Le coupable est celui à qui le crime profite. ”
   Alek & Liam
6 mars
   
   

   

Immobile, Aleksanteri gardait les bras croisés sans quitter du regard la scène qui se présentait à ses yeux.

La nuit était tombée depuis des heures et une petite pluie ne cessait de tomber, collant les boucles blondes sur son front. Autour de lui, les agents demandaient aux quelques curieux étant sortit de leurs lits à une heure aussi tardive de rester en arrière. Alek n'y prêtait pas attention. Les curieux avaient toujours eu le don de l'agacer alors il préférait s'arranger pour les ignorer, tout simplement. À la place, il se concentrait sur ce qu'il y avait devant lui. La vitrine de la petite boulangerie nichée dans une ruelle à l'écart de l'épicentre du Chemin de Traverse avait été brisée mais c'était surtout l'inscription peinte sur le mur à côté de la porte qui retenait son attention : « Sang-de-bourbe ».

Le racisme entre sorciers depuis plusieurs générations et sorciers d'origines moldues commençait depuis peu à se faire voir. Un conflit qui grondait depuis l'arrivée des nouvelles lois et dont Alek craignait qu'il ne finisse par clairement éclater. Les journaux parleraient sans doute le lendemain d'un fait isolé, d'un tragique incident mais sous la pression du Ministère, il y avait fort à parier que toute la partie conflictuelle de ce drame serait passé sous silence pour « ne pas faire peur inutilement à la population ».

Après avoir longuement observé l’extérieur de la boutique, Alek se décida enfin à entrer. La porte franchie, il fit signe aux agents présents de s'en aller. La dernière chose qu'il voulait était d'avoir des récolteurs de preuves dans les pattes dans l'immédiat. Il voulait s'imprégner de la scène sans être dérangé. Il ne prêta pas attention aux petits regards en coin que lui adressait certains. Alek avait parfaitement conscience de ce qu'il se disait dans son dos. Il n'ignorait surtout rien du fait que certains n'hésitaient pas à dire qu'une créature n'avait rien à faire parmi les aurors, occultant que le père d'Alek était un sorcier.

Une fois dans le laboratoire de la petite boulangerie, Alek contourna le grand plan de travail et s'arrêta devant le cadavre.

Le boulanger gisait à terre. Il portait encore son tablier et de la farine était éparpillée un peu partout. De toutes évidences, il était en plein travail lorsqu'il avait été attaqué.

D'un geste machinal, Aleksanteri passa une main dans ses cheveux pour repousser en arrière les mèches collées à son front puis il s'accroupit. Délicatement, du bout de sa baguette, il dégagea les court cheveux que le boulanger, coucher sur le ventre, avait devant les yeux.

Son regard était grand ouvert, sa bouche entrouverte comme s'il voulait crier quelque chose. Il avait clairement été prit par surprise et de manière particulièrement lâche à en croire la marque qui s'étendait sur le dos de sa veste de boulanger.

Avada kedavra..., murmura Alek en suivant les contours de la marque du bout de sa baguette. Ce n'était pas qu'un simple acte de vandalisme ayant mal tourné, il fallait un niveau de magie élevé pour parvenir à lancer ce sort.

Alek fut alors sorti de ses pensées par l'un des agents de la justice magique venu lui annoncée l'arrivée de Procureur.
   

© ACIDBRAIN

   

Le coupable est celui à qui le crime profite. ”
   Alek & Liam
6 mars
   
   

   

Quand on lui avait annoncé l'arrivée du procureur, Alek n'avait pas bougé, restant accroupit à-côté du cadavre du boulanger. Ainsi, quand il entendit une voix se présenter, Aleksanteri se contenta de juste relever la tête vers lui avant d'observer un instant la main tendue en fronçant des sourcils mais sans faire un geste pour s'en saisir. Dans cette position, il lui faudrait se relever pour pouvoir la serrer et il n'était clairement pas décidé à se redresser.

Alek Blake, Auror, se présenta-t-il vaguement. Il avait prit l'habitude de se présenter le plus souvent sous son diminutif histoire de gagner du temps. Et celui lui évitait généralement les questions sur les origines de son prénom qui « sonne si exotique ».

Après un dernier regard au boulanger, Alek se redressa en regardant autour de lui tout en repoussant d'un nouveau geste de la main ses cheveux humide qui lui retombait devant les yeux.

Il n'y avait pas de signe de luttes dans le laboratoire. Le boulanger avait été prit par surprise et avait renversé la farine en s'écroulant à terre. Il n'y avait pas d'empreintes de pas dans la farine ce qui signifiait que le ou les agresseurs s'étaient tenu en tout cas à un mètre. Restant vers le cadavre, Alek tourna la tête pour voir à quoi est-ce qu'il tournait le dos. L'entrée de laboratoire, donnant sur la partie boutique. Par là-même où le meurtrier s'était introduit à en croire la vitrine brisée.

Et une fois de plus, il fut coupé dans le cours de ses pensées par le Procureur cette fois-ci. Il n'y avait donc pas moyen d'avoir la paix 5 minutes pour qu'il puisse faire son boulot ?

Suis là depuis 3 minutes..., répondit-il en tournant son regard vers Liam. Un regard signifiant plutôt clairement, « qu'est-ce que tu fous encore là toi d'ailleurs ? ». Mais j'imagine que le Sang-de-bourbe tagué sur la façade est une piste..., ajouta-t-il avec sarcasme.

S'il y avait bien une chose qu'Alek n'aimait pas, c'était d'avoir quelqu'un sur son dos quand il tentait de travailler. Autant dire qu'il en avait agacé plus d'un durant sa formation durant laquelle il avait été forcé d'être encadré par des aurors déjà expérimentés.

Sans rien ajouter, Alek toissa une nouvelle fois le Procureur du regard et quitta le laboratoire pour retourner dans la partie boutique. Il faisait vraiment très sombre dans la pièce. Contrairement au laboratoire où les lumières étaient allumées, sans nul doute par le boulanger en plein travail, la boutique, elle, était plongée dans le noir ou presque. Seuls les lampadaires extérieurs éclairaient vaguement le mobilier grâce à la vitrine.

Alek contourna le comptoir et, sa baguette toujours en main, lança un lumos en se rapprochant de la caisse. Il était évident que cette dernière avait été fracturée et le tiroir était totalement vide.

Peut-être un vol qui a mal tourné, dit-il à haute voix pour se faire entendre du Procureur restait il ne savait pas où vu qu'il n'avait pas prit la peine de vérifier s'il le suivait. Ou un meurtre maquillé en vol ayant mal finit...
   

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Alek n'avait pas vraiment eu conscience de son impolitesse. Il était penché sur un cadavre qu'il regardait, il n'avait pas voulu se relever pour se rebaisser. Mais il était vrai qu'il aurait pu faire un effort. C'était ce genre de comportement qui lui valait autant d'ennuis, notamment avec sa hiérarchie. De plus, il détestait serrer les mains en fait. Plus exactement, c'était les contactes physiques en général qui n'étaient pas son truc, à un type de contact près bien sûr. Mais sinon ça, c'était vraiment pas son truc. Il serrait pas les mains, il ne faisait pas la bise et il ne fallait même pas lui parler de câlins ou d'accolades. Dès que quelqu'un lui arrivait dessus pour le prendre dans ses bras, il se raidissait instantanément.

Ainsi, cela n'était absolument pas diriger contre le Procureur spécialement. C'était juste Alek qui était ainsi.

Alors qu'il observait la fameuse caisse fracturée, il écouta le commentaire de Rosenbow et se tourna vaguement vers lui tout en repoussant une nouvelle fois ses cheveux.

Suis payé pour ça, répondit-il de ce ton si glacial qui était le sien. Là encore, ce n'était pourtant pas tourné vers le Procureur. En fait, c'était rarement tourné vers ses interlocuteurs. Le seul problèmes étaient que ses interlocuteurs ne le savaient généralement pas et donc, le prenaient bel et bien pour eux.

Mais son froncement de sourcils et son air glacial en revanche furent bel et bien adressés à Rosenbow. Ça voulait dire quoi cette question ? Qu'il estimait qu'il faisait son boulot comme un débutant ? Il était qui pour juger du boulot des aurors pour commencer ? Alek détestait que l'on puisse mettre ses compétences en doutes et du coup, il se l'imaginait même quand ce n'était pas le cas. Mais combien de fois à Poudlard avait-il dû lutter face à ses camarades mais aussi face à certains professeurs pour prouver qu'il avait bien sa place parmi eux ?

Ma première en solo, finit-il par répondre un peu laconiquement. Après tout, il avait déjà eu des enquêtes dans sa formation. Il en avait même mené lui-même dans les derniers mois même s'il était resté sous la supervision de son responsable de formation.

Ce fut le moment que choisit le photographe pour revenir avec les photos de la devanture qu'il tendit à Aleksanteri avant de partir continuer sur sa lancée en allant photographier le cadavre. Toujours à la lumière de sa baguette, Alek observait les mots sang-de-bourbe qui s'étalaient sur les photos.

Paskiainen..., mumura-t-il sans chercher à contenir la colère qui tendait sa mâchoire carrée. Je supporte pas ce genre de chose...

Comment pouvait-on s'estimer supérieur à un autre humain sous le seul prétexte que l'on avait plus de sorciers dans son arbre généalogique qu'un autre ? Alek était déjà agacé par ceux qui le prenaient de haut à cause de ses origines mais d'un côté, il n'était effectivement pas complètement humain. Mais dans le cas des sorciers, ils l'étaient tous, humains ! En fait, quand il voyait ça, il n'était plus aussi sûr de vouloir apaprtenir au moins pour moitié à l'espèce humaine.

   

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6 mars
   
   

   

Alek ne comprenait pas. La curiosité, il comprenait lui-même était très curieux mais pourquoi est-ce que le procureur était curieux de lui au lieu du crime ? Enfin, il avait une vague idée de la question. Il n'y avait pas encore si longtemps il avait essuyé une attaque à coups de parapluie d'une vieille grand-mère qui refusait de croire qu'il était un auror venu lui poser des questions au sujet de ses voisins, persuadée qu'il était « un de ses jeunes voyous venu la dévaliser ». Il était vrai qu'il pouvait faire un effort mais le règlement ne stipulait rien concernant l'apparence et les tenues de travail alors...

Oubliant un instant le Procureur, Alek se concentra sur les photographies. Il n'y avait rien sur les photos qui puissent l'aider ou tout du moins pas ainsi à première vue. Mais alors qu'il était concentré, il se sentit littéralement sécher sur place. Étonné, il redressa la tête, arqua un sourcil et se tourna vers le Procureur qui avait un air presque innocent. Décidément, il n'était pas possible celui-là. Non pas que cela dérangeait Alek d'être sec mais quand même, on l'avait pas séché sur place sans rien lui demander depuis qu'il avait l'âge de 6 ans. Doucement, il se tourna vers Rosenbow en le regardant comme il aurait regardé un môme.

Vous vous sentez mieux, c'est bon ?, demanda-t-il sur son habituel ton glacial mais, toutefois, un léger petit sourire étirait un coin de ses lèvres alors qu'il secouait la tête en levant les yeux au plafond tout en riant silencieusement et en se concentrant à nouveau sur son travail.

Laissant le Procureur/sèche-auror, Alek retourna vers l'entrée. Les vitrines avaient été brisées de l'extérieur et il devait faire attention à ne pas marcher sur les débris de verres. Il en était de même des vitres de la porte qui comportait 3 carrés. Ça faisait beaucoup de vitres brisées pour un vol. Alek fit alors un tour sur lui même. Hormis la caisse fracturée, rien ne semblait avoir été vandalisé. Pourtant si le but avait été de faire des dégâts à en croire toutes les vitres détruites alors le ou les agresseurs auraient dû aussi s'en prendre au mobilier et aux vitrines intérieure. Et pourtant à l'intérieur tout était normal. Enfin si on oubliait la caisse fracturée et le mort dans le laboratoire bien sûr. Alek jeta alors un coup d'oeil dehors et repéra un détail. Il y avait des éclats de verres dehors. Très peu et cela ne voulait pas forcément dire quelque chose. Les verres auraient pu tomber ainsi tout à fait normalement. Ou alors quelqu'un à l'intérieur aurait cassé un des premiers  carreau de la porte avant de réaliser son erreur et de sortir pour casser les autres.

Tout en réfléchissant, il se dirigea vers le Procureur.

Dites, vous savez s'il avait des employés ?

Alek le savait marié, il devait d'ailleurs aller interroger sa femme mais pour le reste. À dire vrai c'était la première fois qu'il mettait les pieds dans cette boulangerie. Il ne savait même pas qu'elle existait encore cet après-midi.

   

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Même si le geste du procureur l'avait franchement surprit, Alek devait avouer que c'était quand même en effet plus agréable d'être sec pour travailler et il s'en voulait presque de ne pas y avoir pensé de lui-même bien plus tôt. Par exemple en arrivant... Mais il ne comptait pas aller jusqu'à l'avouer à l'étrange Procureur. Parce que oui, pour Alek il fallait quand même être un peu étrange pour sécher en douce un adule que l'on connaissait pas. Gentil, certes, mais bizarre. Mais bon, Alek n'était plus à ça près et avait décidé de mettre ça sur le compte de la fatigue ou d'un côté aux pulsions un peu maniaque de la part de son interlocuteur.

Et puis, dans le fond, aussi étrange soit-il, il lui était plutôt sympathique dans le fond ce Procureur.

Ainsi donc il avait une vendeuse. Ressortant son calepin, Alek prit rapidement note de cela avant de le ranger.

C'est peut-être moi qui suis parano mais je sais pas... y a un truc qui coince. J'ai comme l'impression que tout ce bordel est juste une mise en scène pour faire dévier les soupçons pour le meurtre...

Aleksanteri ne pouvait pas en jurer et peut-être bien qu'il faisait fausse route mais le fait que rien ne soit dérangé dans la boutique en dehors de la caisse qui avait été forcée le laissait songeur. Si le but avait été d'emmerder un sang-de-bourbe et que cela avait mal tourné en découvrant que le boulanger était là, tout aurait dû être saccagé. Et pourquoi un voleur se serait-il amusé à exploser toutes les vitres et à laisser ce mot sur la façade ?

Vous pourriez regarder si la victime a déjà fait l’objet de plaintes ? Ou si elle en a déjà déposé ?

Alek aurait pu le faire mais pour les aurors, cela signifiait des formulaires à remplir à n'en plus finir juste pour recevoir un bout de parchemin. La démarche était beaucoup plus simple pour les Procureurs notamment. Et s'il pouvait s'éviter des heures de démarches administratives, cela lui convenait aussi.

Réalisant qu'il avait oublié un petit détail qu'il avait tendance à toujours oublier mais qui avait tout de même sa petite importance, Alek ajouta après 2 bonnes secondes.

S'il-vous-plait

Voilà, c'était ajouté, la profonde politesse anglo-saxonne était sauve ! Ce n'était pas qu'Alek avait été mal élevé ou quoi que ce soit. C'était juste que la courtoisie à outrance avait vite tendance à lui passer pardessus. Et comme en plus il avait cette tendance à économiser ses mots malgré lui, les tournures de politesses passaient plus souvent qu'à leur tour à la trappe.

Si vous trouvez un truc, faites le déposer à mon bureau. Je vais aller commencer la tournée des voisins. Quelqu'un à bien dû entendre au moins les vitres exploser quand même...

A la simple idée de commencer, Alek gonfla ses joues puis souffla l'air. Les premières questions aux témoins direct était sûrement une des choses les plus casses-pieds. Et pour cause, beaucoup étaient tellement excités d'être « témoins » qu'ils étaient prêts à raconter absolument n'importe quoi. Et il fallait ajouter à cela toutes les commères qui n'hésitaient pas à y aller de leur avis et de leurs suspects. À croire que les sorciers n'avaient aucune idée de ce que pouvait être un témoignage clair et neutre.

Je vous ferais parvenir le premier rapport préliminaire d'ici la fin de la journée, ajouta Alek en jetant un dernier coup d'oeil à Rosenbow.

   

© ACIDBRAIN