c'était bien là tout le problème avec Valandra, elle cachait sa folie son un visage angélique.

Quand les whisky arrivèrent, poser sur la table par le serveur qui ne leur adressait même plus un regard, Valandra s'écarta légèrement pour regarder tranquillement Linc, la tête penchée sur le côté, alors qu'il reprenait la parole.

C'est exactement ça que j'attends de toi, lui répondit-elle avec un adorable sourire. Tu es le seul que je connaisse à être aussi joueur que moi.

C'était la vérité, aucun des amants de la jeune femme n'avaient jamais fait preuve d'autant de patience jusqu'à présent. En général, ils tenaient le coup un jour,  peut-être deux. Et au final, après leurs avoir cédé, Valandra les oubliaient purement et simplement, comme le ferait une enfant avec un jouet abîmé. Mais avec Lincoln, les choses étaient très différentes et elle-même devait avouer qu'elle trouvait cette attente très excitante. Car il ne fallait pas croire qu'elle se contentait de se jouer de lui. Elle aussi avait envie de plus mais ce petit jeu l'amusait follement. Elle savait bien qu'elle finirait par craquer un jour ou l'autre, cela avait même déjà faillit quelques fois sans qu'il ne le sache, mais elle voulait voir jusqu'où elle pouvait aller.

Pauvre, pauvre Lincoln, susurra-t-elle avant d'attraper entre ses lèvres le doigt qui caressait ses lèvres durant quelques secondes avant de le relâcher.

Après quoi, elle glissa à nouveau sa main qu'elle posa sur l'avant du pantalon tendu du jeune homme, profitant de la table qui masquait le bas de leur corps et de la pénombre des lieux pour le masser à travers le tissus.

Tu attend toujours tellement sagement... C'est vrai que tu mérite au moins une petite récompense.

Tout en murmurant à son oreille, Valandra défit d'un geste rapide le pantalon et y glissa sa main, passant directement ses doigts à l'intérieur de son caleçon. Serrant doucement le membre durcit dans sa main, Valandra commença un très lent mouvement de va-et-vient tout en mordillant le lobe de son oreille et en l'embrassant dans le cou. 

Valandra avait très jeune eu conscience de l'effet qu'elle pouvait produire sur le genre masculin et depuis, il ne s'était jamais gênée pour en jouer. Il fallait dire qu'elle ne connaissait probablement rien de plus plaisant que de voir un homme à genoux, prêt à tout pour une simple caresse de sa part. Linc avait été plus solide que les autres, il était une sorte de vrai défi pour elle mais ce petit jeu l'amusait vraiment. C'était tellement plus excitant que les autres hommes plus « facile ». Car oui, la société parlait toujours des filles faciles mais aux yeux de la jeune femmes, la plupart des hommes l'étaient encore bien plus.

Elle fut amusée en voyant le mouvement de Lincoln au moment où elle glissait sa main à l'endroit stratégique. Le pauvre semblait à deux doigts de devenir fou. Valandra pouvait comprendre sa frustration d'une certaine manière. Elle même n'avait pas du tout appréciée la douche froide que lui avait donné Ezéchiel sans crier gare quand ce dernier avait eu pour nouvelle lubie de jouer les hommes fidèles à son Beny. Alors oui, elle s'écouterait, elle aurait déjà sauté sur Lincoln pour apaisé ses envies mais d'un autre côté, ce serait enfin lui donner ce qu'il voulait.

C'est pourquoi, quand elle sentit la main de ce dernier se faire plus aventureuse, elle lui donna tout à coup une tape sèche dessus, comme on le ferait sur la main d'un enfant se rapprochant de trop prêt de la pâte à gâteau.

Bas les pattes !, lui lança-t-elle en riant. Je suis une femme fiancée je te rappel !, ajouta-t-il avec un faux air farouche. Et il était vrai qu'en public, Ezéchiel et elle jouaient à merveille la comédie du parfait petit couple jeune, beau et riche que tout le monde devrait envier en les regardant. Une comédie que là encore, Valandra aimait particulièrement. Les gens parlaient d'eux, ils étaient en photos dans les magazines cultivant les potins sur les sorciers célèbres comme sur les riches héritiers. Et pour être honnête, Valandra n'était pas pressée que cela s'arrête. Il faudrait vraiment qu'elle se trouve un autre sorcier dans la veine d'Ezéchiel une fois leur fiançailles rompues.

Quel genre d'endroit plus tranquille as-tu en tête ?

En tout cas pas chez lui, c'était pour ainsi dire certain à moins qu'il ai soudainement des idées de plans à trois que Valandra ne lui ai jamais soupçonné. Quant à chez elle, Valandra n'y emmenait jamais ses amants de passage, question de principe.

Elle ne lui avait pas précisé si cela servirait à grand chose ou pas de se déplacer, préférant laisser planer le mystère. A vrai dire, elle même n'avait pas encore décidé. Après le vent que lui avait mit Ezéchiel, avoir un amant pour la nuit ne serait pas de refus mais cela signifierait donner à Linc ce qu'il cherchait à avoir depuis si longtemps.

Bien sagement, Valandra retira sa main et referma le pantalon de Linc, entreprise pas forcément facile avec la bosse qui en emplissait l'avant.  

Lincoln l'avait mieux cerné qu'elle ne l'aurait pensé. C'était vrai que le fait qu'il soit marié était l'un des points qui jouait en sa faveur. Pour le côté de l'interdit bien sûr mais aussi parce que ainsi, il y avait moins de risques qu'il ne s'aille soudainement l'idée de se mettre en couple avec elle. La dernière chose dont elle avait eu envie quand ils s'étaient rencontrés était d'un homme voulant à tout prix faire sa vie avec elle. Enfin ça, c'était avant qu'Ezéchiel, en plus de maintenir leur futur rupture, décide de ne plus jamais la toucher ! Mais même malgré cela, Linc avait beau être d'agréable compagnie, il n'avait pas le pedigree requis pour qu'elle accepte un jour de prendre son nom. Ainsi, le fait qu'il soit déjà marié l'arrangeait vraiment.

Elle se doutait un peu de l'avoir prit au dépourvu avec sa réponse et c'était-là bien son but. Elle n'avait pas envie qu'il puisse se croire capable de deviner ses intentions et elle avait toujours aimé dérouter les gens de manière générale. Elle n'avait pas envie qu'un jour quelqu'un puisse croire la connaître et pouvoir anticiper ses réactions.

Quant à partir à l'hôtel, l'idée était tentante. Le rejet d'Ezé avait agit comme un véritable objet de frustration sur elle et elle avait bien besoin de se prouver qu'elle restait un sujet de fantasme pour les hommes. Et de se défouler aussi en même temps. Mais en lui disant enfin oui, elle avait peur de perdre son jouet préféré. Après tout, après l'avoir enfin eu, Lincoln pouvait très bien décider de passer à autre chose lui aussi. Tous les hommes étaient les mêmes à ce niveau-là, tôt ou tard, ils se lassaient et allaient chercher autre chose ailleurs. Linc l'homme marié en était-il pas la preuve la plus flagrante après tout ? Car aux yeux de la jeune femme, s'il allait voir ailleurs c'était que la passion s'était depuis longtemps éteinte dans son mariage, elle ne voyait pas d'autres explications possible.

Il se fait tard... Et si je rentrais plutôt chez moi ?, demanda-t-elle avec un air faussement ingénue.

Non parce que s'il voulait à ce point l'emmener dans un hôtel, il allait falloir qu'il bataille un peu plus que cela quand même. Elle ne l'avait pas chauffer pendant des semaines pour céder aussi facilement à sa demande.

Et puis, quand tu aura eu ce que tu veux, tu disparaîtra et je ne te verrai plus... C'est toujours comme ça, ajouta-t-elle en haussant des épaules. Ce n'était pas comme si elle était attachée à lui et craignait de le perdre mais c'était juste qu'elle regretterait leur petit jeu des plus excitant. Ils n'étaient pas nombreux les hommes avec qui elle pouvait s'amuser à cela sans qu'ils ne deviennent violent ou qu'ils ne veuillent tout à coup l'épouser. Elle était plus que bien placée que certains étaient près à n'importe quel extrême en croyant pouvoir ainsi l'avoir uniquement pour eux à jamais. Il n'y avait qu'à demander à un certain libraire enfermé à Azkaban.  

Valandra hésitait. L'idée de finir la nuit avec un homme lui plaisait bien, surtout après l'affront que venait de lui faire Ezéchiel. Mais avec Lincoln, cela signifiait lui concéder la victoire. Et Linc visa d'ailleurs juste en lui disant qu'elle aurait bien plus avec lui qu'avec son fiancé. Et pour cause, Ezéchiel avait décidé de ne plus la toucher, de devenir un homme fidèle ! La bonne blague ! Si Ezéchiel voulait y croire, grand bien lui fasse mais Valandra ne lui donnait pas 6 mois avant de se lasser et de revenir vers elle la queue entre les jambes.

Mais ça, Linc n'en savait rien. Comme tout le monde, il voyait en Valandra et Ezéchiel un véritable couple sur le point de se marier. Donc... Il était juste incroyablement arrogant en prétendant être meilleur amant qu'Ezé.

Quand il lui dit être un amant fidèle, Valandra s'esclaffa. Qu'il aille donc dire ça à son épouse ! Mais elle s'abstint de lui faire connaître sa pensée. A la place, elle lui fit part de la seconde chose qui lui vînt à l'esprit.

Je t'en prie, on croirait une pub d'adoption pour un labrador !

Et puis Valandra ne cherchait pas un amant fidèle après tout. Pour cela, elle avait eu Ezéchiel et elle ne voulait qu'Ezéchiel dans ce rôle. Sauf que lui, il n'en voulait plus de ce rôle. A cette simple pensée, Valandra sentit la colère monter à nouveau en elle. Comment pouvait-il seulement lui faire une chose pareille ?

Comme pour évacuer sa colère, et ayant à peine entendu la dernière phrase de Lincoln, elle attrapa se dernier par le col pour le tirer d'un coup sec vers elle et elle l'embrassa avec fougue, se collant à lui. Elle regrettait de ne pas avoir le risque qu'Ezéchiel se pointe au même moment pour les surprendre. Il ne voulait plus d'elle, certes, mais ce n'était pas le cas de tous. Valandra ignorait s'il aurait été jaloux mais elle aimait à le croire. Bien sûr que leur fiançailles n'étaient que fictive mais ils avaient quand même été amants et ils l'étaient encore il y a très peu. Et du jour au lendemain, c'était fini !

Tu sais quoi ? D'accord ! Allons-y, je te suis, lui annonça-t-elle tout à coup en le relâchant et avant même de lui laisser le temps de réagir, elle quitta la banquette et se dirigea vers la sortie de sa démarche féline qui fit se retourner quelques têtes, dont celle du fameux serveur en admiration devant sa robe moulante.

Une fois dehors, elle attendit tranquillement Lincoln. La nuit était fraîche mais sa cape était chaude.

Tu as un hôtel en particulier où tu aime aller ? Et n'espère même pas m'emmener dans ce trou à rats qu'est le Loup-garou Hanté. Je veux même pas imaginé la quantité de maladies que l'on peut attraper là-bas rien qu'en touchant la poignée de la porte.

Valandra voulait bien ne pas être trop regardante mais quand même, elle avait ses limites. Elle était même prête à payer la chambre lui-même s'il n'y avait que cela.